Le mot s'affaisse. Le temps dévale la pente de la déchéance. Perdre les touches du clavier. Se balancer des mensonges dans la tête. Barrer, enfin, quelques éléments. En commencer d'autres. En gribouiller d'autres. Se languir. Se maudire. S'adorer. Se dire que finalement, j'y arriverais jamais. Se dire que j'ai tout faux. Se dire que je suis une horrible personne. S'empâfrer. Se trouver malade. Ne plus rien supporter. Enfin pleurer. Vider son sac dans des larmes amères sur le mur du couloir. Prendre un bus. Effacer un sourire. Faire les choses. S'organiser. Essayer de prendre une bouffée d'air d'ici, de là. Souffrir dans sa chair comme dans sa tête. Se trouver à des milliers de kilomètres. Penser à lui, m'imaginer ses yeux. Voir ce qu'il voit. Ressentir ce qu'il ressent. Partir. Partir en lui et respirer un peu mieux. Comme une main invisible. Un deuxième coeur qui battrait en lui. Des poumons plus grands pour avaler tout cet air iodé. ici, il fait gris. Même hier. Le soleil a si peu tapé hier. Mal au coeur. Du gris souris, c'est beau que sur un chat aux yeux verts. Tartiner le ciel de bleu. Mourir étouffée. Penser aux photos. Essayer de lui en demander. Partir et savoir que çà sera sans lui. S'accrocher à ces putains d'espoirs trop durs, râpeux et coupants. Se bousiller les mains jusqu'au sang. Casser ses ongles un par un. Voir les cals se former. Oser ouvrir un livre. Prendre un stylo. Rire devant un téléphone. Trouve les gens qui sourient en lisant un texto, magnifiques. Des fous rires qui manquent. La solitude qui reprend place. Tout le cycle qui reprend. On s'est cassé la gueule. Mais j'essaie de m'infiltrer en toi. Pour respirer l'air d'Ailleurs. Où le mot gris, pollution et mocheté sont loin de la vérité. Jamais. ecrire Peut être un jour mais ne pas y croire. Trouver le silence et l'absence un peu long. Se raccrocher à la vie d'Ailleurs. Se dire que ce n'est pas si important que çà. S'effacer. Se poser plein de questions. Perdre son temps. Bloquer les commentaires. Les publications. Les vérités s'effritent. N'avoir le temps pour rien. Lire quelques minutes avant de dormir quand le cerveau est trop fatigué pour autre qu'imaginer une vie Ailleurs. La vie d'Ailleurs. Je la répète. Un jour peut être. Je commence à prendre une décision. Une toute petite. Filer le temps pendant qu'il me défit. Bloquer le stress. Etre malade de trop manger sans savoir vomir. Accumuler des lettres de motivation, des CV, des sourires et des questions. Essayer de penser que çà sera pas la même chose. çà sera la même chose. Haïr profondément sa mère. Se savoir pénible, affreuse et insupportable. Ne pas savoir où fuir. Ne pas savoir où arrêter de faire mal au monde qui l'entoure. Plier sous le poids des reproches mensongères et fausses. Plier sous le coup de cris, d'insultes et de morceaux violents de vie. Raconter n'importe quoi. Se savoir ennuyeuse. Perdre sa vie, son rôle et sa fonction. Pourquoi ne pas pouvoir mourir? Les accidents graves de voyageurs me permettent de finir mes livres. Ces Accidents étaient des gens. Vivants, heureux, devenus vides de sens et de vie. Mortellement atteints, ont rejoint la Mort. Trouver pathétique et horrible de réduire l'Être humain découpé par un train à un Accident Grave de Voyageur et un temps de répit pour continuer à lire. Horrible, n'est ce pas? Qui a de l'empathie pour ces âmes découpées? Tous sont là à crier leur rage, leur colère et leur désespoir de ne pas rentrer chez eux à l'heure. Parce qu'un Accident Grave de Voyageur bloque les trains entre telle gare et telle gare. Se dire que le corps se trouve là bas. Donner une réalité atroce à un texte abstrait sur fond jaune, le soir en rentrant. Les écouter pester. Ne pas savoir où est la vérité. Continuer à lire en se disant que çà y est, cet Accident est débarrassé de la vie qui lui faisait si mal. Et, croyant au Paradis, je l'imagine là Haut et lui dit A bientôt. Tout en lisant mon livre, en ne disant rien. En écoutant sans écouter. Ecoeurée. Toujours dire le contraire de ce que je pense. Ma spécialité. Je me suis attirée de nombreux regards, commentaires et réfléxions méprisantes à ne pas savoir communiquer avec les Autres. C'est fichtrement désopilant. Rire de tout, de rien. Se taire tellement l'envie de hurler prend les tripes, mon coeur, mon ventre et mon âme. Me concentrer sur mes urgences, oublier le reste. Ecouter de la musique électronique sans profondeur pour travailler. Aimer. Se savoir foutue et foncer tête baissée vers. Accident Grave de Voyageur supplémentaire. Le conducteur est à plaindre.
Perspective.Univers
Ebauche
Etat de Crise, le Dimanche 3 avril 2011 à 13:13.
Alors ?
Par Kyra le Lundi 11 avril 2011 à 15:04
Sans savoir combien de fois j'aurais voulu être cet Accident Grave de Voyageurs.
Recueil
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