Perspective.Univers

Ebauche

Et je dors les volets grand ouverts. Pour ne plus rater les nuits comme celle ci où les nuages traversent le ciel, ombres métallique en contre nuit. Une nuit claire, limpide. Ronde ou plus. Une nuit de plein jour. Comme rarement j'en avais vu. Ils sont là et le sommeil me manque. Je pense à tellement loin. J'ai tellement envie que tout déborde. La vie reprend le sens que j'avais perdu. Envie, envie, envie. Je lis toujours ce livre sur la mer. Sur ce navigateur. Je le lis dans le train et les à coups des rails deviennent le branlant d'un bateau sur la houle. Je le lis dans le train et bien au sec, je peux en ressortir, trempée, balayée par une vague immense qui aurait tapé le bateau entre la virgule et le point. Le temps de tourner la page. Je le lis dans le train et le béton, le gris, toute la ville disparait et je viens m'effriter contre les parois rocheuses abruptes et terriblement dangereuses de cette Ecosse. Je le lis dans le train et à descendre à mon arrêt, je m'inscris une évidence à l'intérieur : ma vie n'est pas ici. J'écoute des assemblages de musiques trouvés au hasard. çà varie. Mon besoin récurrent de nouveauté est rassasié. Et j'ai 21 ans. Vingt et une années passées sur Terre. La vie qui n'a pas pris son envol. La vie qui passe comme une chose due. Comme une chose qui ne s'arrêtera pas ou dans longtemps. Presque. Penser comme à mon habitude que tout dure, que tout est loin que le temps est là et bien présent. Que je l'aurais, ce temps. Mais non, rien. Tout file à toute vitesse. Tout s'entasse, se liste, se coche, se surligne. Et j'ai vingt et un ans. J'ai réalisé tellement de choses par ce message de M. On a vingt et un ans, toutes les deux. Et, elle a déjà une fille qui gigote. Et je me dis que dans deux, trois, quatre ans, les bébés arriveront en masse dans mon entourage. Que dans deux, trois, quatre ans, où est ce que j'en serai ? Est ce que j'en aurais un, aussi ? Et je me dis que vingt années sont déjà passées. Vingt. Chiffre énorme à l'échelle de la vie humaine. J'ai oublié mon âge d'un coup. Quel âge ? Les jours passent dans une telle indifférence. J'ai perdu le compte des jours, des mois et des années. Sans rire. A faire le calcul, 89 - 2010, çà me donne vingt et un. 21. N'importe quoi. Dans ma tête, j'ai toujours 17. 17! L'impression terrifiante que la vie continue mais sans moi. Que je contrôle réellement rien et que tout s'échappe. Cet âge qui représente tellement rien. Ou tellement de choses justement. J'ai 21 ans. J'suis une adulte. Je suis censée en être une. Pas moyen. Les choses perdent leur réalité, vous savez. Parfois, je me dis que vraiment, vraiment, je suis malade. Malade mentalement. Qu'il me manque quelque chose. Que quelque chose se détériore et que je me perds toujours plus. Et vous savez, je n'en peux plus des informations. La guerre, la mort, la violence. J'en peux plus des émissions.  Un matin de cette semaine, j'ai ouvert le 20 minutes dans le métro. Ou peut être était ce Direct Matin. Je ne sais plus et on s'en fout. Et.. Et.. pitié, sauvez moi. Je suis tombée sur la photo d'un beau jeune homme. Je suis tombée sur un titre en caractères énormes. La politique du choc. L'homophobie, la torture. La violence. Enchainé sur cette histoire affreuse d'un homme torturé pendant dix ans sur son lieu de travail. Enchainer avec les immolations. Les viols, les assassinats. Il y avait une émission sur la huit, il y a peu. Je voulais la regarder, essayer de voir si les journalistes arriveraient à expliquer. Le programme était alléchant : meurtre dans le RER D, couple calciné, ce fameux homme torturé et la femme devenue braqueuse. Et, çà a commencé par le RER D. Et j'ai pas tenu. J'ai rien tenu. J'ai explosé sur mon fauteuil. Nausée, répulsion, horreur même. Le non sens terrible qui bloque mes raisonnements. Pourquoi çà existe ? Comment çà peut exister ? Pourquoi cette fille ? Pourquoi juste elle ? Pourquoi ce gars torturé pour avoir dit qu'il en trouvait un autre "mignon" ? Mais bordel, où c'est qu'on est ? Je peux pas, vous voyez. Je peux pas, je fais de mon mieux mais je peux pas. Je peux plus. J'ai aucune envie de changer le monde ou de me prendre Révolutionnaire. Non, je veux espérer pour juste moi. Juste moi et les gens qui me sont chers. Alors, quand ce message de M est arrivé, j'ai dit non dans ma tête. J'ai compris chaque terme, chaque ressenti. Le nombre de morts est un chiffre sans réalité. Les immolations, pareil. Même les tortures ou la barbarie ne s'impriment plus. Restent ... Les raisons des actes. Les pourquoi. Restent les horreurs. Les dégradations. Les violences. Tout cet amas d'horreurs qui semblent ne jamais faiblir. Alors, faut pas leur tourner le dos, mais faut leur donner une toute petite place. Remplir le reste avec des rêves, des espoirs. Des certitudes de bonheur. Des trucs d'Ailleurs. Mais certains soirs.. Certains soirs, on baisse les bras et on a la mort qui nous colle aux basques. Certains soirs, je suis dépassée et certains soirs, je mange de la peur. Certains soirs, le danger n'est pas que dans la boite à images. Il est juste à côté. Dans la rue, dans la forêt, dans le sourire d'un homme connu pour être dangereux. Homme se baladant en liberté. Il est juste à côté dans l'histoire de viol à V2. Dans le rackett, les exhibitionnistes dans la forêt. Tu peux plus rien faire sans que la violence et le désastre cognent à ta porte. Tu ne peux plus rien faire. T'encaisses et t'es trop con d'encaisser. Mais tu peux pas oublier. Tu sais tout çà et çà te bloque. çà t'empêche de respirer. T'as toujours la peur. Alors, comme l'être humain est du genre Roseau ( il plie mais ne cède pas devant la tempête ), il encaisse et il se construit des remparts. Des rêves, des espoirs. Des envies. Des miettes de bonheur un peu tout le temps. Et il bourre avec çà. Que tout rentre, allez, allez. Mais le monde est trop petit. Alors je me place sur Arte, le soir. Pour l'émission sur la mer. Ce sont quarante minutes d'arrêt. Où tout est bloqué. Alors j'ouvre des livres. C'est l'arrêt d'une réalité. L'entrée dans un monde parallèle. Pas forcément plus beau. Mais dans lequel, tu ne te sens pas seul. Parce que le narrateur, les mots, sont là et se posent tes questions. A deux, même du papier, on est plus fort. Alors on regarde les billets de train et la carte de france. On regarde le calendrier. On s'attache à des trucs qui font tenir. Jusqu'à ce que çà devienne un échaffaudage solide sur lequel assembler des murs. On tape dans la vie de proximité. On lui enlève la poussière et on lui chuchote " sauve moi ".

