Silence toi.
Perspective.Univers
Ebauche
Parce qu'il n'y a rien d'autre à faire un dimanche post soleil de midi, que des kilos et des kilos d'amour engoncés dans une couette blanche et un matelas défoncé. Silence toi. Je lis tes mots râpés. Tes mots ripés. L'envie d'une cigarette ne me lâche pas. Et je frotte mes lèvres gercées contre mon pouce. Un peu ailleurs, surement malade. çà gronde en bas. Je lis tes mots. Sur un écran gros comme la main. Je lis tes mots, encore et encore. Douce litanie. Plus ils font mal, plus ils sont moches et plus je les relis. Plus je me roule dedans, plus çà griffe à l'intérieur, et plus je me dis que j'ai gagné. Mes collants en laine épaisse protègent rien contre ce vent qui s'engouffre dans l'entonnoir de cet escalier infini. J'suis assise tout en haut des marches. Noyée jusqu'aux paupières dans une écharpe en laine épaisse. Toute la laine que je porte est épaisse. Mes collants. Ma robe. Mon gilet. Mon écharpe. Mon bonnet. J'ai les genoux bien serrés, la robe qui glisse un peu. Et ce vent qui s'infiltre partout. Je t'ai laissé un peu plus loin. Quelques marches plus bas, je vois tes cheveux en pétard, malmenés eux aussi par le vent. Et tu tapes sur des touches, qui font des mots sur mon écran. Des mots parfois durs. Des mots parfois tendres. Des mots gris. Des mots de couleur. Des mots en couleur. Des mots d'amour, jamais. Tu fais trop bien attention à cette limite que tu sautes à pieds joints. Tu ne sautes pas dessus. Tu sautes d'un côté puis de l'autre. Mais jamais tu ne casses cette petite butte de dépit. Cette petite butte qui s'assure que t'es prêt. Tu préfères passer à côté. Prendre là où c'est plat, avancer en terrain mou, plus ensoleillé, plus gai. Tu casses le barbelé en passant par à côté. Tu n'y vas pas de front. Tu y vas de côté. Mon petit crabe. Tu tapes un peu sur la hanche, un peu sur le coccyx. Un peu sur le sein gauche. Un petit peu, histoire de réveiller un battement ou deux et puis tu files en crabe, mon petit crabe, rejoindre l'autre côté des barbelés. Tu passes sans que j'y vois, au travers. Tu t'avances, tu glisses et tu piques. Une, deux. Du haut de mes marches, j'ai le sein gauche qui frôle l'écran. Tu n'as pas long chemin à faire. Saute de l'écran, viens piquer et retourne dans ton mot. T'es plus bas et jamais tu te retournes. Tu glisses sur la marche inférieur. Tu ris aux éclats, je t'entends. Me manque l'appareil photo pour prendre ton dos. Ton dos buté, ton dos silence. Ton dos Balance. Les espaces s'agrandissent. Tu te silences. Je me souris à l'intérieur. Les mots trop mous, de ceux qui s'enroulent autour de ton coeur, ceux là, je les bannis. Je les assiège. Je leur fais une guerre impitoyable. Lus puis jetés très loin. Un mot moche pour un mot beau, nos mots sont amassés dans des cuves bien dissociées. Qui se mêlent pourtant. Plus qu'au delà. Mes doigts ripent et je ne vois plus rien que des notes de musique. Je ne vois plus rien que tes yeux. Voilà, tes yeux. Des yeux qui disent rien. Des fenêtres closes avec rideaux, vue sur rien. On est face à face. Plus de mots. Plus de mou ou de dur, ou de moche. Juste un silence moritifiant. Résultant d'une accumulation trop grande de mots vains et inutiles. Silence, vérité ultime. La vérité qui s'éteint pour laisser place à la suivante. La vérité des gestes et des corps. Mais c'est encore une autre histoire que celle ci. Une histoire qui ne se raconte pas un dimanche après midi gelé. C'est une histoire qui se vit les dimanches après midi gelés. Je t'invente, toi qui n'existe pas. C'est le rôle de mes dimanche après midi. J'écris des histoires inventées. Je tisse le réel avec l'irréel et je crée des escaliers venteux, des mots crabe, des hommes à dos Balance. Des créations qui n'engagent à rien. Des mots qui s'écrivent tout seuls juste comme çà. Pour maintenir la circulation sanguine dans ces artères gelées, gagnées par un froid trop grand pour la vie. Des mots pour occuper les mains, libérer l'intérieur. Inventer et raconter des Autres que moi. Des vies possibles. Des Moi possibles qui ne le sont pas. Inventer.
Une vie qui s'invente, le Dimanche 20 février 2011 à 17:00.
Alors ?
Par Lundi 21 février 2011 à 12:54
le Ben moi je lirai pas c'est trop long. lol
Par Mardi 22 février 2011 à 13:21
le J'ai un peu de peine à lire avec ces lettres blanches. Mais ton texte exprime un gros sentiment de solitude, et fait presque mal ! Fiction ou réalité ?Je ne sais trop... et ce petit "crabe" me fait peur !
Recueil
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Et ces mots. Qui n'appartiennent qu'à toi.