Perspective.Univers

Ebauche

Perspective. Mon Perspective. 

...

Te relire me rappelle les débuts à Nature. Tout ce que j'ai vécu, tous les doutes, toutes les haines, toutes les erreurs. Et puis je me vois, ... Un an et demi plus tard. Après avoir passé autant de temps avec eux. Putain.. 

J'ai pas de mots. Pas de mots. Nature est une histoire d'amour qui durera toute ma vie. Même si je ne leur parle pas, même si je ne prends pas de nouvelles. J'ai vécu ma plus belle année auprès d'eux. Et malgré tout ce que j'ai pu dire... J'étais le rayon de soleil de cette équipe. La Grincheuse. Mais la Vivante, la Folle. La Lumineuse. 

Relire tous ces mots, c'est comme retrouver un vieil ami. Une paire de chaussons. Son lit chez ses parents. J'ai passé un beau week end. Je n'ai vu personne mais il était beau.

Je suis à Bordeaux, maintenant. Et j'habite toute seule. Et Nature est à plus de 500 km de moi. J'en aurais dit, des choses. Et finalement, ... Quelle fin...

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 17 décembre 2012 à 0:48.

Et la peau qui pèse des tonnes et des tonnes. La respiration qui s'essouffle.
Il a fait très chaud aujourd'hui. Et ce soir, il ne fait pas plus frais.
Ce revirement de température semble hallucinant.
J'étais encore malade comme un chien la semaine dernière. 
Parce qu'il faisait froid.
Mais la chaleur ne durera pas.
Il pleut dès demain.

Extrait d'un Quotidien, le Mardi 28 juin 2011 à 2:03.

J'ai mangé avec C. ce midi. On a fini dans la cuisine, avec G., à se raconter des anecdotes.
Elles me cherchent. Me critiquent. Me titillent. Me prennent pour une idiote. Toutes, elles trois.
Finalement, çà m'énerve. Passer pour une idiote. Toujours. Pitié quoi.
J'ai pris dix minutes de pause en discutant avec E., dans la cuisine toujours.
F. et G., à nouveau, ont fini par nous rejoindre.
S. est du Nord.
S. va aller à la mer demain. Et moi. Hein. Et moi. Pourquoi je peux pas y aller? Parce que j'ose pas. Je pourrais faire deux heures de route. Et me retrouver avec tous les bobos à la con qui ont eu la même idée que moi mais absolument pas le même respect. Alors je fais pas. L'air iodé, c'est pour plus tard.
V. m'a appris à me masser les paupières dans le bon sens. Lui aussi, il parle tout seul.
B. est étrange. Mais apparemment, c'est un avis partagé.

Et puis ma belle J. a appris qu'une de ses amies était morte.

Il y a une seconde. Une seconde où tout se brise. Une seconde où tout ton monde est irrémédiablement changé. Modifié. Oublié. Plus jamais le même. Une seconde.

Il lui a fallu une seconde pour mourir.

Extrait d'un Quotidien, le Samedi 25 juin 2011 à 20:42.

Les jours s'entassent comme les Trucs sur le sol de ma chambre. Chaque soir amène son lot de bazar. Chaque matin, ce même découragement. Le temps est gris, maussade, pluvieux. Je suis de nouveau malade, épuisée. Je ne suis à nouveau que Douleurs. Emphase. Lyrisme. Les tournures françaises s'échappent de mes souvenirs. J'en tiens quelques brides mais le reste s'est évanoui. La douleur est lascive. Juste là. Sourde, désagréable. Ce matin, c'est Christelle qui m'a réveillée. Voix rauque, nez bouché. Je devais faire peur à entendre. Et elle et son timbre clair m'ont annoncé des formalités administratives. Moi qui croyait que j'allais me faire renvoyer, j'ai retenu le peu d'air que j'ai réussi à faire entrer dans ma cage thoracique jusqu'à ce qu'elle me dise que "non, on va faire ci, ci et çà pour que tu puisses bosser trois mois". Soit. J'ai relâché un peu d'air. Le peu d'air, en fait. Je me traine, telle une loque.

G. ne m'aime pas. G. aime bien faire monter la pression. G. adore montrer sa supériorité.

J'ai envie de dire Tant Pis. Aujourd'hui, ils sont en famille. Pas de petite nouvelle, pas d'erreur, pas de manip' qui énerve. Non, rien. Une ouverture de soldes agréable. Dur, mais avec une équipe qui connait son boulot. D'un côté, je m'en veux de faire des erreurs et d'être un vrai boulet. De l'autre, on me dit que je suis là pour apprendre. Je sais pas. 

