Perspective.Univers

Ebauche

J'ai lu un article sur les 13 qui nous attendent d'ici mardi soir. En une journée entière. Mais comme j'ai pas mal batifolé à droite à gauche, j'ai pas été ultra efficace. Mais vous savez quoi ? Je respire un peu plus grand. Juste un petit peu plus mais là, je respire. J'ai le ventre en bouillie par contre. Aussi dur qu'une plaquette de chocolat noire avant de passer au bain marie. L'exemple qui tue. Mon subconscient doit être en train de me dire que j'ai envie d'une fondue au chocolat avec des quartiers d'orange, de pomme et de bananes trempées de chocolat. omondieu! Ou alors, que j'ai envie d'un gâteau au chocolat comme seule ma soeur sait les faire. Omondieu bis!

Je dois dire que j'écoute la même musique depuis bien deux heures et que je n'arrive pas à fermer le pc à cause d'elle. Oui, moi, je suis trop honnête, je ne télécharge pas. Je dépense mes sous dans des CD directement chargés sur mon baladeur numérique. Oui, autant dire que les seize euros de moyenne ont une durée de vie archi courte. Surtout que j'ai pu de lecteur CD dans ma chambre. Bref. Donc, cette chanson me tient les oreilles en éveil. Et il y a aussi cette photo en dessous, là. Hésitez pas à cliquer sur le lien qui clignote. La demoiselle a pas fait que celle là. En plus, elle veut pas croire qu'elle est douée. Surtout, que personne lui dise! Elle continuera ses chefs d'oeuvre en toute inconscience et pour notre plus grand bonheur, ne prendra pas la grosse tête et ne jouera pas les orgueilleuses dominatrices comme d'autres ont pu l'être. Ouf. Donc voilà, oreilles et yeux me procurent une suite ininterrompue d'orgasmes absolument non sexuels. Rho, tout de suite!

J'ai les hormones en folie. Tellement folles que je pleure de joie parce que parfois, c'est vraiment trop. D'autres fois encore j'explose de rire sans pouvoir m'arrêter à cause d'un infime détail complètement inaperçu aux yeux des autres. Maintenant, "on me perd". Voilà, quand je commence à rire hystérique, ma soeur a le chic pour dire d'une manière laconique " çà y est, on l'a perdu ". çà fait souvent des repas très gais. Parce que le rire, c'est comme le sourire, çà se propage à toute vitesse.



Ah oui et puis, comment dire. Cette vidéo. Je ne peux pas vous expliquer. çà a commencé au fond d'une salle informatique.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 4 avril 2011 à 0:54.

J'ai écrit plus de mille trois cents articles depuis que toi.et.moi.pour.jamais existe. Huit cents et quelques sont à portée de vos pupilles. Le reste est soustrait. Mais mille trois cents articles. Quand je me loge entre deux blogs alignant une dizaine d'articles chacun, çà fait étrange. Une résistance.

J'avais un article à écrire tout à l'heure. Les mots étaient en foutoir mais çà aurait pu être écrit. Mais l'ordi était éteint. J'étais en retard. Tant pis. Un charabia de moins.

J'ai  nagé deux heures. Mon corps pèse dix tonnes. Et ce que j'ai mis des mois à apprendre d'un coup avec le footing, je dois l'apprendre avec la piscine. L'instinct de compétition me casse trop vite les bras. Compétition. Oui, oui, vous avez bien lu. Il ne semble n'y avoir que dans le sport où cette compétition est aussi.. vive dans ma tête.

Depuis l'année dernière, j'ai perdu huit kilos. Il faut continuer que m'a dit ma gynéco. Sur le moment, j'ai même pas pensé à le prendre mal. Mais huit kilos. Je m'en fous, est ce que je suis pressée ? Non. Finalement, cette perte de poids n'est que pour moi. Pas de challenge, sinon une réalité et des envies qui ne collent pas avec le corps que j'ai. Mais après ? J'ai osé faire des photos. Plein de photos. J'hésite à me renseigner sur des photographes. Voir s'ils pourraient faire quelque chose de joli avec mon corps actuel. Sans forcément tricher et cacher. Juste avec mes formes, essayer de rendre l'ensemble agréable. Sensuel. Oh oui, j'aimerais pouvoir me considérer comme sensuelle. M'approprier ma féminité, tu vois. Je suis une femme et je l'assume tellement peu que je me cache. Alors qu'en fait, .. ben je le suis, bon sang. Donc j'hésite à contacter un ou une photographe. Des photos de nu. J'ai vu sur certains blogs que je suis, que çà se faisait. Je savais pas au départ que n'importe qui pouvait demander. Je croyais çà réserver à.. des modèles, des mannequins. Je sais pas trop ce que je croyais.. Mais! en fait, si. çà serait une expérience. Un peu d'extra à côté.

Extrait d'un Quotidien, le Samedi 19 mars 2011 à 18:52.

