Perspective.Univers

Ebauche

Et ce sont des mots, des messages, des sourires, des fous rires. Tout un tas de sensations, de sentiments, de secrets, de confidences qui viennent la frapper de plein fouet. Des moments où les mots Tranquille prenaient toute la place. Des moments vieillis, abîmés. Usés par une vie qui les a érodés. On voit les crevasses qui gondolent leur texture presque palpable. On voit les déchirures, le sale temps. Les coups durs. On voit le moment de Maintenant et on se dit qu'on a vécu le meilleur. Que maintenant, çà s'éteint tout doucement. Qu'il ne faut pas en vouloir au présent. Triste conclusion d'un présent devenu passé. Que çà s'accumule. Pas qu'on ne puisse rien y faire mais parce que. Parce que c'est comme çà et pas autrement. Qu'embringués dans la destruction méthodique, on s'est cassé les liens. Et ce sont des mots, des messages, des sourires, des fous rires. Certains sont inaltérables et d'autres piquent du nez à la première confrontation. Maintenant, te dis-je, il faut continuer. Ils claudiquent sur les planches branlantes de leur amitié qui restent sous leurs pieds. Ils se tiennent plus trop. Parfois. Dans un élan désespéré, ils se jettent l'un contre l'autre. Le plus souvent, ils se tiennent à chaque extrémité des planches, maintenu(e)s ensemble par les cordes d'une dépendance revêche et inavouée. Veillant à ne plus se toucher. Guettant d'un oeil le mode d'emploi pour baisser la garde chez l'autre. Mais l'Autre, peut être pas. Peut être que l'autre souhaite que le pont s'achève vite. Peut être que c'est çà. Que, accrochée à son vertige, elle ralentit trop le pas et qu'il s'épuise à contrôler son impatience. Mais l'oeil levé ne voit plus rien qu'une enveloppe de chairs vide de tout sentiment. Mais l'oeil levé ne voit plus rien à l'intérieur de ces chairs. Devenu aveugle, cet oeil si acéré qui savait tout de l'autre, Autrefois, pleure doucement. Rendant plus difficile encore la traversée de ce pont délabré. Terre ferme et chemin en branche de sorcière pour Eux, à l'Arrivée. Laissons les, se balancer sous les rafales parfois meurtrières, sur cet amas de planches et de cordes grinçantes. D'autres sont tombés avant d'avoir pu atteindre le bout. Ils sont morts, d'une colère sans nom l'un pour l'autre. Ils ont coupé les lignes. Sauté par-dessus. Ils s'aimaient trop pour contrôler la haine qui en résultait. Alors, ils ont sauté. Abandonné le navire, guetté le flot infini. Saisi un éclair de lucidité brouillée. Parfois, Elle a envie. Envie comme jamais de sauter. D'arrêter cette peur continuelle. Arrêter ces doutes. Arrêter ces rafales douloureuses qui s'infiltrent jusqu'en elle. Qui la poussent à sauter. Allez, saute que les sifflements sussurent dans le lobe de son oreille. La peau de ses mains est à vif. L'oeil levé qu'elle a sur l'Autre pleure. Elle voit si peu. Si peu loin. Plus rien en l'Autre. Juste Là Maintenant. Le recul pour quand elle se retournera. Dans les airs, face à ce pont. Sur la terre, face à ce pont. Et puis résonnent ces rires, ces phrases, ces secrets et ses confidences. Le vent tentera de les noyer pour la faire lâcher prise mais qu'importe, les mains à vif patinant de sang les cordes douloureuses, elle n'entendra plus qu'eux. Pour atteindre l'Autre Côté. Prendre le chemin de gauche. Pour tout ce que çà impliquera. Emportera. Apportera. Prendra. Donnera

Dernier voyage. Salut d'Artiste. Une fois la rive ou le sol du fond atteint. Laissons les dénouer les noeuds. Crier au néant toutes ces haines. Gémir au vide toutes ces peurs. Hurler au ciel tous ces manques. Vomir au delà les dégoûts. Dénouer les noeuds. S'asseoir à plat, face à face. Renouer avec le contact et la paix. La douceur d'un contact paisible. Et malgré le vent, arriveront-ils à se raconter les chemins sûrs d'Autrefois ?  Arriveront-ils à Repartir main dans la main et s'arrêter à la croisée, se saluer avec un sourire et entamer la route, seuls ?

Rien ne le dira. Le secret est formellement gardé dans les entrailles du futur Destin/hasard de celui, de celle ou de ceux, qui voudront mettre des mots à la suite afin de constituer un morceau de la vie de cette Elle et de l'Autre. La fin d'un Début. Ou le début de la Fin. Où commencer. Où s'arrêter. Ecrire pour les poser sur ce pont. En danger et remplis de douleur. Arrêter d'écrire pour les y laisser, ces êtres de papier. Ces êtres de mots. Se remettre à écrire pour les faire sauter ou les faire s'asseoir. Ou les faire continuer côte à côte, remplis de vides ? 


 

Une vie qui s'invente, le Dimanche 6 février 2011 à 20:28.

Alors ?

Recueil

Par Macmouth le Mardi 8 février 2011 à 22:35
Ce texte est vraiment magnifique. Vraiment ! J'aime énormément (encore plus ta phrase « Le vent tentera de les noyer pour la faire lâcher prise mais qu'importe, les mains à vif patinant de sang les cordes douloureuses, elle n'entendra plus qu'eux. »).
Je ne suis pas certaine d'en comprendre tout le sens, mais c'est très beau ce que tu as écrit là, Aurélie.
Par Aimepe le Mardi 8 février 2011 à 22:46
Article pur de commentaire, j'ose briser ce vide. Sans rien à dire, même si. Pour montrer que quand même, je trouve ça beau.
 

Recueil









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