Perspective.Univers

Ebauche

J'ai des mots qui s'éparpillent et des clochettes autour du cou. Dehors, la guirlande scintille et met en lumière ses pleurs. Le vent tape sur les vitres, s'infiltre dans ma chambranle brisée. Il y a comme un trou dans le mur, au niveau de mes pieds. J'ai froid. J'aimerai avoir le temps de rien. J'aimerai avoir le temps juste suffisant pour travailler et me répandre dans mes notes, mes prises de notes, mes résumés de notes, mes copies de notes, mes brouillons de notes. Me perdre dans mes stabilos, mes crayons multicolors, mes flèches et mes fous rires immunologiques. Continuer à m'émerveiller continuellement de la forme cellulaire de la vie. La grâce et l'ingéniosité de ces petites bases de notre être s'apparentent à de la magie folle. A de la folie douce. çà s'imbrique. C'est clair, c'est simple. çà ne demande rien de plus qu'à être appris. Des mois, des années que je n'avais pas eu soif d'apprendre comme çà. Des mois, des années que je prenais comme corvée, une chance d'être cultivée. Des mois, des années que je dormais sous des couches de crasses, de douleurs aigues, de vides intersidérals et de trous noirs dévastateurs. Des mois et des années. Et maintenant, maintenant, la concentration s'enfuit. L'ennui prend place. Tout n'est pas à sa place, tout n'est pas correctement agencé. Je n'y arrive pas. Je ne désespère pas. Seulement, me voilà à vous parler de mes cours. Pendant que le mot Mensonges et le mot Incompréhension tourbillonnent lentement devant mes yeux. Les temps ont changé. La distance a fait son oeuvre et je crois que vraiment, vraiment il est vain de continuer. Des mois et des années que je trainais les jours, les réveils et les couchers comme des boulets.
Et pourtant, c'est inévitable, çà finit par vous tomber sur la gueule à un moment..

Extrait d'un Quotidien, le Jeudi 16 décembre 2010 à 20:29.

J'écrirais bien des mots qui rouleront sur la langue. çà oui, pendant un temps, je parlais espagnol. Tout le temps, pour tout, pour rien. Pour rire surtout. Trouver les "r" qui roulent convenablement sans s'étouffer dans la gorge, çà m'a pris du temps. Mais je parlais espagnol et les mots roulaient sur ma langue. Comme des bonbons. Il restait quatre petits M&M's se battant en double dans le paquet. Ils sont pas restés longtemps. Un paquet jaune pétard sur le brun brut d'une table high tech. çà fait tâche. çà fait envie. çà fait moi. J'ai fait des crêpes aussi. Fini un cours sur l'immunologie des cellules. Pesté contre mon incapacité à faire les choses en temps et en heures. Arrosé mon petit arbre. Lu mon petit être. Répondu à des mails. Ai tenté avec force de ne pas arracher la tête de ma mère alors que l'on mangeait en face l'une de l'autre. Me suis rappelé de papiers à écrire. Ai pesté une nouvelle fois contre mon manque chronique ( voire continuel ) d'organisation. Ai eu envie de tout foutre en l'air. Envoyé valser et dire " allez, basta. J'ai mal, vous me faites mourir alors que je meurs déjà bien toute seule. je m'en vais ". Ai envie de dire que je me sens superbement bien d'un coup. Ai envie d'être prise en photo. Nue. Oh oui, aimerai beaucoup d'un coup. Ai peur de cet été. Ai peur de beaucoup de choses. Ai réalisé que la boule au ventre, c'est le stress et que ce stress ne s'en va pas. Ai réalisé que j'étais mal barré. Ai brusquement senti que j'étais dans mon élément. Arrive pas à écrire. Le clavier fait trop de bruit. Dame Mère qui peste pour sa dame de Pique. Ai encore retenu de tirer trop fort les couteaux. Ai envie de me tirer. çà oui. Ai envie d'exploser et de faire la liste des choses à dire et à ne pas faire. Ai réalisé aussi que j'étais fatiguée. Ai réalisé que je m'inquiétais. Ai réalisé que je m'en foutais. Barré, gribouillé et te supplier à genoux d'arrêter. Ai réalisé que c'était ma fin. Qu'il fallait que ce soit moi qui le dise et moi qui le fasse. Une fin à soi, il ne faut pas se la faire bâcler par des inconnus connus qui ne vous connaissent plus. Ai réalisé que je ne comprenais pas pourquoi. Ai réalisé que je lui servais surement de repose-pieds rassurant. " Y'a toujours pire " et ai réalisé que j'étais peut être ce pire. Fichtre.

Ai réalisé que ne rien valoir à ses yeux
ne voulait pas dire
ne rien valoir aux yeux de tous.

Extrait d'un Quotidien, le Jeudi 16 décembre 2010 à 15:48.

Ma soeur marche sur les voies. Mon ventre est enflé. La situation de crise ne désenfle pas. Je suis trop dure avec Eux. Ils ne le méritent pas. Je suis malade aussi. J'entame mes vacances de révisions, la boule au ventre. Le mensonge était là. Jusqu'au 7 Janvier, je serai une fille contractée, horriblement chiante. Et brutale. Je serai brutale et je vous malmènerai encore. Ce n'est pas de la culpabilité. C'est une déception. Celle de voir que finalement, on est jamais en osmose. Que j'ai toujours les mots pourris quand tu essaies de mettre des mots sur des trucs très dur à dire. Je réalise la difficulté des phrases à la relecture post guerrilla. Impulsive et agressive. Le cocktail détonnant qu'à contrario de l'année dernière, j'essaie désespérément de bloquer. Et, des fois, çà part plus vite que d'autres.