La douceur de sa voix. L'attention.
Ses pleurs. Et la simplicité. La liberté dans une relation enfin saine.
Si je le suis alors je le serai. Amoureuse. Mais en attendant, je suis là.
Et cet homme là. Son odeur. Ses regards.
Drogue. Drogue. Droguée.
Pourquoi on n'a pas le droit de rire toute seule dans les espaces publics ?
çà débordait de partout. Injuste, ce culte de la déprime hypocrite et parasite.

Oui.
C'était une (très) bonne journée.
A Une, pourtant.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 7 mars 2011 à 17:32.

Il faudrait que je dorme. Mais çà hurle tellement fort à l'intérieur de moi. Je suis en décalé. Un peu trop loin de vous, un peu épuisée, un peu bizarre. La honte est un sentiment qui ronge de l'intérieur sans laisser une seule seconde de répit. Pour s'en défaire, se dissocier. Assumer. Se cacher. Dans l'ensemble, je choisis la dissociation, l'assurance et la cachette. Un peu des trois. J'assume en ne touchant à rien. Je me dissocie en la voyant. Je me cache en ne lisant aucun mot ou silence. 

J'écoute un piano qui joue. Paulhin refait ses gammes en ce moment. C'est hésitant, rouillé. A portée d'oreille. Mais ce soir, j'ai ouvert le deuxième CD de cette pile de quatre. Deux CD remplis à ras bord de piano. J'écoute. Paulhin, je crois qu'il a une amoureuse. Je ne sais pas trop. Elle serait aussi fantôme que lui, peut être. Mais je le sens. Un truc bizarre. Des voix, peut être ? Il a sa vie. J'espère. C'est quand Muse explose sa porte d'entrée que je me dis que. Tiens.

J'hésite à dépenser une petite fortune pour un abonnement de trois mois illimité à la piscine. Trois mois illimité. Joli, n'est ce pas ? Pendant trois mois, y aller quand je le souhaite. Durant les heures d'ouverture. Quelle liberté mise en cage à travers ses mots. J'hésite.

Et je me trouve désopilante. Moi qui annonçais deux articles plus tôt vouloir inventer un personnage, me voilà à vous raconter des éléments du quotidien qui appartiennent bien à mon quotidien. çà ne me surprend pas. Je suis cette fille girouette. A penser une chose et faire son contraire.

Faut croire en l'avenir qu'ils disent. Je me vois tellement loin déjà. Et pourtant, pourtant, tout me tient ici. Je ne fais pas ce qu'il faut pour m'en aller. Je me bats contre moi. Tout le temps. Et c'est la peur qui gagne. La terreur absolue.

Il y avait une feuille retournée par terre près du sac poubelle dans ma chambre. Ma mère l'a retournée. En gros, en rouge, j'avais écrit " Histoires d'une Fin de vie ". Sanglant. Entouré de traits nets. J'y raconte Nowel d'il y a un an, à coups de petits paragraphes à lettres rondes. J'y écris la Fin. Voilà, la Fin et le Découragement. Je me revois les écrire ces mots. Tenter de vider tout ce putain de vide qui me maintenant en mort cérébrale consciente. A mettre des mots sur un truc qui n'avait de prise nulle part et qui m'emprisonnait totalement. On peut dire que ce Nowel a été une fin. Un premier point final écrit. Et pourtant, j'ai fait ce qu'il fallait pour remonter. J'ai été parlé. J'ai réalisé combien j'allais bien. Que c'était la fatigue et l'épuisement qui m'avaient cassé les jambes. J'ai mis des mots. Une première fois.

J'apprends à mettre des mots sonnants et trébuchants sur les trucs qui me maintiennent en bas. J'essaie. Je vous dis ce qu'il se passe. Je me cache pas. Je me cache plus, disons. Le silence n'apporte rien. Alors je dis.

Ma mère, elle a ce titre en tête depuis qu'elle l'a lu. Elle s'inquiète. Avec ma violence coutumière, je lui ai dit d'arrêter. D'arrêter de s'inquiéter. Parce que s'inquiéter ne sert à rien quand il s'agit de trouver une solution. Et que çà ne sert à rien non plus quand il n'y en a pas.

Ce soir, Le sourire de Mona Lisa. Sourire, sourire. La colère, l'emportement et la rage ne servent à rien. C'est toi même qui me l'a dit.

Une caresse.

J'ai honte. Honte de tout ce que je suis. De tout ce que je produis. De tout ce que je fais. Une honte tenace et implacable jusqu'à ce que je gagne contre elle.

Extrait d'un Quotidien, le Jeudi 3 mars 2011 à 23:32.

