.. ce qui s'appelle un coup de grâce. Relevé, enlevé, explosé. Qui fouette le sang et qui se fait oublier. Tout doucement. Paisible, reposant.
L'absence douce. Le sourire mutin. L'enlèvement. Et le sourire de cette fin de soirée.
Rien ne va, vous savez. Je n'arrive pas à vivre l'instant. Surement que je me mens jusqu'à l'overdose. J'explose au comptoir, au plus près de mes aspirations. De mes souhaits. Arracher un sourire. Les faire sourire. Leur apporter une infime pause. M'oublier dans leur sourire. Leur apporter çà. Je crois que personne ne se rend compte. Je pensais avoir oublier toutes ces idées suicidaires et en fait, pas du tout. Le comptoir m'aide comme jamais. Les jours passent plus vite mais je leur apporte, j'essaie, tout ce que je peux. Parce que çà ne durera pas. Qu'un matin, je me releverai pas. Qu'un soir, je me coucherai. Ou qu'un après midi, je baisserai les armes. C'est juste à côté. Toujours à côté de moi. Tout près.
Et j'ai réalisé que parler ainsi à tous ces gens m'avait aidé. Ce midi, dans le bus, je me suis amusée avec ce bonhomme. Que je ne reverrai jamais. Que je ne contacterai jamais. Mais je m'en foutais. J'étais moi et je riais. Parce qu'il était amusant. Très con, mais amusant. Et pour la première fois, je me suis dit.. Et pourquoi pas?
T'es belle qu'il m'a dit. Le compliment a glissé. Je ne l'ai pas cru. J'ai seulement souri. Suis passée à autre chose.
Il est minuit pile. Demain, je travaille de 11h à 19h. Avec les deux J.
Et le comptoir fait une barrière qui me rend différente. Qui me permet d'être moi. Sans m'occuper d'Après. Je suis, sans question aucune. Le repos.
J'ai pleuré à un autre comptoir. De fatigue, d'angoisse et de déception. Le pouvoir des transports et de la ville.
Il est surréaliste d'avoir dans les oreilles la mélodie du roulis de la mer et sous les yeux, le monde fourmillant d'un centre commercial clos, fait d'acier, de plastique et de néons agressifs. C'est.. surréaliste.
Et j'ai réalisé que j'avais le droit de me perdre. Que je m'en sortais plutôt bien. Qu'il y avait pire et que j'avais le droit de souffler si jamais j'y arrivais pas. Faudrait que je profite de mes 21 ans. J'aimerais devenir capable de voyager. Enfiler mes clic et mes clac sur mes épaules et me lancer ailleurs.
Tu vois, oser. Comme tous ces gens. Ne dépendre de personne et vivre de silence. Pour mieux apprécier de revenir. Ou pas. J'en sais rien. Mais j'ai des achats à faire. Comme des achats pour meubler un studio. Pour meubler mon studio mobile. Mes trois mètres carré et l'immensité des étoiles pour plafond les jours de lune.