Perspective.Univers

Ebauche

Tiens, viens. On va écouter des histoires d'amour pendant qu'il prend sa douche. En douce. Doucement. Parce que çà fait un moment que t'as pu fait çà. Tu sais pu comment çà s'écoute. Alors tu hésites. Tu dis Viens. Viens me voir. T'attends. Parce que son absence. Sa présence sous l'eau. Tout çà fait que y'a du vide quelque part. Du plein ailleurs. T'es un peu angoissée. Beaucoup même. Mais tu dis pas. Pas encore. T'écoutes leurs voix. En douce. Doucement. T'as acheté des tas de livres que t'as pas le temps de lire. Tu t'es accrochée un sourire autour des lèvres. Tu réalises que tu n'en as pas pour longtemps. Tu réalises qu'il faudrait que t'arrêtes de tout gâcher. L'autodestruction a du bon. Mais Lui est là. Sous l'eau. A côté. Tu sais pas trop quoi faire. Les chansons ou l'Amour juste ? Une pièce à rejoindre pour des sons à écouter. Quand l'Amour est pas fini, c'est toujours une plaie béante qui s'ouvre. Un truc sans fond où tu peux tomber. Loin. Vraiment loin. Une serviette nouée aux hanches, il passe devant toi. Les gouttes d'eau sur le parquet. Tu suis ces petits soleils sur le sol. Tiens, tu les remets maintenant? qu'il dit. Attentif le temps de déceler une symphonie connue. Tu dis que oui. Il te jette un coup d'oeil. Un sourire en coin. C'est peut être un Renouveau.

En attendant, les Abeilles meurent.

Et moi, je me fous de tout. Les mots me fatiguent. Leurs histoires aussi. Au petit déjeuner comme au dîner. Je sais pas m'intéresser. 

La colère prend tellement de place en Elles. C'est mauvais pour moi. Tellement mauvais.

Une vie qui s'invente, le Mercredi 29 juin 2011 à 11:19.

Il ne restera qu'une photo d'Elle. De Lui. 
Au final, ne reste que les photos. 
Ces instants figés où le temps s'est arrêté
pour attaquer le papier.

Ne restera plus rien que
des fleurs sur un marbre mort.

Une épitaphe.
Des mots évasifs pour Eux.
Des mots clés pour Nous.

Et tout çà, derrière.
Qui fait que,
quand on pose la main sur la pierre,
elle est chaude.


[Ecriture Automatique]

Une vie qui s'invente, le Samedi 26 mars 2011 à 14:13.