[ J'ai eu mes résultats de partiels. Je valide tout en ne validant rien. Oui, il faut le faire, je l'ai fait. Pas de rattrapages pour moi. Pas de dossier qui sorte de l'ordinaire pour moi. Comme un goût de bile merdique au fond de la gorge. Foutre en l'air santé et vacances pour. çà. Y'a pu qu'à regarder le second semestre et à serrer les dents. Sans penser à rien. Parce que si on pense à quelque chose, c'est foutu, je me brise. ]

[ 11,242. ]

[ Je voulais dire aussi depuis de nombreux jours, un truc que quelqu'un a très bien compris hier. Mes articles sont basés sur ce que je vis. Mais je ne me cantonne pas à " j'ai mangé de la soupe aux poireaux ce midi ". Non, j'écris, je fais de nombreuses lignes. Et je mêle le vrai au faux et je dois dire que j'aime beaucoup çà. Depuis quelques temps maintenant, les articles sont moins présents, ma vie à l'intérieur l'est moins aussi. Je préfère inventer, citer, détourner, faire découvrir. De loin. Ma vie est une vie basique. Sans fioritures, sans exceptionnel, sans merveilleux, sans bisounours. Alors, il n'y a pas grand intérêt pour moi à la raconter ici. Je préfère mêler. Faux, vrai. La douleur, c'est bien connu, fait plus écrire que le bonheur sans tâches. Alors, j'écris noir sur noir tout en sachant pertinement que le noir n'est pas que noir et qu'il y a du blanc aussi. Et des sourires. Après.. je ne saurais dire. J'ai envie de faire de ce blog un ensemble d'articles inventifs et inventés. Basés sur du vrai, comme sur du faux. Un melting Pot, quoi. Ma vie n'ayant aucun intérêt et moi ayant furieusement envie d'écrire, je vais essayer. Partir d'un rien pour former un tout. Un personnage qui ne part pas de rien mais qui forme un tout inconnu. çà marchera peut être. ]

[ Regardez les catégories en bas. Elles sont importantes pour comprendre. ]

Extrait d'un Quotidien, le Jeudi 3 mars 2011 à 17:28.

C'est Bébé qui te fatigue autant, ou quoi ? 

Je sens que mes mots vont me poursuivre dans leurs bouches jusqu'à ce que mon ventre s'arrondisse pour de bon. En attendant, je traine au rayon Maternité. Quittant par inadvertance les tailles Standard pour me perdre au milieu de vêtements un tantinet plus décalés. Mais çà dérange qui? Personne.

Je recherche un Père.

Et les éclats de rire qui se répercutent le long des murs sur le boulevard.

Dans le train, sous le roulis habituel, je lis un livre intitulé En bas, les nuages. Michel Dugain, si je ne m'abuse. Je n'aimais pas. L'impression fugace mais tenace de lire une littérature creuse. Embellie mais vide de sens et d'intérêt. De lire la vie de mon voisin de siège en skaï orange déchiré. Et puis, j'ai commencé à mordiller mes lèvres. Un rire franc au milieu de ces visages gris aurait eu pour signification une grave insulte à leur suffisance terne. Les pages se tournant, j'ai découvert les liens. Les enchainements. J'ai découvert l'envie d'en savoir plus. Le plaisir de lire des mots pimpants d'une vérité partagée. Des mots simples, bruts, clairs. Presque enfantins. Fin juge et implacable bourreau. A couper des têtes, souffler dans les brushings et contrecarrer les plans les plus hypocrites de mots écrits à la chaine et gonflés, comme à l'hélium, comme leur énonceur, d'une importance sans consistance. A croire que tout le monde écrit pour raconter quelque chose. Je laisse ici bas ces nuages là pour me souvenir que des paragraphes entiers doivent être retranscris en italique ici. Parce que rassurants. On est pas seul.

Je ne vous l'avais peut être pas dit mais je me suis luxée la mâchoire. Un faux mouvement qui me fait jouer des claquettes à chaque fois que j'ouvre la bouche. Parler, bailler, manger. Clac clac clac. L'intérêt d'une telle nouvelle ? Aucune ou presque. Je dors avec un bout de plastique moulé ayant coûté deux cents euros. Deux cents euros de plastique dans ma bouche que j'ai brisé durant mon sommeil. Pourquoi ? Tu serres les dents aussi fort que tu es stressée. Tu serres tout le temps les dents. Tu t'en rends plus compte. Sauf quand tu commences à décontracter tes mâchoires. Là, tu as mal et çà craque. Crac, crac, crac. Se sont ensuivies des histoires de mâchoires déboitées arrivant en catastrophe chez lui pour être remise en place. Ponctuées de rire. Ces pauvres gens qui en ouvrant un peu trop grand la bouche ont perdu le bas me poursuivent depuis. Une autre question aussi. Deux cents euros. Je regarde ce plastique et je n'arrive pas à comprendre où vont se loger les euros. Dans la précision du moulage ? Dans les dentelures grossières ? Dans la transparence du plastique ? Une question d'esthétique ? De luxe ? Il a les mains terriblement baladeuses. Des mots trop crus parfois. Des gestes qui dérangent. Qu'on passe presque sous silence. Mais qu'on dit quand même. En riant. Une fois la boite de Pandore ouverte, d'autres éléments ressortent.