Y'a un peu de soleil en ce moment. Beaucoup de vent.

Je sais pas. J'arrive pas à exprimer tout ce qui tourne en haut. 

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 22 juin 2011 à 16:17.

Je voulais te dire, vite fait, avant d'aller me reposer, que j'étais, finalement, la Reine des Occasions Manquées.

Toutes ces occasions que je devrais saisir, je ne les saisis pas. Elles m'échappent et elles ne se représentent plus jamais ensuite. Certaines me prennent par surprise et je tends les bras vers elle tout autant par surprise. Mais sinon, t'as vu, le fil qui nous relie fait que je rate beaucoup de choses. Je tiens trop bas. 

Là, je repense à eux deux. Ce n'est peut être rien mais pour moi, c'est tout. Et là, je sais bien que c'était une chance unique. Et que cette chance ne se reproduira plus. Jamais. 

C'est dommage. Elles sont nombreuses, finalement. Ces occasions comme autant d'actes manqués. 

Extrait d'un Quotidien, le Mardi 21 juin 2011 à 18:14.

Ah et puis, j'ai vu Paulhin, ce matin. Décoiffée, la brosse à la main, la veste de travers, les yeux encore dans le vague et le sourire déjà bien accroché. On s'est regardé. Il a une toute petite tête, en fait. Et il est plus grand que moi.

Et puis, j'ai pu lui faire un grand sourire. Et puis çà m'a permis de bien commencer la journée. C'est con, hein. Mon fantasme pour me tenir droite, un petit peu. çà prouve combien je suis incertaine, déséquilibrée. Aussi vive qu'un feu follet. Lunatique.

Mais.. dans les yeux, hein. Dans. Les. Yeux. 

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 19 juin 2011 à 0:01.

Envolée.

Tout
a
explosé
.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 15 juin 2011 à 19:33.

En fait, c'est juste de l'ignorance. Mes parents s'en foutent. Mais s'en foutent complètement. De moi, de mon futur, de toutes mes activités. Ils s'en foutent. Mais complètement.

Ils s'en foutent. Et ensuite, ils gueulent. Parce que j'ai pas réussi. Alors que j'ai eu aucun soutien.

Bref, encore une espèce d'injustice. Une de plus! Youpi!

Extrait d'un Quotidien, le Mardi 31 mai 2011 à 15:23.

Ecoeurée.

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 25 mai 2011 à 13:02.


Y'a des matins où tu sais..
En fait, non. Il y a des nuits où tu sais que la matin et la journée qui vont en découler vont être merdiques. Y'a des nuits comme celle de cette nuit où t'as juste envie de te découper les oreilles tellement elles te font mal et qu'elles te compriment le cerveau. Cerveau dont tu as besoin pour répondre à des questions dans des cadres minuscules. Il y a des nuits et des soirées qui écrivent la journée qui suivra. Journée-de-merde. J'ai du dormir cinq heures à tout casser, en collant toutes mes périodes de rêve et en coupant les passages où je me réveille, ouvrant et fermant la bouche tel un poisson hors de l'eau pour tenter de déboucher cette fichue oreille. Les passages où je me réveille parce que ladite oreille me fait mal alors que je viens de tourner la tête pour m'appuyer dessus. Les passages où bref. Vous avez saisi le topo.

Et il y a des matins comme çà où tout va plutôt bien et où il faut que tu prennes l'ascenseur pour prendre part à la vie, huit étages plus bas. Jusqu'aux portes vitrées de l'immeuble, çà va encore. Et puis t'arrives à l'arrêt du bus et t'as une grosse truie (non, pas moi. Je ne vois pas double) qui ose te jauger alors que t'as rien fait sinon te glisser entre son énorme cul et le panneau des horaires pour regarder l'heure de ton bus pour demain matin. Parce que oui, le matin, tu prévois déjà ta journée de demain. Tu fais des étapes groupées. Tu prévois les matins, le matin. Les midis, le midi. Et le soir. Le soir tu prévois rien parce que çà dépend plus que de toi. Bon, tu vas me dire çà ne dépend jamais tout à fait que de moi. Mais bref. Donc tu as cette grosse truie qui n'ose même pas bouger son cul aussi grand que la chine pour que je puisse lire un peu plus aisément que le nez collé sur le plastique. Qui, ensuite, ose te regarder et te dire avec les yeux que tu l'as gênée d'une quelconque manière. Autant dire qu'après avoir passé deux semaines cloitrée dans ta tour, le retour à la triste réalité est pathétique et pitoyable. Donc bus. En retard. Donc train. Raté. Donc métro. Bondé.