Pardon pour ce bleu que je vois dans ton silence.

Extrait d'un Quotidien, le Jeudi 16 décembre 2010 à 8:47.

C'est un cahier avec des fleurs oranges et multicolores sur une couverture noire en carton. C'est un cahier dans lequel j'ai écrit pendant mes voyages en train. Parce qu'en général, j'ai un besoin viscéral d'écrire la vie dans ces moments là. Elle est toujours là. Pas loin. Hier, j'étais fragile. Je me suis installée dans un coin et en fouillant dans mon sac, ma bague de fiançailles a cogné contre les anneaux en plastique noir. Je l'ai sorti et j'ai lu. Et depuis hier, je me dis qu'il faut, aussi, que je fasse une catégorie Dans le Train. Pour le moment, je vous mettrai juste les mots et les dates et puis, je verrai ensuite si une mise en page viendra ou pas surenchérir sur ces mots tellement.. épais.

Un jour d'achat,


Autre carnet que je laisserai dans mon sac. Six euros un aussi joli cahier, çà n'est pas permis. Et pourtant...

Jour à date inconnue,

J'aime les gens. La douleur. La bêtise. La tronche qu'ils tirent. J'étais morte de rire dans mon écharpe. Le monde va je sais pas comment. Mal, je crois. Et, pour le moment, je suis juste bien. je sais pas combien çà va durer. Mais pour le moment, çà va.
La dame, là, elle est en train de se dire " Mon dieu! Quel horrible profil ". çà se voit dans son regard retors qui se baisse à chaque fois que je me tourne vers elle. Quand les gens mentent ou se sentent coupables, ils baissent les yeux. Ou qu'ils ressentent un truc. Gêne, intérêt. 
Y'a ce couple dans la vitre. Cet homme qui me fixait sur le quais d'en face. Il était magnifique. Beau, beau, beau. Nos regards se sont croisés juste avant qu'il ne soit caché par le train. J'ai souri. Il était beau. Il était bien. Et je lui avais accroché les pupilles. Javel, maintenant.
J'ai mangé avec C.. Le serveur était immense. Il m'a entendu quand j'ai fait " faut décaler la table sinon, je ne sortirai jamais ". Il en a décalé deux. Je me suis sentie débile sur le coup. Comme d'hab. Moi et mon à propos, mon expressivité et mon rire puissance mille. Les immeubles, çà fait des mosaïques de couleurs. Des cubes de lumière chaude.
Quel confort, ces écouteurs. Boulevard Victor. Une blonde sur les sièges. Jolie. J'en reviens pas d'hier. De ce mec avalé par le train. L'oeillade d'adieu, fallait le faire. Et c'était trop bête. Et ce sosie de M. à qui j'ai souri. Lol. Faut que j'arrête. 
Je ne sais pas comment çà marche. il pose tellement de quetion à la vie. C'est.. compréhensible au final. Totalement. Je me pose les mêmes questions pour, au final, n'arriver à rien. Comment un couple se forme .

Rdv 9 & 16/02 => CMP
=> Annulés.

Comment font les handicapés mentaux pour être heureux ? Le sont-ils ? Se savent-ils différents ? Imagine s'ils s'en rendent compte ? Et les vieux, ils n'ont pas toujours été vieux. Ils ont eu mon âge. Comment font-ils pour supporter leur état ? Cette diminution des capacités ? D'un coup, j'ai peur de la vieillesse. Avec une envie incroyable de profiter de toutes les possibilités que m'offrent mon âge, ma situation, etc..
Mais, comment faire ? ...

Le 04/02/10

Je me sens pas bien.
J'ai des crampes. Et mal, vraiment vraiment mal en sourdine. 
J'ai pas envie d'y aller. Je vais chercher à acheter du Rescue. Je sais pas ce dont j'ai envie en fait.
..
J'ai acheté le Rescue.
Nan, vraiment, impasse. Le noir total.
 

Le 05/02/10


Ce clochard pue.

J'angoisse. J'angoisse. Mais j'angoisse. C'est quelque chose. J'ai peur. je suis contractée de partout et j'ai peur. C'est viscéral, j'arrive pas à trouver de cause. La fac, peut être. Ou parce que j'ai mes chaussures bleues. Je sais pas, j'ai peur. Un mauvais pressentiment miteux. Je suis super tendue. Et y'a cet homme là bas. Il est beau. Ouais, c'est pas "mignon". C'est "beau". Mignon, c'est plus valable maintenant. Sauf pour des propos. Merde, il lit peut être dans mes pensées. Je le vois me guetter du coin de l'œil. Je suis si peu discrète. Tant pis.
Javel, c'est bientôt.
J'ai peur. Pouah, c'est affreux.
..
J'avais raison. Encore interpellée par une bande de gars. A la sortie d'une fac. J'allais chercher des cartes pour C. & M..
Il était beau avec ses yeux bleu marine. J'aimerai en avoir un comme çà à mes côtés. Tous les trois, ces copains et lui, ils étaient aussi grands. Je me suis sentie bien. Un instant. J'ai traversé un voile de sécurité en passant au milieu d'eux. Quelques micro secondes.
Un couple avec Elle, une rose à la main.
Tu crois que je fais partie des filles à abattre maintenant ?