J'ai oublié la raison première de ma venue ici. Tant pis. Une histoire de douleur, de solitude et d'inquiétude. Rien de très gai. Je préfère rester ici. Avec mes nuages, ma gouttière en plastique, mes vêtements de maternité et mes sourires. Des années que çà me rongeait. Des années et j'ai ouvert la Boîte à Pandore. J'ai ouvert, posé des mots, regardé bien en face. Dire. Sourire et pourtant.. respirer plus profondément. Plus largement. Alors, me souvenir de ce soulagement là. De ce froid glacial mais de ce soleil. De cet anniversaire inopiné. De ces oiseaux. De Notre Dame. De qui je suis. De comment je suis. De ce que je dois faire. 

De ce que je ferai.
Te tenir la main, jusqu'à ce que tu la lâches.
Logique des choses.
Je reste là.
J'étais partie mais je reviens, d'accord.
Fais moi confiance.

PS: Parce que j'en vois partout des articles qui en parlent et que çà commence à m'user les rétines. Un peu comme les articles sur Nowel, bonne année, Pâques, résultats du bac et vacances. J'ai été voir Black Swan. Deux fois. Bien avant que les critiques se lancent. Et plutôt que de digresser cent ans sur à peu près rien, je vous dirais juste d'y aller. Parce qu'il est. Eblouissant. Et en VO, je vous prie. Parce que finalement, une fois qu'on a goûté aux voix réelles, on trouve le doublage.. fade-fade-fade. Il manque les émotions brutes. Or ce film est une émotion. Une émotion creshendo. Qui vous prend et ne vous lâche pas. Si vous êtes dans la bonne salle de ciné. Parce que, quand vous avez une bande de gorilles mal dégrossis qui vous caressent le dos à grands coups de taloche dans votre dossier, ricanent et gloussent comme des abrutis tout en s'empiffrant allègrement, vous avez, et vous en conviendrez aisément, bien plus de mal à vous concentrer sur le film qu'une salle silencieuse sursautant en choeur et s'exclamant aux mêmes moments. Mais de toute manière, vous ne choisirez pas vos compagnons de visionnage alors : allez y. Point. Et au moment du générique, écoutez. Parce qu'on a applaudi dans ma salle. Aux deux visionnages. Des mains se sont jointes à la bande son pour applaudir. Pour vous dire. çà ne m'était encore jamais arrivée dans une salle de cinéma. Et quand plus deux cents personnes applaudissent en choeur, spontanément, çà fait un truc. Un truc très étrange qui n'a pas de mot équivalent.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 2 mars 2011 à 0:12.

Je dois bien avouer que mes contours s'effacent.

Un paquet de sucre.
Une couverture sur un canapé.
Des heures à discuter dans le noir étouffant d'un appartement qui pue la solitude.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 21 février 2011 à 20:22.

Ils sont tous là avec leur petit panneau Jugement à la main. En rang d'oignon. Et quand t'ouvres la bouche, il y en a toujours un pour attendre que tu aies fini de parler pour prendre la parole et venir te réduire en miettes. J'ai tout cassé comme une grande. On a pris des chemins bien différents.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 21 février 2011 à 0:27.

Je les claquais violemment. Tous les deux. Chaque soir, pour les faire obéir.
J'ai tellement de raisons de me suicider. Chaque jour en apporte une nouvelle.
Tellement.

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 13 février 2011 à 12:07.

Et, en dessous, çà fait des kilomètres et des kilomètres qu'ils cavalent en criant, riant, pleurant, hurlant, morvant, chouinant. çà tape tap tap tap sourdement sur leur sol à eux, çà vient faire trembler mon sol à moi. çà doit être les plus belles soirées. Celles où ils cavalent en dessous. haut comme trois pommes, en pyjama. Parce que l'heure du bain est passée et qu'ils se sont copieusement arrosés. Et qu'ils sont heureux d'être ensemble. On les oublie trop ces bruits. On les prend pour des gênes mais en fait, un soir comme ce soir, c'est juste reposant. 

Mon immeuble est un meuble à Vieux. J'ai toujours vécu entourée de petits vieux, à petits chiens. A petites manies. A grands sourires. Jusqu'à très récemment, mon immeuble, c'était une paisible maison de retraite. Avec la Casse Pieds en chef ( notre voisine de palier, Ô destinée ) et les Autres. Et puis, y'a des tas de jeunes qui se sont amenés. çà fait des fêtes, çà crie, çà hurle. çà cogne. çà dégueulasse tout. Ils occupent trois appartements sur quatre, au rez de chaussée. Ensuite, on trouve un couple au deuxième. Et puis ensuite, c'est trop haut pour eux. C'est bizarre. T'es polie alors tu salues. Mais le Bonjour, il coince quand tu réalises qu'il faut leur ajouter seulement quelques années de plus comparé à toi. Je suis pas habituée à voir ma paisible maison de retraite colonisée comme çà. Je dirais même que vivre entourée de Vieux, c'était bien. Et là, maintenant, y'a un emballement permanent des affaires. çà vient, çà part. çà vient. çà part aussi. Tant qu'à faire. 