Le retour s'annonce épique.

Bon, je vous passe le reste de la matinée, c'est un ramassis de déchets. Et j'ai été suffisamment vulgaire et désagréable pour cet article. 

Je finirai seulement par un " où est ce que le prof d'anatomie a été cherché son sujet ? " parce que, sans rire, j'ai lu les questions et j'ai cru que j'étais devenue stupide. Soit, je l'accorde, je le suis un peu. Mais au point de visualiser tout mon cours dans ma tête et de ne pas arriver à mettre en lien le sujet avec les 95 diapos, j'ai envie de dire " c'est quoi c't'histoire ?!! "
Comme j'ai horreur de regarder mon poly juste après l'épreuve, je ne saurais jamais comment on pouvait y répondre. Mais ce qui est bien, c'est qu'il y a eu triche. Mais triche partout. A tous les niveaux. Sur tous les points de vue. Et çà aussi, çà m'a pas aidé à me sentir chez les Bisounours. Et certains ont réussi à répondre au sujet. Donc je suis stupide. Et surement pas prête. Mais bon, c'est passé pour cette épreuve. Me casser en deux ne sert. A rien.

Ah et pour finir, je suis arrivée en même temps que P en bas de l'immeuble et ce guignol a, de manière fragrante, préférer attendre dehors plutôt que de me croiser dans le hall. C'est cool. J'adore.

Oui, je prends tout au premier degré. Mais la sensation de rejet total et incompréhensible qui va avec cette attitude, excuse moi, mais j'ai le droit de la ressentir.

Ah et j'ai une autre question aussi. Mais tu sais, le genre de questions qui s'insinue, qui te tord tous les boyaux et qui te donne juste envie de t'ouvrir les veines dans le doute. Chou' a refusé de me donner le nombre de comprimés requis pour réussir son suicide. J'en conclus que c'est une forme de protection. M'enfin, je pourrais toujours en avaler plein. Mais les gros, c'est dur tous d'un coup. Alors il me faudrait des petits bien massifs.

Ah et puis je pense à l'année prochaine aussi. Je n'y crois tellement pas que je me cherche d'autres choses à tester. Je pourrais, après tout.

Et j'adore les cafés. Je crois que j'aurais envie de tenir ou de faire partie d'une équipe comme çà. Là où les gens viennent pour se reposer, être bien, etc.

Je pense toujours à l'humanitaire. L'étranger. J'en sais rien. Mais il me faudra un truc l'année prochaine. Je ne suis pas sure que mes parents acceptent aimablement de me laisser glander lamentablement toute l'année. Et moi, je pense que je deviendrais dingue au bout de deux semaines. Donc. Misère. Des plans B, C, D. X!

Tout m'écoeure.

Extrait d'un Quotidien, le Jeudi 12 mai 2011 à 15:55.

N'empêche que c'est classe. On peut continuer à poster même sur un blog hors ligne. çà dépote mon pote. J'adooooooooooooore. Cette liberté phénoménale. Libérée de tous les regards. Mais publiés quand même parce qu'ici, c'est mon journal. Journal plus sympa et entouré d'autres journaux qui n'y ressemblent pas. Mais quand même. Oulà, me voilà très contente. Je me souviens qu'une fois, il m'avait dit " je t'ai bloquée, tu sais ". J'avais ressenti un vide monstrueux. Maintenant, j'ai honte de moi. Alors je me tais. Je me trouve tellement stupide et pathétique que je me tais. jamais les bons mots, jamais les bonnes attitudes. Jamais rien. Je suis fatiguée. J'aimerais être là pour lui mais je me sens tellement conne. Tellement. C'est assez atroce à chaque fois que je dois taper une réponse. J'arrive pas à travailler. Le cours me plait pas. J'y aurais passé toute la journée. C'est nul. Médecin ce matin. J'ai rendez vous chez un gastro. Je me sens trop fière. C'est con, hein. En arriver à souhaiter qu'il vous annonce la mort dans deux mois pour pouvoir dire merde à tout et vivre comme je l'entends pendant deux mois avec la bénédiction de tous. Et arrivée au bout de deux mois, me faire " c'était une blague. Mainntenant, tu retournes dans la vie ". D'un côté, heureuse d'échapper à la mort. Heureuse d'avoir vécu. Mais de l'autre, la mort dans l'âme comme un retour de vacances. Proportionnel à la qualité de tes vacances. Autant dire que. çà s'annoncerait bizarre. 