Parce qu'il n'y a rien d'autre à faire un dimanche post soleil de midi, que des kilos et des kilos d'amour engoncés dans une couette blanche et un matelas défoncé. Silence toi. Je lis tes mots râpés. Tes mots ripés. L'envie d'une cigarette ne me lâche pas. Et je frotte mes lèvres gercées contre mon pouce. Un peu ailleurs, surement malade. çà gronde en bas. Je lis tes mots. Sur un écran gros comme la main. Je lis tes mots, encore et encore. Douce litanie. Plus ils font mal, plus ils sont moches et plus je les relis. Plus je me roule dedans, plus çà griffe à l'intérieur, et plus je me dis que j'ai gagné. Mes collants en laine épaisse protègent rien contre ce vent qui s'engouffre dans l'entonnoir de cet escalier infini. J'suis assise tout en haut des marches. Noyée jusqu'aux paupières dans une écharpe en laine épaisse. Toute la laine que je porte est épaisse. Mes collants. Ma robe. Mon gilet. Mon écharpe. Mon bonnet. J'ai les genoux bien serrés, la robe qui glisse un peu. Et ce vent qui s'infiltre partout. Je t'ai laissé un peu plus loin. Quelques marches plus bas, je vois tes cheveux en pétard, malmenés eux aussi par le vent. Et tu tapes sur des touches, qui font des mots sur mon écran. Des mots parfois durs. Des mots parfois tendres. Des mots gris. Des mots de couleur. Des mots en couleur. Des mots d'amour, jamais. Tu fais trop bien attention à cette limite que tu sautes à pieds joints. Tu ne sautes pas dessus. Tu sautes d'un côté puis de l'autre. Mais jamais tu ne casses cette petite butte de dépit. Cette petite butte qui s'assure que t'es prêt. Tu préfères passer à côté. Prendre là où c'est plat, avancer en terrain mou, plus ensoleillé, plus gai. Tu casses le barbelé en passant par à côté. Tu n'y vas pas de front. Tu y vas de côté. Mon petit crabe. Tu tapes un peu sur la hanche, un peu sur le coccyx. Un peu sur le sein gauche. Un petit peu, histoire de réveiller un battement ou deux et puis tu files en crabe, mon petit crabe, rejoindre l'autre côté des barbelés. Tu passes sans que j'y vois, au travers. Tu t'avances, tu glisses et tu piques. Une, deux. Du haut de mes marches, j'ai le sein gauche qui frôle l'écran. Tu n'as pas long chemin à faire. Saute de l'écran, viens piquer et retourne dans ton mot. T'es plus bas et jamais tu te retournes. Tu glisses sur la marche inférieur. Tu ris aux éclats, je t'entends. Me manque l'appareil photo pour prendre ton dos. Ton dos buté, ton dos silence. Ton dos Balance. Les espaces s'agrandissent. Tu te silences. Je me souris à l'intérieur. Les mots trop mous, de ceux qui s'enroulent autour de ton coeur, ceux là, je les bannis. Je les assiège. Je leur fais une guerre impitoyable. Lus puis jetés très loin. Un mot moche pour un mot beau, nos mots sont amassés dans des cuves bien dissociées. Qui se mêlent pourtant. Plus qu'au delà. Mes doigts ripent et je ne vois plus rien que des notes de musique. Je ne vois plus rien que tes yeux. Voilà, tes yeux. Des yeux qui disent rien. Des fenêtres closes avec rideaux, vue sur rien. On est face à face. Plus de mots. Plus de mou ou de dur, ou de moche. Juste un silence moritifiant. Résultant d'une accumulation trop grande de mots vains et inutiles. Silence, vérité ultime. La vérité qui s'éteint pour laisser place à la suivante. La vérité des gestes et des corps. Mais c'est encore une autre histoire que celle ci. Une histoire qui ne se raconte pas un dimanche après midi gelé. C'est une histoire qui se vit les dimanches après midi gelés. Je t'invente, toi qui n'existe pas. C'est le rôle de mes dimanche après midi. J'écris des histoires inventées. Je tisse le réel avec l'irréel et je crée des escaliers venteux, des mots crabe, des hommes à dos Balance. Des créations qui n'engagent à rien. Des mots qui s'écrivent tout seuls juste comme çà. Pour maintenir la circulation sanguine dans ces artères gelées, gagnées par un froid trop grand pour la vie. Des mots pour occuper les mains, libérer l'intérieur. Inventer et raconter des Autres que moi. Des vies possibles. Des Moi possibles qui ne le sont pas. Inventer. 

Silence toi.

Une vie qui s'invente, le Dimanche 20 février 2011 à 17:00.