12/02/10

Ecrire de traviole. Avoir des cernes. Dormir dans le silence. Crier au silence. Manger sur le pouce. Avoir des projets. Ne pas en avoir. Rêver d'impasses. Rêver d'interdits à chaque intersection. Vouloir l'empêcher de marcher. Vouloir qu'il sourit. Vouloir tout s'effacer. Le voir. Pleur pour rien. Mettre des mitaines. Donner envie à des filles. Vouloir un Ami. Faire l'amour. Un bébé. Faire un bisou sur l'arête de la mâchoire. Mettre des mots sur ce qui se trame au fond. Avoir mal à l'oeil droit à cause de la lentille. Recevoir un texto. Ne rien recevoir. Avoir les mains sèches. Avoir envie d'envies. N'avoir envie de rien. Penser à mal. Oser espérer. Parler avec des mots. Faire un câlin pour de vrai. Passer une nuit à raconter nos vies. Prendre le train. ...


Le 24/02/10

çà se bouscule. Et pour le moment, les mots sont impuissants à soulager ce qui s'agite en dedans.

En fait, je suis totalement libre. C'est impressionnant de le réaliser. J'ai des cours, une famille, une chambre, des amis, mais je suis libre de toute obligation sinon morale. Un colocation à l'autre bout du monde ? Mon diplôme future ne va pas me servir à grand chose. Travailler en étudiant la biologie sous marine, tu y crois toi ?

Le 01/03/10


Putain mais quel temps.. c'est abusé! J'ai la gueule ravage. Everything de Lifehouse. Dans le train pour une heure trente de cours. J'ai l'impression que tout est voué à l'échec. L'impression récurrente que je ne serai jamais heureuse. La société évolue par cycles. Toujours les mêmes. çà reste super tendu de mettre des mots sur les trucs qui s'agitent. Besoin d'adrénaline. Je suis fatiguée. Lassée par tout cet amas de non sens. Des lol blessants. Des décalages. Des ouvertures fermées. Des envies de liberté approximatives. Lol. Encore un cinéma de fou. Qui continue. S'enchaine. Se noie. Qui mord à petits pas sur une réalité qui se délite. Y'a in pigeon qui me tourne autour. Un mec qui marche, les yeux au sol. L'silence pour toute réponse. Encore et toujours.

Le 04/03/10

Cette fille me gave derrière. Elle parle trop fort d'un colis reçu. Beuharg. Ce mot me poursuit. çà fait trois jours qu'il fait soleil. Et là, on a l'accordéon et les emmerdes qui vont avec. Descendre à Javel ou Saint Michel ? Marcher ou se cloîtrer dans le métro ? [ .. ] Que des détails qui vont foutre en l'air une machine déjà grippée par l'ennui. Pic de vie sociale hier. C'était marrant.
J'ai trop mal aux yeux avec le soleil, les gouttes et les lentilles. J'ai pas écrit aux filles. Y'a une dame enceinte qui a super chaud près de moi.

Le 05/03/10

Le vide. La jalousie d'une fille proche. La jalousie d'une fille qui devient un peu derrière. La jalousie de voir l'Autre ouvrir les yeux. De réaliser ce qu'elle a acquis pour elle... Moi ? Moi, j'ai essayé et j'ai foiré. L'attaque des Clones. Le vide qui mange. Le noir qui avale. La place qu'on cède. Je suis fatiguée. Et pas forcément fatiguée. Juste ridicule. J'ai envie de rester dans ce train. J'ai les poignets fatigués et abimés aussi. Je suis grosse aussi. Le ventre abimé. Manquerait plus que je sois malade. Bref. On voit rien pour le futur autant qu'on ne voit rien par la fenêtre. Acheter un sac de couchage. Faire du sport à outrance. Diminuer les quantités. Faire une croix et surligner carrément. Dire oui en pensant Non de manière compacte.
Vulgaire. Choquant. Désespérant.

" Je rentre dans 10 minutes. Je t'aiime ". Pouah, je peux presque imaginer son texto. De toute manière c'est bien simple. Tout le monde peut trouver quelqu'un. De la plus belle à la plus laide, du plus moche jusqu'au plus beau. Toutes sauf moi, faut croire. Ah Ah.
Bon allez, station dans une. Alors au boulot. Je dois travailler mon ridicule et j'écris super mal..

Le 09/03/10

Je suis vulgaire. Masculine. J'ai failli me vautrer dans le couloir. Je ne sais pas marcher avec ces talons. Que du paraître. Que de l'apparence. çà merdouille. Cash :  çà prend l'eau.

Le 11/03/10

Le virage à petits pas précipités. On aurait dit Carry Bradshow! Sensationnel. Le ridicule NE-TUE-PAS. Rions.

Y'avait cette gosse dans le jardin d'enfants. Y'avait la future maman sur le quai. Y'avait.. y'avait cette journée. Le regard de Lauriane quand j'ai salué toutes les personnes du TD. Y'avait la discussion, le mail. La trahison pour Camille. Ce TP à discuter. Gauche droite. Me planter sur le Parc des Princes. Le situer sur la ligne 13 quand il est dans le 16e.. J'ai aimé.
J'ai aimé cette gosse sur le quai. J'ai aimé le regard insistant de cette fille. J'ai aimé mes cheveux quand je les ai détaché dans la rue. J'ai aimé croiser le regard de cette petite fille quand elle m'a doublé tenant la main de sa mère. Son petit sourire et .. je sais pas, comme une petite lueur d'envie et d'admiration. Un truc de petite fille. J'ai aimé le regard rieur de ce gars qui m'a regardé par dessus l'épaule de la fille. Juste les yeux qui pétillent. C'était.. magnifique ? Je crois. J'ai aimé mon fou rire sur le quai. Les lèvres écrasées et le sourire tout de traviole. J'ai aimé le regard de cet autre. Dommage que je sois comme je suis. Parce que les sourires débordent de mes lèvres. Putain, faut que je vive. J'ai peur que cette soirée soit horrible pour rire autant. Contre balancer le contre coup. Balancer le coup, donc. Bon, allez, faut que j'arrête.