Ma mère, elle connait tout sur tout le monde dans l'immeuble. Je sais pas comment elle fait. Et nous, on nous connait partout aussi. Sauf avec les nouveaux. Les nouveaux, ils sont hautains, méprisants. Aigris. Et tu les agresserais presque en leur disant Bonjour ou Bonsoir. C'est moche. T'as envie de leur dire que çà fait 21 ans que t'es là, que tu connais la maison et qu'ils ont intérêt à compter leurs abattis avant de prendre une respiration pour parler ou agir. Que c'est le monde à l'envers et qu'ils ont intérêt à changer tout-de-suite de comportement. Mais tu dis rien. Tu salues les nouveaux sans un sourire. Tu plaisantes et tu prends des nouvelles avec les Anciens. 21 ans. Y'a eu des départs, des arrivées. Des morts et des bébés.

Mais j'ai eu de la chance. Parce que ma chambre a toujours abrité celle d'une famille en construction. L'appartement en dessous a toujours été plein de bébés en couche culotte, hurlant comme riant. Des bébés plus ou moins grands qu'on descend en ascenseur, qui se collent dans les jupes de leur maman en te regardant avec un unique oeil ouvert en grand. C'est des petites têtes qui fanfaronnent en rougissant. Qui disent " mamaaaaaan, je peux appuyer ? Disdisdisdisdis ". Qui s'étirent au plus haut qu'ils peuvent, leur tout tout petit index pointé dans le ciel. Les sourcils froncés, la petite langue serrée entre les petites lèvres. Concentration et silence religieux dans l'habitacle. L'index qui appuie de toutes ses forces, une teinte cramoisie qui colore les pommettes. Et l'ascenseur qui démarre. Le sourire XXL qu'il te décoche, tout fier qu'il est, balaie d'une seule rafale les marques de l'oreiller sur la joue, les yeux encore collés et la mauvaise humeur matinale.

Sous la chambre Parentale, nous avons donc un morceau de l'appartement de Paulhin. Et sous le salon, nous avons un couple dont la petite fille s'appelle Aurélie. Intéressant, n'est ce pas?

Au rez de chaussée, on a un couple. Monsieur pourrait être le sosie du présentateur de Thalassa. Son sosie! Madame a une voix rauque de fumeuse invétéré. Un teint de peau tellement hâlé qu'il fait mal aux yeux. En face d'eux, il y a un couple. Que je ne vois jamais. De l'autre côté, il y a un autre couple de jeunes. Eux, ils sont étranges. Marrants mais étranges. Monsieur a les cheveux gris à 25 ans. Ils ont un espèce de roquet affreux et Madame, je m'en souviens pas. L'autre appart' du rez de chaussée, je connais pas. Et ensuite, nan, je ne vais pas vous faire la liste. Surtout que je m'arrête très peu aux autres étages donc pour vous dire, qui est qui, çà serait franchement compliqué. On se croise toujours dans le hall. Ou on partage un ascenseur. Parfois à beaucoup!

Il y a aussi un homme qui ressemble à Frankeinstein. Non, ce n'est pas une insulte ni rien. C'est la vérité brute. Un visage rectangulaire de brute épaisse. Et pourtant, l'est tout gentil. Y'a la dame au caniche. Son mari est mort depuis quelques années et pourtant, c'est comme s'il était toujours vivant. Elle a vieilli d'un coup. Elle sourit moins. Mais elle reste belle belle belle. Il y a le couple de mégères. Monsieur et Madame. Eh oui. Monsieur a subi une attaque cérébrale il y a quelques années. L'a bien failli y rester. Puis l'a bien failli rester paralysé d'un côté et puis en fait, il marche, critique et cancanne comme au premier jour.  On s'entend pas bien avec eux. Nos voisins de palier sont des Emmerdeurs dans toute leur splendeur. Il parait qu'on les aurait rendu à moitié cinglés, nous les petites terreurs du 8e. Arrivés au jour d'aujourd'hui, moi, je les aime bien. Monsieur est un véritable.. heu.. comment dire.. disons qu'il s'est emplafonné dans un réverbère une nuit et que ledit réverbère s'est effondré sur trois voitures. çà résumera bien la situation. Quand il cherche à ouvrir une porte, il tremble tellement que si personne ne lui vient en aide, il pourrait y passer deux heures. Madame fait très attention à elle. Bien en chairs, bien conservée, bien patata, elle est pas beaucoup appréciée en général. Je ne vous ferai pas la liste des griefs qui sont amassés contre elle mais elle est du genre Mère la Morale à tout rapporter. Y'a la Dame du Parking. Olala, celle là, c'est une vraie pipellette!

Une grande maison de retraite qui n'en est pas une. Avec grands parents, parents, enfants, petits enfants et arrière petits enfants. Qui n'en sont pas forcément.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 9 février 2011 à 19:51.