Et ce sont des mots, des messages, des sourires, des fous rires. Tout un tas de sensations, de sentiments, de secrets, de confidences qui viennent la frapper de plein fouet. Des moments où les mots Tranquille prenaient toute la place. Des moments vieillis, abîmés. Usés par une vie qui les a érodés. On voit les crevasses qui gondolent leur texture presque palpable. On voit les déchirures, le sale temps. Les coups durs. On voit le moment de Maintenant et on se dit qu'on a vécu le meilleur. Que maintenant, çà s'éteint tout doucement. Qu'il ne faut pas en vouloir au présent. Triste conclusion d'un présent devenu passé. Que çà s'accumule. Pas qu'on ne puisse rien y faire mais parce que. Parce que c'est comme çà et pas autrement. Qu'embringués dans la destruction méthodique, on s'est cassé les liens. Et ce sont des mots, des messages, des sourires, des fous rires. Certains sont inaltérables et d'autres piquent du nez à la première confrontation. Maintenant, te dis-je, il faut continuer. Ils claudiquent sur les planches branlantes de leur amitié qui restent sous leurs pieds. Ils se tiennent plus trop. Parfois. Dans un élan désespéré, ils se jettent l'un contre l'autre. Le plus souvent, ils se tiennent à chaque extrémité des planches, maintenu(e)s ensemble par les cordes d'une dépendance revêche et inavouée. Veillant à ne plus se toucher. Guettant d'un oeil le mode d'emploi pour baisser la garde chez l'autre. Mais l'Autre, peut être pas. Peut être que l'autre souhaite que le pont s'achève vite. Peut être que c'est çà. Que, accrochée à son vertige, elle ralentit trop le pas et qu'il s'épuise à contrôler son impatience. Mais l'oeil levé ne voit plus rien qu'une enveloppe de chairs vide de tout sentiment. Mais l'oeil levé ne voit plus rien à l'intérieur de ces chairs. Devenu aveugle, cet oeil si acéré qui savait tout de l'autre, Autrefois, pleure doucement. Rendant plus difficile encore la traversée de ce pont délabré. Terre ferme et chemin en branche de sorcière pour Eux, à l'Arrivée. Laissons les, se balancer sous les rafales parfois meurtrières, sur cet amas de planches et de cordes grinçantes. D'autres sont tombés avant d'avoir pu atteindre le bout. Ils sont morts, d'une colère sans nom l'un pour l'autre. Ils ont coupé les lignes. Sauté par-dessus. Ils s'aimaient trop pour contrôler la haine qui en résultait. Alors, ils ont sauté. Abandonné le navire, guetté le flot infini. Saisi un éclair de lucidité brouillée. Parfois, Elle a envie. Envie comme jamais de sauter. D'arrêter cette peur continuelle. Arrêter ces doutes. Arrêter ces rafales douloureuses qui s'infiltrent jusqu'en elle. Qui la poussent à sauter. Allez, saute que les sifflements sussurent dans le lobe de son oreille. La peau de ses mains est à vif. L'oeil levé qu'elle a sur l'Autre pleure. Elle voit si peu. Si peu loin. Plus rien en l'Autre. Juste Là Maintenant. Le recul pour quand elle se retournera. Dans les airs, face à ce pont. Sur la terre, face à ce pont. Et puis résonnent ces rires, ces phrases, ces secrets et ses confidences. Le vent tentera de les noyer pour la faire lâcher prise mais qu'importe, les mains à vif patinant de sang les cordes douloureuses, elle n'entendra plus qu'eux. Pour atteindre l'Autre Côté. Prendre le chemin de gauche. Pour tout ce que çà impliquera. Emportera. Apportera. Prendra. Donnera

Dernier voyage. Salut d'Artiste. Une fois la rive ou le sol du fond atteint. Laissons les dénouer les noeuds. Crier au néant toutes ces haines. Gémir au vide toutes ces peurs. Hurler au ciel tous ces manques. Vomir au delà les dégoûts. Dénouer les noeuds. S'asseoir à plat, face à face. Renouer avec le contact et la paix. La douceur d'un contact paisible. Et malgré le vent, arriveront-ils à se raconter les chemins sûrs d'Autrefois ?  Arriveront-ils à Repartir main dans la main et s'arrêter à la croisée, se saluer avec un sourire et entamer la route, seuls ?

Rien ne le dira. Le secret est formellement gardé dans les entrailles du futur Destin/hasard de celui, de celle ou de ceux, qui voudront mettre des mots à la suite afin de constituer un morceau de la vie de cette Elle et de l'Autre. La fin d'un Début. Ou le début de la Fin. Où commencer. Où s'arrêter. Ecrire pour les poser sur ce pont. En danger et remplis de douleur. Arrêter d'écrire pour les y laisser, ces êtres de papier. Ces êtres de mots. Se remettre à écrire pour les faire sauter ou les faire s'asseoir. Ou les faire continuer côte à côte, remplis de vides ? 