Le 29/03/10

[ J'ai parlé de Marion. Deux pages de mots crus et terribles. Parce qu'il fallait les enlever de ma tête. Je ne recopierai pas. ]

Le 15/07/10

Il ne voulait pas se laisser embrasser. Je l'ai fait pourtant. Sur la veine qui pulse sous la machoire. Un caresse des lèvres. Une sensation qui m'a malmenée. Trop forte. Je hais cette vie de songes. Ces rêves. Tout.

Le 11/08/10

Et puis je m'en suis souvenue. En lisant à mots demis. Des ébauches et pas forcément des idées.

Le 27/10/10


Je réfléchis sur l'oubli. Je réfléchis sur si c'est normal. Je pense que je vais partir. Quitter cette plateforme. Il y a des hasards qui dirigent la vie. Tout n'est qu'une succession d'échecs. Non. De hasards. Je me dis qu'on s'est quitté. Alors qu'on s'entendait bien. Il a rayé d'un trait.
J'ai peur de pleurer la semaine prochaine. De me sentir vide. De perdre tout mon bel équilibre instable. Une semaine et déjà, je vacille. Ce n'est plus vivable. C'est quoi la vérité ?
Cet arrêt de la tête, ce presque " Je suis bien " ou cette tristesse en Église ? Ce vide affreux tel que je me sens prête à mourir ?
Où s'arrête le mensonge ? Hein, où ?! Je me suis trouvée mais est ce moi ? Je me mens pour le faire vivre à travers moi ? Le garder avec moi. [ .. ]
Quand je l'écris, çà m'étouffe. J'ai pas envie en fait. J'ai envie d'une présence continue. Toujours, tout le temps. Mais non.
Ses musiques, sa voix, son visage. Je t'avais oublié.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 15 décembre 2010 à 19:31.

Et c'est cet amour menteur. Cet amour violent. Cet amour Mépris qui me donne envie de mourir. C'est de les voir, ensemble, malheureux et cons. De les voir tenter de retrouver une sensation, un sentiment. Voir leur corps qui se rapprochent. La violence. Le mépris. Le mensonge. Le vide entre leurs lèvres jointes. Le souffle qui s'est perdu. L'horreur d'un sentiment feint. D'une situation qui a perdu tout sens. D'une situation remise à plus tard par manque de temps. Je les hais d'avoir saccagé ces instants. Je les hais de saccager mes espoirs. Le mensonge, le faux. La stupidité latente de deux êtres aveuglés et pétrifiés par la peur d'un changement.

Extrait d'un Quotidien, le Vendredi 10 décembre 2010 à 16:58.

Des Nouvelles du front :

Il y a bien quinze jolis centimètres sur la rambarde. Cela fait deux heures qu'il neige.
Le bus a failli se foutre en l'air. Il a donc fallu continuer à pieds. Cinq kilomètres en commençant par une montée dans laquelle les gens faisaient demi tour, dans laquelle les voitures, freins bloqués descendaient inexorablement, dans laquelle des carcasses recouvertes clignotaient orange. Bourrasques, tension, colère parfois. Et une ribambelle de piétons, engoncés dans leur manteau, leur bonnet, leur écharpe, leur parapluie qui circulaient au milieu de tout çà. Cinq kilomètres. Pour une fille telle que moi, c'était pas super agréable à envisager. Ajouté au fait que j'avais le ventre vide depuis hier au soir, j'ai réussi à taper quelques sprints pour rentrer plus vite. Car bien évidemment, mourir de froid, j'aurais pu. Puisque mon téléphone portable, indispensable pour ce genre de cas d'urgence, est, bien évidemment, tombé en rade de batterie. J'ai quand même décidé de couper à travers forêt pour aller plus vite. Hésiter à faire du stop. Ai perdu mes Converses dans la bataille. Le bas de mon jean. Mes orteils. Mes mollets. Mes cuisses. Mes doigts. Mes joues. Ah et même mes fesses sont encore aux abonnés absents des sensations.

Mais! il existe des points positifs. Le panorama était juste à couper le souffle. La neige en forêt, une vraie merveille pour les yeux. J'ai rencontré une fille. Je ne connais même pas son prénom mais on a décidé de se retrouver à l'arrêt Mercredi prochain, pour le bus de 12h37. J'ai pu courir un peu. Et plutôt bien malgré l'adhérence quasi nulle. Le sac sur l'épaule, & l'imper gris devenu blanc moutonneux. Et la neige, de toute manière, c'est le bien. C'est bien mieux que la pluie. Alors à choisir, va pour quinze centimètres.

Et une question. Les entreprises de salage ne regardent jamais la météo ? Et moi, y'a un truc que j'aime encore plus. C'est de savoir qu'il fait, par comparaison, des températures tropicales à Lyon. Ville qui, rappellons le, accueillait des snowboarders, des gens à ski, à luges et à MoonBoots sur la place Bellecour, il y a quoi.. une semaine maintenant ? Moi, je dis.. Tous sur les Champs Elysées ! Et vive le dérèglement climatique.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 8 décembre 2010 à 14:38.