C'était l'article noirâtre. Pardon. Mais ce sont les jours Rouges. Où fous rires et sanglots se mêlent. Où toute ma sensibilité explose. Pour un rien ou pour un tout. Les barrières ne sont plus et tout est plus net, plus coloré. Plus agressif et plus violent aussi. Alors excusez moi ces mots d'incompréhension. Cette peur qui me tient le ventre chaque jour. Oui, madame le medecin, je suis une angoissée. Et j'aimerais croire. Croire à plus tard. Croire à tous mes rêves. Croire à tous ces traits de caractères qui se creusent dans ma carcasse en argile. Croire, bordel. Croire. Croire au rose bonbon et au jaune soleil. Croire. Croire que le " mais " n'existe pas. Juste Croire. Croire à ce bébé dans mon ventre et au sourire. Croire à quelqu'un. Croire en eux. Croire, bon sang! C.R.O.I.R.E. à Plus Tard comme je le veux. Et ne pas le voir s'écrouler, lui. 

Humeur de la nuit, le Jeudi 20 janvier 2011 à 3:07.

Alors ?

Recueil

Par Macmouth le Jeudi 20 janvier 2011 à 23:32
Je trouve que 21 ans c'est hyper jeune pour avoir un bébé ! Ma sœur va avoir 21 ans et je la vois trèèèèèès mal avec un enfant ^^.
A la télé, surtout aux info', on nous montre toujours des "images chocs", des guerres, de la violence, des choses extrêmes. Parce que c'est ce que les gens aiment voir : des événements choquants, marquants. Il n'y a jamais de place pour la culture : musées, spectacles... Parce que ça n'intéresse "personne". Pourtant, il n'y a pas que de la violence autour de nous. Sans pour autant dire qu'elle est inexistante, il ne faut pas non plus voir qu'elle...
Et puis... Je ne sais pas trop si un état d'esprit correspond à chaque âge. Je pense qu'on avance tous à son rythme et peu importe si on se sent plus jeune que notre âge réel. On ne vit pas tous la même chose ni les mêmes expériences, on n'a pas tous la même conception de la vie.
Ne perds pas espoir, tu peux continuer à Croire.
Par monochrome.dream le Vendredi 21 janvier 2011 à 20:50
J'avais commencé à le lire, hier, et puis je n'ai pas pu arriver au bout, je n'arrivais pas à me concentrer même (surtout) sur un article de blog car c'est tellement plus proche, plus juste, plus fort que les textes calculés que l'on peut lire ailleurs. Et je reviens ce soir, et cette fois je lis tout d'un trait, et c'est peut-être la fatigue ou peut-être juste ces derniers jours qui m'ont mise à l'envers, peu importe, au fond, seulement avec juste des lettres, tes phrases et un clavier tu m'as fait des noeuds dans les tripes.
Par Heart.Of.St0ne le Samedi 22 janvier 2011 à 9:51
Faut essayer hein !
Par may.ke.me.crazy le Samedi 22 janvier 2011 à 10:02
Toujours essayer d'y croire... Même si des fois c'est plus dur que d'autre.. Et pis moi aussi personnellement j'suis comme toi, les 21 ans ils me paraissent bien loin devant moi ! J'suis restée bloquée à 17 également moi ça veut plus bouger ! Chris, elle a 22 et elle est restée bloquée à 18 ! Tu crois que y a un phénomène de société là dedans !?!

Et sinon, faut dire que c'est bien dur d'espérer et de croire quand tu vois ce qu'il peut se passer autour ouais...
 

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