Y'a des écarts et des égards qui tapent le long du corps. Qui glissent le long des côtes et vont se lover autour de l'organe pulsionnel. Y'a le soleil qui cogne, le ventre qui grogne, la colère qui tente de déchirer sa camisole. Y'a mon petit arbre vert qui devient pomme, qui devient sec, qui devient chauve. Mon petit arbre vert à qui il manquait le soleil. Mon petit arbre vert, une similitude troublante entre nous. Hier, dans la nuit, c'est un hérisson pressé qui a traversé sur les clous. Je me disais ne jamais pouvoir vivre dans ces caisses de verre et le volant a brutalement tiré nos silhouettes à ombres sur la gauche. Un petit cri. Un vrai, cette fois. On a fait le tour du rond point et on est revenu à l'écart d'ombre. Là, on a vu cet hérisson replet et rapide nous voir. Il s'est dandiné le long des grilles. S'est glissé sous l'une d'elles. Me suis dit qu'il s'était perdu. La forêt, c'était derrière. Le prendre dans mes mains, j'y ai pensé très très fort. Et puis, les liens invisibles se sont fait sentir, j'ai pas quitté mon siège. Je me suis juste sentie triste pour ce petit hérisson qui ne suivait pas sa légendaire lenteur. Pas du tout. Il ondulait du popotin à la recherche de quelque chose qui nous était inconnu. Réaliser trop de choses. Ne pas comprendre le reste. Enfiler une robe courte et s'allonger au soleil. Tant pis pour les degrés si manquants. Juste le plaisir. Ephémère. Rager en voyant les marseillais. Pester à regarder ces soleils liquide qui frappaient avec régularité ma fenêtre. Soupirer d'aise à pouvoir s'allonger à son tour.

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 6 février 2011 à 15:31.

Destins éclatés.
Des bouts de silence un peu partout.
Et ton sourire. Ton sourire.
En ligne de mire. 
Fronce pas les yeux, 'Rélie.
Si, si. Je me concentre sur son sourire.
Il faut.

T'étais là, pas loin.
Une seconde a fallu pour que je te vole ton sourire.
Une toute petite seconde.
Le fragment de chaleur qui me manquait.
Ton sourire au détour d'une entrée sortie de faculté.

Destins éclatés.

T'as souri.

On entre dans le mois numéro deux.
çà m'fait tellement rire. Tellement, tellement, tellement.
Le mois numéro deux!

Destins éclatés.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 31 janvier 2011 à 23:13.

Maman,
quand elle m'écrit un mail,
elle met des centaines de petits points à la fin de chaque phrase. A peu près.
C'est bizarre, nan ?
çà veut dire plein de trucs, déjà, trois petits points. 
Alors cinq ou six ou sept ou dix, çà veut dire deux, trois, quatre fois plus de trucs ?

Extrait d'un Quotidien, le Vendredi 21 janvier 2011 à 19:25.

Et c'est une histoire qui se cogne dans les angles, qui a bien du mal à trouver son équilibre, sa place. Son établissement dans l'espace qui lui est accordé. Le temps, trop vaste et si court à la fois. Etablir une date de péremption, engranger les colères et les coups de mou. Se retrouver con. Se cogner les ignorances, les non dits, les secrets et les machins de l'autre côté. Et puis se cogner à cette fragilité. Trop souvent mise à l'écart. Cachée derrière une attitude contrôlée et contrôlante. Domination de l'ordre et de la date de fin. On fait çà et pas d'attachement. Parce que l'attachement, çà fait un mal de chien quand il s'agit de le décoller. Et on se retrouve con. On se retrouve con devant les failles, devant les creux, devant les bosses, devant l'étendue de la plaine des Désolations. On se cogne les coups de colère, les agressions, les mensonges et les attaques. Mais on reconnait aussi, derrière, tout ce qui est mis en lumière par cette colère qui prend toute la place sans jamais rien cacher du fond du vrai. Se retrouver à dire " Merde, je me suis perdue, là ". S'être écrite pendant la période où il n'y avait plus rien que de la chair douce et tendre. Se relire aujourd'hui quand la peau est rêche et se déchire. Se dire " Merde, je me suis perdue là ". Le réaliser, à coup de lunettes de soleil sur le nez et de gouttes de transpiration qui roulent le long du cou. Le réaliser quand le silence se fait, quand la colère s'apaise et que le mal est fait. On a été trop con. Mais c'est une histoire de vie, qui s'inscrit dans un chapitre. Une histoire qui a vécu, qui vit et ne vivra peut être plus mais qui l'aura fait. Penser à ce qui s'est fait, tout ce qui a été dit et travaillé. Penser au résultat. Lancer un Merci qui vient du fond des tripes et s'affirmer en prenant cette nouvelle femme comme Soi. Et en attendant, se dire qu'on a été bien égoïste et qu'on aurait du faire céder toutes ses barrières. Sans jamais y arriver. Parce que trop bien vissées et arrimées par le clou de la Peur.

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 16 janvier 2011 à 12:43.

Il y a des fantômes dans les angles de sa vision.

Somewhere. Arrivée en retard, pris en cours de route ce film qui, de toute manière, ne la tient pas. Film très long. Film très lent. L'action est guettée, attendue, souhaitée. Absente, aussi. Un film très étrange. Des silences infinis et des plans séquences terriblement longs. Un homme qui a tout et qui ne se plait pas dans ce milieu. Manque, manque, manque. S'étourdit et ne sert à rien. Il a fallu quelques sanglots sur la fin pour comprendre le film. Regretté le manque d'action mais apprécié. Sans pouvoir dire comment ni pourquoi, apprécié ces images, cette vie. Ces sons. Un film que je ne saurais conseillé. Parce que vraiment très particulier. Amateurs d'action et de violence, n'y allez pas. Surtout si la violence intérieure est une notion complètement abstraite pour vous.