 

Une vie qui s'invente, le Dimanche 6 février 2011 à 20:28.

Et les cheveux ébouriffés, le regard brûlant et la bouche sèche, je me suis assise en tailleur en face de toi en manquant de tomber. Je t'ai regardé droit dans les yeux. C'était assez étrange. Tu n'avais pas ton tee shirt. J'avais retiré mon jean qui me serrait trop. J'étais fatiguée d'être rentrée. Mais t'étais là, dans le canapé, à broyer du noir et à manger des céréales infâmes. Tu sais, ceux que je ne te supporte pas voir manger. Alors j'ai retiré le bol de tes mains et je me suis installée en face de toi. J'aurais pu te dire " Regarde moi ". Comme dans les films, quand le moment est vraiment compliqué et que l'autre, en levant les yeux vers l'autre, fait ce geste de lien. Mais en fait, tu me regardais déjà. Tu me regardais depuis que je m'étais secouée sur le paillasson en piaillant des flocons de neige. Quand j'ai retiré manteau, gants, bonnet et écharpe. Que l'électricité statique me faisait une coiffure folle folle folle. Et quand je me suis débarassée de mon jean. J'en avais assez, c'était pas plus compliqué. J'aurais pu aller enfiler un jogging. Mais finalement, t'étais là et t'étais pas bien. Et on était chez nous et chez nous, si on veut pas mettre de jogging, on en met pas. Pas plus qu'on met de tee shirt si on en a pas envie. Chez nous, çà se fait à l'envie. J'étais là et toi aussi. Et tu tordais tes mains sans me quitter des yeux. Tes yeux, je les vois tous les matins au réveil, toutes les minutes où on se croise dans les miroirs, toutes les minutes où on se regarde. Avec des mots ou sans mots. Juste pour regarder, se balancer des Je t'aime qui n'ont pas de mots adéquats. Et pourtant, pourtant, ce soir, ils m'ont catapultée à 5000 à l'heure contre un gros bloc de béton. J'ai pas eu froid d'un coup. Comme une douche glacée. Pas plus que la boule au ventre est venue se reloger à sa place favorite. Non, non. J'étais là mais toi, tu avais mal. Et tu savais pas comment me le dire. J'étais même pas sure que tu veuilles me le dire. Alors, on s'est regardé en silence pendant un temps. Je sais pas combien de temps a duré ce temps. Il a duré, c'est tout. On a toujours eu du mal à mettre des mots à sons sur les problèmes qui s'agitent en nous. On est bien ensemble mais c'est toujours compliqué de parler. L'écrit, on préfère. Mais en soi, on est là pour apprendre chaque jour de nouveau. Alors on essaie de parler. A voix haute, avec des mots à sons. çà prend du temps. Alors on s'est regardé. Equilibre des regards. J'ai même attrapé tes mains. Parce qu'elles criaient à l'aide l'une contre l'autre. Qu'elles voulaient arrêter de se faire du mal.

" Je suis là. Je reste là. "

(ceci n'est rien qu'une parenthèse. Rien ou tout. Je ne saurais dire)

Une vie qui s'invente, le Vendredi 17 décembre 2010 à 19:14.

Des cheveux ébouriffés, une épaule qui se voit dans les ombres et les couleurs.
Un sourire de réveil. Une moue de sommeil.
Un oeil qui pétille sous le voile opaque du sommeil qui cherche à gagner quelques instants. Encore.
Ne parle pas dit ton doigt qui vient doux, se poser sur les lèvres.

Des cheveux ébouriffés. Et cet angle doux.

J'ai des visages à mettre. Des corps à découvrir.
Il faut que je me trouve en me regardant, brute.

Une vie qui s'invente, le Dimanche 21 novembre 2010 à 12:27.

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