Extrait d'un Quotidien, le Mercredi 4 mai 2011 à 20:06.

Comme prévu, je n'ai plus mal. 

Youpi. Le médecin demain, çà va promettre. " En fait, j'ai eu mal. Mais vous êtes tellement bourré à craquer que maintenant, j'ai plus mal". Comment qu'on fait, vous me faites pas payer et je reviens la prochaine fois avec une douleur?

C'est fort chiant. J'ai mal en dessous. Mais rien à voir avec hier ou avant hier ou avant avant hier.

Extrait d'un Quotidien, le Mardi 3 mai 2011 à 15:31.

Parce que j'ai réalisé après que j'avais lancé en grande fanfare que mon corps n'était pas parfait. Etait loin d'être parfait. Je réalise çà comme çà, au détour d'un énième regard sur cette photo. Et après tout, je me dis Pourquoi pas? Mon corps ne l'a jamais été. Et cette fille qui pose là, j'aime bien penser qu'on est sosies. Qu'elle a ouvert la voie pour moi. J'aimerais bien savoir où elle a pris la photo. Y'avait quelqu'un pour tenir l'appareil derrière, en plus. Moi, y'aura personne. C'est un peu triste. A vivre, j'aimerais vivre çà à deux plus tard. çà doit être immense d'être deux, embarqués dans la même histoire de Vie.

Tout çà pour dire quoi? J'ai oublié. Cette photo m'étrange. Tu permets que je te l'emprunte? Je vais la glisser ici aussi. Pour je ne sais pas trop quoi, ni pourquoi. Tant pis, on a pas besoin de raison.

Ici, se trouvait mon sosie. 
Je ne peux peut être pas l'utiliser ailleurs sur le public
mais je peux la garder pour moi. 
Ce qui est finalement, le plus important.

En plus, tu vas rire mais j'ai une chemise/tunique de la même couleur que la sienne.

J'aimerais écrire différemment aussi. Mais çà, c'est une autre histoire. Mon père dit que j'observe tellement les gens, que je saisis chaque fois l'étincelle qui fait que. Qui fait que, selon lui, je devrais écrire des livres. Il dit que j'ai du talent. Plus il me le dit et plus je me dis le contraire. J'essaie de préserver les étincelles. Tout en gardant tout au fond, ma capacité à raconter tous les soirs, ce que j'ai vu partout où je suis allée.

Mon frère grandit. Il prend exemple sur moi. çà aussi, c'est étrange. Suis-je un bon exemple? En tout cas, j'aime bien l'humour qu'il développe. Il est vif et souvent, on se retrouve à faire Stéréo. Dire les choses en même temps. 

J'ai rendez vous mercredi matin. D'ici là, pourquoi je viens écrire ici moi ? 

http://perspective.univers.cowblog.fr/images/Bazar/Ausautdulit1.jpg
Une prend des risques et vit des choses fantastiques. L'autre, pour le moment, fait une étape après l'autre.

Et je réalise que je viens à nouveau de raconter des vérités enfouies. D'insister sur elles. Tant pis. La vérité libère.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 2 mai 2011 à 9:57.

Le coeur au bord des lèvres et cette douleur qui ne veut pas disparaitre. 
Des mots dans un livre de poésie. Je ne comprends pas grand chose à la poésie. 
Mais j'aime bien chercher le sens caché. Sauf quand il me manque les références. 
Là, je dépite.

Que raconter des crises de larmes et d'épuisement?
Rien. On ne racontera rien.

Les petites araignées ne me font plus peur. Je les chasse sans hurler.
Presqu'avec colère.

Celles faisant la taille d'un impact réparable puis non réparable chez Carglass, par contre..
Hurlements, cris et fanfare ahurissante sont au programme.
Violences et gestes démesurés aussi.

Comme avec les souris.

Dans les moments de panique, quand le cerveau ne réagit plus qu'instinctivement,
même un bout de bois desséché aurait la souplesse d'une tige de roseau.

Le cerveau.

Il me faut continuer à travailler.

Je suis tellement mais tellement dans la merde.

Je me hais. Mais je me hais tellement fort.

J'avais un mois. Il me reste 1 semaine et quelques jours.

La haine qui prend toute la place.