Prendre rendez vous chez le médecin. Se mettre en face. Poser les mains bien à plat sur le bureau. " Donnez moi toutes les possibilités possibles. Et parlez moi du stress, en dernier, monsieur. S'il vous plait". Non, ne me forcez pas à ronger mon frein. Mon ventre est tout chaud, tout bizarre. Et je l'ai dit à Maman. Maman, j'ai jamais été aussi mal de toute ma vie. J'ai la chance de pouvoir dire que j'ai rarement été grossement malade. Immunisation. Et je ne saurais dire depuis combien de temps, je sens que doucement, tout part. Mon ventre est un élément. Mes vertiges. Mes pertes de connaissance. Ma fatigue. La perte des mots. Les mélanges, les oublis involontaires. çà s'explique pas. On met pas de mots dessus. On dit rien, on voit bien que çà va mal. On voit bien que la circulation se bloque parfois et que les fourmis envahissent les membres. Parfois longtemps. Et je suis là avec ma santé de fer à me croire malade pour de bon. Et dire " non non, çà va passer ". L'éternelle rengaine. Parce que tout passe, de toute manière.

S'asseoir dans le train. Appuyer sur le skaï orange et les parois en faux lambris boisé recyclé. Ecouter deux musiques. Une connue. Une autre inconnue. Découverte dans une Audi qui filait à toute vitesse dans la circulation dense de Toulouse. Elles tournent et s'enroulent. Percutent mon corps aux mêmes instants, avec la même intensité. Parfois plus fort. Mais elles sont là. Du réveil au coucher, parfois. Elles accompagnent les siestes ou les instants sur le skaï orange. Elles sont là, elles couvrent les voix. Seules les lèvres bougent. " Pardon, je n'ai pas entendu ". " vous savez, mademoiselle, c'est pas bon de se couper du monde ainsi. çà empêche les autres d'entrer en contact avec vous ". Parce que les autres veulent entrer en contact avec moi, vous croyez ? Etouffée dans les sarcasmes. Comme si j'avais demandé à faire plus d'un mètre quatre vingt et d'être taillée à coups de hache pour entrer dans une équipe de rugby. Dur d'être une femme quand les gens sont là à vous bloquer le passage. Quand ils vous fermentent. L'Elégante, c'est ta soeur. Toi, tu est la Garçonne. Besoin d'air. Besoin de nouveaux refrains.

Il y avait ces petits enfants hier midi. Ils faisaient un bruit fou qui avait fait fuir tous les autres passagers du wagon. Moi, j'étais trop fatiguée pour bouger et avec çà, j'aime bien regarder évoluer les gens. Alors, j'ai regardé dans la vitre. Ces regards immenses, ces sourires infinis. Ces petites mains qui s'aplatissent sur les vitres. Ces bouches qui s'arrondissent en O majuscule. Devant un ballon. Devant.. les cailloux sur les voies. Les " Regarde! Regarde! ". Les piaillements et les rires en cascade. Un rire enfantin. çà fait un bruit de clochettes. çà tintinnabule et çà semble ne jamais vouloir se finir. Il y avait une petite fille silencieuse. Une peau laiteuse, un carré couleur chocolat et des yeux aussi foncés que ses cheveux. Elle était là, elle écoutait, elle souriait. Ouvrait grand ses yeux. Il y en avait une autre. Une petite pétillante de vie qui parlait, parlait, parlait. Une petite blonde à demi queue de cheval. Des quenottes toutes petites. Un sourire de star, des yeux bleus. Une future briseuse de coeur. Epanouie et heureuse. Il y en avait une autre. Une petite à chouchou bleu et lunettes. Elle aussi, elle parlait. Debout dans le carré, elle faisait cours. Et bla bla bla. Les garçons étaient plutôt cachés. Farceurs avec des fossettes au coin des yeux. Coquins avec leurs manteaux machouillés au niveau du cou. Qui n'a jamais machonné cordon de capuche ou l'angle du haut du manteau, au niveau de la fermeture éclair? Les enfants et leurs vérités me font peur.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 12 janvier 2011 à 19:50.

Quand j'étais petite, j'avais un cahier très bizarre. Un cahier de poésie. Sur la page de gauche, avec les lignes, il nous fallait recopier la poésie à apprendre et sur la feuille de droite, il fallait que l'on décide ce que çà nous inspirait. J'ai toujours été gauche avec un crayon de couleur dans les mains. Tout est resté très simple. Je dessine de la même manière que quand j'avais six ans. C'est bête, il y a tant de choses que j'aurais aimé savoir dessiner. 

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 2 janvier 2011 à 9:14.