Et moi, je poste des bidules et des trucs. Des regards qui m'éclatent sur le pavé. Des gens qui me font rêver. D'autres qui me transpercent. Certains qui me font mal. J'ai toujours les inconnues sur ma feuille. La vérité que je perds. Ma vie ne vaut rien mais je m'échine à trouver le bonheur derrière les flocons et le regard des passants qui sourient. Un travail constant et quotidien. Pour finir par y arriver naturellement. Il y a toujours un Plus. Mais les gens qui ne voient que les Moins, ne peuvent. Ne veulent. Pas voir le Plus qui en découle de tous ces moins. Puisque moins par moins, çà fait plus. Alors quand je ramène ce Plus énorme, qui devrait leur boucher la vue à tous ces gens obnubilés par leurs moins, je me fais jeter. C'est fatiguant. Tendre le bras. Dire " regarde! Regarde! ". Et les voir s'enliser. Tout est fatiguant. On dit que la dépression commence par la fatigue. On dit. Vaudrait mieux arrêter, ouais. Les On, les Nous et les trucs qui commencent par Rien. Ou l'écrire clairement, tiens. Nous, c'est rien. Là, on a le jackpot. " Magnifique ". Je me suis perdue dans ce mot. Je me suis perdue à l'orée d'une vérité qui m'aurait fait un creux immense dans le ventre. Mais j'ai résisté. Encore et encore. Contre cette faiblesse trop facile. Je suis partie. T'as pas vu ? J'ai laissé les clés sur la table de la cuisine. Tous ces mots sont tristes, terriblement tristes. Mais ce ne sont pas vraiment les miens. Ce sont plutôt ceux qui s'écrivent seuls et qui continuent à laver l'intérieur à grande eau. Je trouve pas la sortie. Y'a des chemins. Mais des impasses aussi. Y'a des souffles coupés. Y'a des Magnifiques, et des Mon. Y'a des trucs en trop. Y'a des trucs qui font que le fossé s'élargit. J'ai pris la pelle et j'entaille un peu plus la terre encore. Viens, viens, il faut que je m'éloigne. Alors viens, mais recule. Il faut que je parte, tu comprends. J'ai plus le temps. Ma vie m'attend. Je m'essouffle à rester l'Ancienne. Je m'essouffle à me retenir. Tu peux y croire, çà ? Je m'essouffle. M'affaisse contre ma peur. J'aimerais être libre. Ne dépendre de rien. De personne. Bordel. La liberté, tu vois. La liberté et tous les liens qui se déchirent. La terre est pas assez grande pour permettre quelque chose d'aussi énorme. Faudrait changer de planète. Quand il a posé le pied sur la Lune, le premier. Comment il a fait pour pas tomber ? Comment il a fait pour pas pleurer ? S'écrouler de joie et d'incroyable ? Y'a des premiers pas, partout. Mais je plante fort mes pieds dans le sol. Et je reste en arrière. Ne dépendre de rien ni de personne. Arrêter de souffrir pour rien. Arrêter toutes ces douleurs stupides et inutiles. Arrêter de remplir avec du gravier et du sable! Bordel. Poser les pierres. Les cailloux. Poser et les grimper. L'un puis l'autre puis encore l'autre. Amasser les éléments dans un sac. Tu vois. J'amasse. Je me cogne contre un quotidien tout petit. Et chaque pierre qui s'effrite dans ce quotidien fait voir un bref rayon de soleil derrière. Putain, si tu savais. Le réveil à six heures. Le sommeil qui manque. Le temps qui manque pour manger. Le train bondé. Les malaises. Les têtes grises. Le métro. Sa puanteur. L'odeur des gens. L'odeur des rues. Le gris, partout. Les trottoirs délavés. les boutiques de luxe. Les boutiques de gagne-petits. S'acharner à chercher le joli. lever le nez et capter les verrières et les reflets. Attraper un sourire. Attraper un bisou. Attraper un Je t'aime. Attraper une tête sur une épaule. Attraper la douceur d'une voix. Le pétillement d'un oeil. Attraper des morceaux d'infini dans certains mots. S'asseoir et parler. Sourire grand et se dire combien, merde, je tiens à elle. C'est fou çà. On se connaissait pas avant. En deux ans, on a parcouru un chemin fou. Se concentrer là dessus. Ne pas savoir lui dire. Et puis, rentrer. Avec les touristes le matin. Les gens épuisés le soir. Ceux qui dorment, le manteau lâche et la serviette qui glisse. Ceux qui sont perdus dans leur reflet dans les tunnels. Ceux accrochés à leur téléphone. Pas encore fini. Le silence des journées qui se finissent dans la nuit. Journaux, musique, stylos, déprime. Ils sont crevés ces gens. Ils s'entassent, s'engueulent. S'agressent. S'étouffent. Rêvent d'ailleurs. Se retrouvent pris au piège. J'aspire à tellement autre chose. Si vous saviez. çà se met pas en mots, vous savez. Mais j'ai tellement peur du désenchantement. De cette défaite contre la vie qui pétille. Alors, tant que je peux encore, je tiens une poussette, tiens une porte. Porte une valise. Souris à un bébé qui pleure. Entame une bataille de boules de neige avec trois petits bambins. Prend le caddie. Prend les articles du haut. Renseigne sur les quais. Souris et accompagne cette femme perdue. " Venez, je vais vous montrer " " Oooh, merci. Vous êtes si gentille ". Même pas, madame. Même pas. Juste que çà me fend le cœur autant de détresse. Alors, avec des mots, des gestes et des sourires, juste. Apporter quelques secondes de repos. Viens, arrête toi. Je suis là, je vais encaisser le temps de t'accompagner. Sans penser à après. Juste au moment. Juste là, maintenant. Après, avant. Putain mais qu'est ce qu'on s'en fout. Ne reste que tes yeux qui me supplient de t'aider. Et c'est eux que je ne lâche pas. Jusqu'à ce que le soulagement y arrive.