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 1er mai 2011 à 0:17.

Ah et je n'en peux plus d'être jalouse. 
Je n'en peux plus de ne pas avoir tout ce que les autres ont.
Je n'en peux plus. 

C'est très simple.

A croire que où que j'aille, il faut que je tombe sur des gens qui vivent mes rêves alors que moi, je reste comme une pauvre conne coincée dans mon béton que j'ai fini par haïr de toutes mes forces. 

C'est très simple.

Les limites qui s'atteignent les unes après les autres. Il y a deux choix. Deux sorties possibles.

Extrait d'un Quotidien, le Mardi 26 avril 2011 à 1:59.

Il serait temps d'allumer le moteur. De glisser la clé dans le contact. De choisir une voiture. De penser à une voiture. D'imaginer prendre une voiture. 

Il me manque tellement de choses dans cette vie. Encore cette impression continuelle d'être à deux doigts de la réalité. A deux doigts de la vérité aussi. C'est frustrant. De ne pas arriver à mettre des points sur des i ou au bout d'une phrase. C'est fatiguant de se dire que j'ai 21 ans. Que j'ai des milliards d'expériences à vivre, qu'il serait temps que je m'y mette et que je remette tout à "plus tard" quand je serai capable d'en profiter. Mais ce Plus Tard. Où est il, bon sang? Je repousse tout, tout le temps. Le plaisir m'a déserté. Je vais vite, je fais les choses vite. Le temps pour moi? Surtout, le moins possible. Un manque de temps en hausse. J'ai été chez le coiffeur vendredi. Je crois ne l'avoir jamais dit mais j'aime y aller. Pour le plaisir de voir Léa s'affairer sur mes cheveux fins. A couper, recouper, secouer, sécher. J'aime bien quand elle met son coude sur ma tête pour être à même de découper. j'aime bien voir la pince attacher et détacher mes cheveux. C'est une heure où je ne pense à rien d'autre qu'à suivre ses mains. Le sèche cheveux. La pince. Un instant tout bête. Mais le seul finalement, que j'apprécie à sa juste valeur. Parce qu'il est rare. Des années qu'elle nous coiffe. 

Et là, il faudrait que je dorme bien sur. Mais mon ventre me fait mal et le sommeil m'a deserté. J'aimerais me rendre compte qu'il me reste deux semaines. Avant qu'il ne soit trop tard. 

Mais non, il sera trop tard quand je m'en rendrai compte. Forcément. Comme d'habitude.

Parce qu'à 1 heure et cinquante minutes du matin, elle fait encore beaucoup, beaucoup, beaucoup.

Extrait d'un Quotidien, le Mardi 26 avril 2011 à 1:52.

J'aime pas quand Elle dit qu'Elle préfèrerait finir comme çà plutôt que comme Lui. J'aime pas quand Elle s'avance avec des cernes aussi grandes que des valises sous les yeux avec un petit filet de voix. J'aime pas quand Elle tousse et qu'Il tend la main vers Elle pour La soutenir. J'aime pas quand Elle dit de son filet de voix qu'Elle a envie de voir nos fleurs. Alors qu'on est qu'en Avril et que les plus beaux jours fleuris sont passés. J'aime pas quand Elle commence à vouloir nous voir plus souvent mais sans insister ni plaisanter. Avec un petit filet de voix qui dit combien tout est vrai et que les minutes ont commencé à se compter depuis le 22 Avril. C'est tout nouveau et il faut apprendre à vivre avec Elle et çà. Parce que, d'un coup, la signification du terme Cancer vient prendre toute la place et toute la réalité. Chez Elle, femme de voix, d'ambition, de détermination et d'energie, le cancer est une tâche qu'il va falloir frotter encore et encore. Elle a les vêtements qui pendent sur Elle. Elle, si élégante et si belle, laisse pendre des vêtements sur Elle. Y'a des baffes qui se perdent mais aussi des baffes qu'on aurait jamais du prendre. On va faire un effort, hein, Granny. On va tenir nos promesses et essayer de venir t'épauler comme il faut. Bande de dignes, enfilés dans leurs inconnues et leurs incertitudes, on va pallier. Mais pour le moment, on en parle pas. On te dira juste qu'on t'aime.

Elle, c'est une grande Dame. Envahie de petites cellules maléfiques.

Extrait d'un Quotidien, le Lundi 25 avril 2011 à 17:47.