Et c'est de la pluie qui tombe cet après midi. Le froid n'est pas assez froid. Les derniers tas grisâtres de cette neige gênent encore les passants qui les décalent du bout de la botte en veau retourné. C'est bizarre. Comme toujours je m'y prends trop tard et demain, je m'en mangerai les doigts jusqu'au poignet. Les achats de Noël s'accumulent autant que s'accumulent les gens dans les galeries. Ils s'écrasent. Comme dans ce livre magistral écrit par Zola. Au Bonheur des Dames. Souligné, je vous prie. Et Majuscules. Quand j'aurais le temps, je vous raconterai ce passage où le mépris amoureux de Mouret ressemble si fort au mien. Où les femmes ne sont plus, une fois rentrées dans un temple qui leur ait dédié. Oh oui, je vous raconterai. Je vous citerai les mots incroyables de cet homme.

Mais pour l'instant, j'essaie tant bien que mal de m'accrocher à mes révisions. Mon rythme est tellement lent. Tellement tranquille.

On ne sait pas si la neige tombera. Jusqu'au matin du vingt quatre, nos respirations seront sur pause.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 22 décembre 2010 à 16:48.

Il n'y a que ma mère pour entrer dans mon champs de vision et y rester suffisamment longtemps pour me dire, d'une voix guillerette : " Regarde ce que je t'ai acheté ".
Une crème solaire indice 50 prend alors sa place.

" Comme tu disais que tu brulais continuellement et que tu n'en as plus, je t'en ai repris ! "

...

Oui, tout à fait, nous sommes le 22 Décembre aujourd'hui.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 22 décembre 2010 à 15:35.

On a marché pendant une heure et demie. En calme, sourire et hache de guerre momentanément enterrée. On a marché au milieu de la forêt. Le vent cinglant les branches, faisant tomber par paquets la neige. A qui sur la tête, à qui sur l'épaule, à qui dans le cou. Et dans la forêt, on a tout eu. On a eu les centimètres de neige, les chaussures enfouies, les jeans mouillés, les écharpes agrippées aux flocons. On a eu le gris, le vent, le froid mordant les jambes. On a eu quelques secondes allongée de plein fouet dans la neige. Instant pur. On a eu le soleil, le ciel bleu, la neige qui scintille, les arbres qui se parent de leur habit de nacre. On a eu ce vent à nouveau. Et dans les épaisses branches des sommets, le reflux de la mer. Des vagues qui venaient mourir sur une grève invisible. Encore et encore et encore. On a tout eu. La montagne, le froid, la mer, la chaleur et ce calme surpuissant apporté par ce bruit constant, incessant, répété. Unanime. Universel. Je n'ai pas besoin de chercher. Je sais où vivre pour être heureuse. 

Seulement, je ne sais pas comment y arriver.

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 19 décembre 2010 à 14:11.

Ce sont les grognements des déneigeuses se battant contre la neige sur les pistes de l'aéroport militaire qui m'ont réveillée. Pas le silence étouffant de ces flocons qui continuent inlassablement de tomber. Les quinze centimètres ont été atteints dans la nuit. Les traces de notre bagarre enragée ne doivent plus subsister sur les voitures. Même la marque de nos deux corps, affalés dans cette poudreuse ne doivent plus être. Tant pis, on recommencera aujourd'hui. Parce que oui, hier, à défaut de pouvoir vivre ma vie, j'ai réussi à m'allonger au milieu d'un square sur un tapis de neige assez épais et j'ai réussi à garder les yeux ouverts suffisamment longtemps pour réaliser. Les flocons qui tombaient, me piquaient les yeux. Pour le reste, c'était des cris, des fous rires. Des courses. Des lancers. Du sport qui fait que mon corps hurle aujourd'hui. Que ma tête me donne des idées mauvaises. J'avais dans l'idée d'aller courir aujourd'hui. M'avancer en forêt, revoir ce spectacle fantastique des arbres blancs sur fond de ciel bleu. M'en mettre plein les yeux et oublier tout ce qui ne va pas. J'avais dans l'idée d'enfiler un corsaire. Pour mordre la neige d'encore plus près. Ou qu'elle me morde, elle. Je ne sais. Mais ce matin, les petits flocons tombent toujours. Les heures de sommeil s'accumulent trop faiblement. Elles ne tiennent pas à mes cellules comme la neige peut tenir au macadam. Alors, on dira que, comme sur du verglas, je me suis cassée la gueule une nouvelle fois. Il n'a jamais autant neigé que cette année. Jamais. Et à voir toute cette neige, je l'embarquerai bien dans des camions énormes et je la déverserai sur les pistes de ski. Parce qu'ici, une fois en dehors de l'orée des bois, elle emmerde tout le monde. Elle s'enlaidit chaque seconde et tout le monde n'y voit plus que du mal. On pourrait la ramasser, dis. La ramasser et l'envoyer là où les gens sont heureux. Là où les gens la veulent. Là où elle est belle, utile et fantastiquement agréable. Oui, oui, viens. 

On va aller demander.

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 19 décembre 2010 à 8:56.

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