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 5 décembre 2010 à 15:03.

J'ai des arrêts où il n'y a que des notes dans ma tête. çà sonne et j'oublie tout. Sauf la mélodie.
Le silence est opaque. A trancher au couteau.
Ne reste que la farandole dans mes tympans.
çà me l'a fait ce matin.
J'ai cru que jamais je ne pourrais plus bouger de ce quai.
Que jamais plus je ne pourrais retirer mes écouteurs.
Que jamais plus.

Et y'a tous ces gens.
Tous ces gens.
Tous ces gens.

Qui courent.
Crient.
S'insultent.
S'énervent.

Dans ces moments là, je ne les vois plus.
N'ont plus de voix.
Plus de gestes.
Plus d'impact.

Vivre pour soi est parfois très triste.
Mais parfois aussi, plus rassurant.

Une lettre reçue.
Ecrite.

Rien que pour le plaisir d'ouvrir la boite.
La voir qui dépasse. Un peu jaune.
Un peu étrange.
Une écriture manuscrite turquoise.
Et le soleil t'explose les rétines.

Extrait d'un Quotidien, le Mardi 30 novembre 2010 à 20:41.

Le Verglas, c'est vicieux.
Mais l'espace d'une seconde, tu planes.
çà faisait très longtemps que je n'avais pas perdu le contrôle.
Alors maintenant, j'ai mal aux fesses et j'ai pleuré un bon coup. Mais la sensation. çà faisait longtemps.
Ah et puis ces larmes. Elles ont été incontrôlables. La fatigue, peut être ou alors, juste celles que je retiens tout le temps.
Je ne saurais dire. Mais çà a explosé d'un coup. J'avais même pas mal. Seulement, j'étais. Tombée.

Mais sur le coup, caprice de gamine : Putain, c'est mort, je reste là. Je bouge pu. Je reste allongée.
Mais sur le coup, éclair de parano : Putain, mais pourquoi çà n'arrive qu'à moi ?
Mais sur le coup, éclair de génie : Aurélie, t'aurais du rester à la maison..

J'aurais pu rester allongée, tu vois. Mais y'a eu un afflux de gens vers moi. J'ai eu trop peur qu'ils pètent un plomb ou je sais pas quoi.
Alors je me suis assise. Vite, vite, vite. çà va ? Oui, oui. Et paf! les larmes.

Extrait d'un Quotidien, le Vendredi 26 novembre 2010 à 12:28.

Ce matin, il faisait chaud.
Ce midi, il faisait beau.
Ce soir, il pleuvait à verse.
Je suis arrivée chez moi.

IL A NEIGE !
C'est fou, parce que j'ai lu un article hier soir qui parlait d'équilibre des humeurs. 
Et.. Et.. c'est fou parce que j'ai un stock de trucs qui rendent difficilement heureux dans le coeur.
Et.. Et.. Pourtant, je tiens la barque.

Je ne suis pas heureuse, non.
Mais c'est un truc différent.
Un calme. Une joie. Des sourires.
Quelques fous rires.

Et pourtant, il n'y a rien sinon moi.
Rien de nouveau. Ou alors, je ne m'en rends pas compte.

Les voitures étaient blanches. Je suis rentrée en bus avec ma mère.
On a couru comme des gamines pour tenter d'entamer une bataille de boules de neige à travers la rue.
J'ai pris un énorme 4x4 Mercedes ( non, on ne se refait pas ) et je n'avais qu'une trouille. Qu'il se mette à se la jouer guirlande de Nowel qui clignote croisé bougie d'anniversaire qui te joue le morceau.
Et finalement, bredouille. La neige était glacée.

Mais. IL A NEIGE.

C'est fou, une joie aussi dingue pour une couche blanche.


Ah et puis, il y a des vies que je n'aurais jamais.
Jamais.
Mais je suis contente que d'autres les aient.
çà m'aide à écrire.

Les écrire. Les raconter.
 
Mais j'aurais les miennes, hein.
21h21.

Extrait d'un Quotidien, le Jeudi 25 novembre 2010 à 21:21.

Ils annoncent une pseudo neige sur Paris dès Jeudi.



Ah ah!

( Et les alertes à la bombe, dans son wagon..
c'est vraiment pas drôle.
Du tout. )


Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 24 novembre 2010 à 19:43.

La pluie, en soi, c'est jamais très drôle : çà fait des chaussures qui splotch, des manteaux qui ploc ploc et des nez qui font snirrrf.

C'est amusant quand on est haut comme trois pommes et qu'on a ces bottes magiques qui montent haut sur les genoux en plastique bleu et blanc très classieux. Bottes qui font qu'on saute de flaques en flaques sans comprendre pourquoi les adultes les évitent.
C'est quand on commence à éviter les flaques que la vieillesse nous guette, en fait!

En soi, c'est assez peu amusant quand la fenêtre de sa chambre aussi agée que la fille, commence à fatiguer dans les jointures et que, l'arthrose aidant, elle se bloque en laissant passer un tout tout petit filet de l'eau qui tape dehors sur les carreaux. C'est encore moins amusant quand la crevasse du bois, très bien située au niveau de ce minuscule détachement de jointure ( et surtout creusée suite à de nombreuses micro inondations ), arrive à saturation. C'est vraiment pas du tout amusant quand l'eau qui déborde de la crevasse vient pleuvoir sous les cours empilés à la va-vite hier, contre cette même fenêtre.
Et c'est vraiment le début de l'horreur quand la fille se rappelle que sa fenêtre est vieille, que les carreaux et les jointures commencent à fatiguer.
Le travail est déjà bien entamé. Floc Floc Floc.

