Et l'impuissance est impuissante. Les mots ne valent plus rien. C'est pas ici que je devrais être. Je devrais être une amie. Une véritable Amie.
Mais l'ai-je déjà été, hein?
Je devrais être intransigeante. Insupportable. Casse pieds à défaut de casser autre chose. Taper du pied pour que des fesses se bougent. Je devrais être là bas, à tenir une main et à avancer. Sans rien attendre de plus. Si tu savais, putain. Si tu savais. Ce serait seulement un don. Une action comme d'autres. Une amie. Mais rien, je m'énerve sur ces mots si faibles pour rien faire de juste.
La vie se passe huit étages plus bas. Et les bourdons/abeilles/guêpes pleuvent sur mon balcon. Ils tombent, restent sonnés quelques minutes et repartent en faisant des ronds. Sans même se cogner. Ils tombent. Bzzt. Mes roses sont laides à faire peur. Le vent les a effeuillées.
Et tu sais, je n'ai aucun espoir. Je prends les choses comme elles viennent. Je fais des projets. Mais jamais sur trop loin. Parce qu'on ne sait rien de où on sera dans trop loin. Plan A, plan B. Toujours. Et en attendant, cette impatience, cette impuissance qui m'écartèlent.
L'impression d'être complètement à côté. Loin. Dans cette salle avec Elle. Là bas. Au bord de la mer, tiens. Plein jour ou pleine nuit, tenter de vivre et de ressentir. Parce que finalement, je ne ressens rien. Il n'y a aucune étincelle. Aucun pétillement. Des éclats de rire brefs qui donnent envie de pleurer. Des coups de gueule désespérés pour tenter d'entendre sa voix. Et le reste du temps, je suis atone. Mes mots sont vides, faibles. Encore une fois, tout ce que je ne peux pas faire prend toute la place.
Si tu savais à quel point j'aimerais la mer là. Si tu savais. C'est physique. J'aurais pu y être dans deux jours. Mais bien évidemment, mon projet n'a pas abouti. Je la veux tellement que les cris des enfants de l'école maternelle ressemblent à ceux des gamins qui courent au bord de l'eau. Que l'autoroute a des allures de mer ronflante et que les mouettes.. sont des mouettes au dessus de ma tête.
Bref. La mer. Longue histoire. C'est l'une de mes seules certitudes, figurez vous. Arriverai-je à la vivre? çà, çà reste entre mes mains.
Il me reste encore des cours. Demain, neurobiologie. De 11h à 13h.
Et après demain : Sciences Cognitives de 9h à 10h puis biochimie de 11h à 13h. Et ensuite.. waw, le grand vide. Même pas sûr que je reprenne le chemin de l'école en Septembre prochain.
...
Mais j'suis pas encore assez forte.
Bientôt.
Je crierai à m'en faire péter les cordes vocales. Je vomirais le gâchis, la haine, la détresse et le mensonge. Et je garderais pour moi ce cinglant Pourquoi? Qui joue avec les parois de mon crâne comme une balle de ping pong rebondissant entre deux raquettes. Je le ravalerais. Parce qu'un adieu n'appelle aucune explication. Il n'appelle que des questions sans réponses, des douleurs qui doivent être enterrées et de souvenirs qui pourriront jusqu'à la moëlle tout ce que tu as pu vouloir saccager.
J'y arriverai. Aux quatre vents, je prends ma voix pour la porter là où elle ne sera plus entendue. Juste pour le plaisir de hurler à m'en déchirer les cordes vocales, pour avoir mal. Manquer d'air. Manquer de tout et me sentir en vie. Oh oui. Cacophonie de sons qui finiront par sortir. Bouillonnant de morsures.
Je me suis trop accrochée. Je ne suis plus rien. Il serait temps d'ouvrir en grand les yeux. D'accepter et de s'en aller. Dignement. Se construire plus loin. Loin de toute cette.
Je prendrais ton adresse mail, juste pour dire " je n'en peux plus. Mais j'ai souri en lisant ce "c'est un peu prétentieux" à côté de cette proposition pas si prétentieuse que çà ". Je n'en peux plus mais tu vois, les sourires viennent encore. L'incontrôlable inconsistance de ma chair. De mon psychisme. Le sommeil devrait être là. Il n'y est pas. çà chamboule. çà dégouline, çà gribouille. çà vomit encore et encore à l'intérieur. Gosier en feu.