Partir à mille lieues d'ici. Prendre les Bottes de Sept Lieues et avaler les kilomètres par enjambée. 
Il y a deux ans, j'ai passé mes derniers partiels de médecine. Il y a trois ans, je passais les premiers. J'avais été à l'une de ces fameuses fêtes énormes avec C.. Elle ne s'y était pas plu et on avait surement trop bu. Le lendemain, à six heures du matin, après deux ou trois heures de sommeil, gueule de bois et fatigue phénoménale, je prenais la route, assise à côté de mon cousin. Prête pour rallier le Sud. J'ai passé un mois entier là bas. A vivre, respirer, penser de nouveau comme avant. J'y repense ce soir parce que çà a du être l'un des plus beaux voyages de toute ma vie. Beaucoup le disent et moi, je le pense aussi. Ce n'est pas la destination qui compte. Ni l'arrivée. Ce qui compte, ce sont les minutes qui constituent le voyage. Vivre les voyages. Vivre les heures qui séparent le départ de l'arrivée. Les heures suspendues où plus rien n'existe alentour que la route, les rails et les paysages. Les rencontres. Les blagues. Les galères. Les arrêts. Les moments de mélancolie tenace. Les instants uniques avalés par la vitesse.

Juste des heures passées en transit où on ne peut rien te demander. Où tu n'es lié à rien. Plus à ce que tu quittes. Pas encore à ce que tu rejoins. On discute de l'été, en ce moment. Je dis "Vous". Je n'arrive pas à m'inclure dedans. Je veux du fond de mes tripes tout ce que je voulais timidement l'année dernière. 

Extrait d'un Quotidien, le Dimanche 10 avril 2011 à 23:44.

Et que je te dessine sur Paint, des dessins de maternelle pour les besoins d'un compte rendu. Que je te ris en plein visage tellement ce que tu dis peut être fantastique. Et que je te pleure dessus parce qu'Avril, c'est comme çà. Trop de fleurs tuent le maquillage ultra élaboré du matin. Et que je te dis de regarder en l'air tellement le ciel est bleu sans tache ni trainée blanches. Et que je te dis tout ce que je ne te dis pas.

En ce moment, c'est pas le Bonheur. Mais presque. C'est presque un bonheur. Parce qu'il est irréel, inconcevable et inconstant. Surement que je suis un peu avec Elle sur cette plage là bas, en Normandie. Surement aussi parce qu'il fait chaud, beau et que çà braille à tous les niveaux.

Non, y'a pas de raison pour expliquer le bonheur. Sinon, vaincre ses peurs, savoir qu'on le choix. Faire ses choix et avancer jusqu'à la prochaine galère.

Vous savez que mardi dans deux semaines, je vais renouer avec les dissections. Surement que parmi mes lecteurs, beaucoup me trouveront glauque et sadique. Dérangée de me réjouir comme une enfant devant un tour de manège, de savoir que Mardi dans deux semaines, je vais renouer avec la pratique. Vous savez, si j'ai fait médecine, j'avais surtout comme envie phénoménale et comme but premier de me propulser jusqu'en D1 pour réaliser la dissection d'un corps humain. Je suis en L3, je n'aurais qu'un rat. Non, pitié, ne venez pas m'incendier, me haïr ou que sais je encore. J'aime la dissection. Savoir comment est composé un corps, comment tout est relié ensemble. Voir de mes propres yeux la mécanique époustouflante qu'il y a derrière une poitrine qui se soulève, des jambes qui marchent. C'est la curiosité de voir en pratique tout ce qui est annoncé en théorie. Je vais travailler sur  le cerveau. Certes, çà ne sera pas bien gros. Certes, çà ne sera pas ultra évident. Mais une dissection vaut tout les discours théoriques. On devrait passer son temps à disséquer. Pour bien voir comment tout est fait. Après, certains n'aiment pas. 

Les choix de master se précisent. J'ai plusieurs pistes. Aucune entrave sinon financière.

Je suis en retard, il me reste un compte rendu à faire. 

Extrait d'un Quotidien, le Samedi 9 avril 2011 à 18:16.

Parce que j'ai passé trois après midi fantastiques.
Qui ont tout rattrapé.
Des heures passées à toute vitesse.
Des heures passées avec des gens géants.

On a réussi.

Maintenant, c'est fini.
 Respiration et bref soulagement.
Pour replonger à toute vitesse.

Mais goûter, fous rires et bonne entente.

Brève.
 

Extrait d'un Quotidien, le Vendredi 8 avril 2011 à 23:34.

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