Le seul point amusant est de faire sécher des dizaines et des dizaines de feuilles au sèche cheveux, les volets à moitié fermé  [pour protéger les jointures ( et le reste des cours en bas de la pile ) ], la lumière allumée [ pour ramener un peu de lumière dans cette antre déjà difficilement éclairée avant ]. Tout çà alors qu'il n'est que 14h01. Non, il n'y a pas à dire, l'Automne, çà a vraiment du bon.

Autre bon choix : laisser tomber le stylo plume pour gribouiller avec des bic. Les bic ont une encre qui ne coule pas. Les plumes, si.

Seul mot de la journée : Joie (amère, réelle, folle, fausse, douce-amère, volontaire, malvenue )

Quand les parents comatent dans le lit, que de la musique va et vient dans les chambres, que la chaleur reste bien sous la couette, que les jeux d'intérieur se mettent en place, que de petites lampes s'allument, et que les plaids recouvrent tous les canapés, çà-fait-du-bien.


Extrait d'un Quotidien, le Jeudi 11 novembre 2010 à 14:12.

J'ai trop peur de faire une bêtise.
Je me renseigne. Je dois acheter un duvet, prévoir du liquide. Retirer mes billets. Racheter ma carte 12-25. Rappeler ma cousine. Prévoir un plan. Trouver l'office du Tourisme. Trouver comment me déplacer. Ne pas oublier l'appareil photo. Voyager super léger.

Sensation infinie que je fais une connerie.

Seule, paumée dans une grande ville l'espace de deux jours et demi.

Elle est folle, Aurélie. Elle est folle, je vous dis.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 10 novembre 2010 à 18:15.

Je lui ai dit. Je lui ai dit " Tu sais, je suis pas sur de continuer ici ". Je me le dis depuis longtemps aussi. Mais je suis toujours là finalement. A grignoter le bout de mon stylo bic comme je mordille les choix qui s'offrent à moi. J'ai une très bonne moyenne de bons choix. Il s'agirait que je n'inverse pas la tendance. 

Ah et puis, sans m'en faire outre mesure, sauf quand je suis vraiment très fatiguée, j'ai l'impression diffuse que les gens m'évitent. Pas les gens de mon amphi, non. Les gens dans la rue. C'est trop bizarre mais cette bonne femme, ce matin, qui s'est décalée sur la rangée à côté quand je me suis assise en face d'elle. Ou alors, les gens qui se détournent de moi quand je suis proche d'eux dans le métro. C'est bizarre. Vraiment étrange. Je le remarque depuis quelques temps aussi. Et je ne fais rien de particulier et je ne tombe pas non plus à chaque micro rejet dans ce genre. Non. Juste qu'à remarquer, à voir de manière fréquente ces situations, j'ai une question qui se glisse. C'est quoi qui cloche ? ...

Extrait d'un Quotidien, le Mardi 9 novembre 2010 à 19:08.

Ecrire à Tu. Ecrire des lettres. Ecrire en commençant par l'heure. Finir par le jour. Trouver le nom qui sera vraiment toi. Contradiction m'irait comme un gant. Est ce que vous avez vous aussi la mémoire auditive ? Une chanson qui s'entame, une voix qui s'élance et c'est une émotion, une sensation et des souvenirs en pagaille qui viennent s'éparpiller en petits morceaux à l'intérieur.
Hier, en lançant mon baladeur en aléatoire, je suis tombée sur deux albums. Deux albums qui m'ont tiré de mon premier sommeil tellement la sensation était étrange. C'était pas désagréable comme sensation. C'était juste étrange. Je me suis trouvée dans l'état même où j'étais quand j'écoutais cet album. Ces albums.
Le premier, c'était quand j'ai écrit ma première histoire. J'étais folle et très concentrée. J'étais paisible à l'intérieur. Joyeuse même. Mais concentrée.
Et le deuxième, je ne me souviens plus bien. C'était une sensation d'hiver.

D'ailleurs, quel froid aujourd'hui. Je me suis pris une claque de vent glacial ce matin et toute la journée. Même en salle à la fac. Moi qui ne suis pas frileuse, je me suis retrouvée à claquer des dents sous ma capuche, mon parapluie et mon manteau. Surtout que j'avais rangé mon sac la veille et que mes gants l'avaient quitté afin de rallier le tiroir à affaires d'hiver. Très mauvaise idée. Très mauvais choix. 

C'est bête, j'allais enchainer en disant que j'étais fière de moi. Parce que tous les choix que j'ai fait jusqu'à présent m'ont fait du bien. Certains ne sont pas encore définitifs mais, ils m'ont fait du bien. Sauf le choix de ranger les gants. çà, c'était une micro hérésie.

M'enfin, la pluie, c'est amusant. Surtout quand on a un parapluie.

A part cette colère qui ne veut pas s'arrêter d'enfler, je déprime un peu. Je suis fatiguée. Je suis "bof".

J'ai un peu parlé avec L. aujourd'hui. A la sortie du premier TD. Je ne sais pourquoi mais cette fille, je suis bien avec elle. Même dix secondes suffisent à ce que je me sente.. calme. On a parlé du compte rendu qui a rempli toute notre semaine dernière. Par contre, çà a cassé quelque chose entre ma binome et moi, ce fameux compte rendu. C'est pas qu'on s'évite mais presque.

