Comment dire? On ne peut pas dire. Y'a des trucs, comme çà où t'es tassé. çà te dépasse tellement que tu perds douze centimètres en te redressant le plus fièrement possible face à l'avalanche. Y'a des choses qu'on ne pourra pas changer. Des douches glaciales qu'on continuera de prendre au point de se noyer. Il y aura toujours des gestes qu'on ne pourra pas faire. Moi, les mots, çà m'encombre au bout d'un moment. Les mots ne sont pas mes amis. Je sais pas quoi en faire et en général, quand ils prennent sournoisement leur indépendance à l'instant même où je perds le contrôle sur eux, je m'en mords les doigts ensuite. Les mots prennent trop de place, bloquent la gorge et font mal quand ils refusent de sortir. Alors y'a des gestes. Où la bouche reste close et c'est tout le reste du corps qui parle. J'ai des solutions plein les poches. Mais pas une adaptée à cette situation. Pas une seule. Pas une seule qui me satisfait avec les moyens du bord. Et pourtant, c'est pas faute d'essayer. Mais je ne sais tellement pas comment faire. Le prendre. Que je m'embourbe dans ces mots Gaudillots.
Gaudillots. Gavroche. Je voulais mettre des mots Gavroche au début. Et je me suis souvenue que Gavroche est ce bonhomme agile qui tentait sa vie dans.. les Misérables? Je ne me souviens pu. Je vois seulement la scène de ce film. Le gamin rieur fauché en pleine rue. J'oublie pas. Sauf le nom du film. Le nom de l'oeuvre. Mais des mots Gavroche seraient insolents, impétueux, rieurs. Mordants de vie. Qui pourraient le secouer.
Mais non. Pas les miens. Moi, j'ai perdu le contact il y a très longtemps maintenant. J'ai perdu toutes mes certitudes et j'ai bâti un empire autour de ma tête, de mon coeur, de mes tripes. Pourtant, je prends encore des douches froides. De sacrées douches froides. Il y a quelques temps encore, je te l'aurais secoué sans aucune pitié. J'avais confiance. J'étais en confiance. Je savais qu'il savait que j'étais là pour lui, pas pour lui jeter la pierre mais pour lui faire bouger ses fesses. C'était Avant. Et maintenant, j'en veux horriblement à cette situation " Cul entre deux chaises ". J'hésite, je me casse la figure et j'essaie. Mais je me plante. Je me mets minable. J'arrive pas. Y'a pu le lien d'Avant. Il a été complètement déchiqueté. J'essaie de rassembler les morceaux. Mais j'y arrive pas. Il en manque trop.
Pourtant, j'ai vraiment envie d'être là. Je l'ai marqué, je veux tenir cette promesse jusqu'à ce qu'elle ne soit plus valable. Et encore une fois, je passe pour une fille que je ne suis pas. C'est fatiguant. Et c'est dans ces moments là que j'appelle mon corps à la rescousse. Il est peut être pas beau mais il est présent et réconfortant. C'est même pas de la prétention. J'ai trop servi de nounours pour ne pas reconnaitre cette qualité à mon corps.
Dehors, c'est la Tempête. Tornade, tu crois?