Acheter un cahier à citations. Pour enfin rassembler quelque part tous ces morceaux de livres, de films ou de musiques que j'ai gribouillé, remis plusieurs fois ou ré-entendues.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 8 novembre 2010 à 20:37.

[ Il n'y a pas que les articles et les titres et les photos Olé Olé qui accrochent les passants. Y'a aussi les photos de micro paradis. 32 Visites hier.. ]

Y'a pas à dire, c'est le début de l'hiver.

Rue Exelmans, le temps est morbide.

Ma mère a manqué se faire agresser mardi soir.
Des fois, des pulsions de haine pure.
C'est beau, le racisme par intermittence.

Et puis, en ce moment,
je suis agressive comme jamais.

Ma paix intérieure et mes sourires niais ont fichu le camp.
A cause de.

Triste vérité.

J'ai pris mes billets de train. Encore une semaine d'hésitation.
Et une réponse que j'attends. Oui, non.
L'année prochaine, je serai peut être en Australie.

Ma mère parle au gâteau qu'elle est en train de faire.
Mon frère commente sa carte d'anniversaire.
Il a 15 ans aujourd'hui.
Mais je ne le lui ai pas encore dit.
Chut.

En attendant, je gémis sur mon lit.
J'ai mal.
Mais je vais bien, hein.
Mon téléphone est éteint.
Je vais quitter ce pc et ma boîte mail.
Et je vais aller travailler.

Extrait d'un Quotidien, le Samedi 6 novembre 2010 à 12:57.

Ce matin, je ne sais pas pourquoi j'ai regardé les collégiens quand je suis passée devant mon ancien collège. Ils étaient là, à rire, crier et rentrer en cours, accessoirement. Et y'a eu cette fille. Une femme presque. Une de celles que je croise chaque jour sur Paris. çà m'a fait bizarre. Nous, on était pas comme çà. On y arrivait pas. On était trop gourdes et pataudes. Mais elle, elle avait un truc qui explosait en milliers de lumières autour d'elle. Se savait belle et désirable. Les mecs faisaient godiche avec leurs fringues de collégiens rebelles. Trop grande trop vite. Beaucoup trop grande trop vite.
Mais c'est sa vie.

Le serveur était mignon. En plus, il arrêtait pas de me regarder, c'était étrange. J'ai mangé avec elle, c'était la première fois et pourtant, c'était tellement simple. Pouf. On a beaucoup parlé encore. Des trucs comme l'avenir, les copines et les éternelles embrouilles. Je lui ai posé une question piège aussi.

Dis, comment tu le vois l'homme de ma vie ?

çà nous a pris tout le tour du pâté de maison. Elle m'a révélée. M'a montrée que finalement, je donnais beaucoup aux autres. Moi qui ait tellement l'impression d'être fermée et de ne rien laisser filtrer. L'impression qu'elle me connaissait. Les qualités comme quelques défauts posés çà et là. Parce que.. on peut appeler ami quelqu'un qui ne dit rien des défauts ?

Je sais pas.

Ah et puis, plus tard, je serai un garçon.



Et j'irai là bas.
Nan parce que quand je vois l'eau, là, j'ai qu'une envie, plonger. Aller au fond. Et sans rien. Rien du tout.
http://perspective.univers.cowblog.fr/images/Bazar/2021jpg.jpg

Extrait d'un Quotidien, le Vendredi 5 novembre 2010 à 18:10.

Je n'sais plus écrire.
Il faudrait que j'écrive tout ce que je vis pour ne pas oublier.
Mon anniversaire, mes galères, mes journées qui s'allongent sur des kilomètres d'heures. Il faudrait que je raconte Vendredi et mon téléphone qui clignote. Je devrais raconter les heures passées à rire et à raconter des bêtises. Je devrais raconter ce repas dans cette salle microscopique. Tu as presque failli venir briser le fragile équilibre, tu sais. Je devrais les raconter pour ne pas oublier.

Raconter cette réunion de famille, tous ensemble. Avec des retrouvailles et des sourires gros comme des arcs en ciel. Des erreurs, aussi. Quelques mensonges. Quelques petits mensonges. Une légère gêne.. Ils sont venus manger et ils sont repartis. Aussi simple que çà. Une parenthèse sous forme de repas. On se revoit, on se claque des bises, on s'échange des politesses et on s'enfuit. Reste ceux qu'on connait le mieux. Qui s'amènent, te prennent le coude et te demandent de parler. Vas y, raconte nous alors ce que tu fais. On sait plus trop, nous, tu sais.

Raconter comment je bétonne chaque seconde, chaque minute, chaque heure et chaque journée, tous les trous laissés par ma vie d'Avant. Je bétonne, j'assure. Je sécurise. Je bloque les entrées au vide. Des fois, je glisse, j'ai mal, j'ai peur, j'ai froid. J'arrête de trop réfléchir aussi. J'enchaine les jours, je me surprends à me dire "olala, mais quand est ce que je vais pouvoir dormir ?"

Ma vie ne prend pas de nouveau départ, non. Elle continue son bonhomme de chemin. Je respire un nouvel air. Je vis une nouvelle ère.

Je suis moi et je pense que je me perds aussi. Qu'il faut que je me perde aussi. Que j'apprenne à nouveau à compter avec les autres. Les pas trop cons, les gentils. Ceux qui veulent bien jouer le jeu un peu.

Après, je sais pas. Je sais plus et je n'arrive plus à savoir.

Je suis fatiguée. Si, si. Une grosse fatigue qui me tient les yeux en papillote.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 1er novembre 2010 à 13:14.

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