Et je suis toujours là. Blasée devant cet écran. Devant cette maladie. Je lutte de toutes mes forces pour ne pas me laisser avaler par la haine d'être aussi. J'écoute sa play-list. Depuis que je l'ai découverte, je la garde dans mes oreilles. Parce que j'ai encore rien trouvé de plus apaisant. Aussi apaisant qu'elle est vive. Un Feu Follet. Je fais peur aux gens avec mes attitudes qui éclatent. Un feu d'artifices. Rends toi bien compte qu'il a dit Oui. çà coûte rien de dire Oui. C'est juste un sourire et une petite minute d'imagination dévorante. Entendre le roulis des vagues, la nuit, le jour. Je m'en fiche. Mais juste entendre ce bruit. Sentir le sable sous mes pieds. Savoir la mer à dix mètres. Ou moins. Une toute petite minute à imaginer tout çà. Assise sur ce chaise qui fait mal au dos, face à toute cette paperasse multicolore. J'ai écrit en rose, violet, turquoise et vert pomme toute cette maladie. Tu crois que je l'ai fait exprès ? Mais en tout cas, çà fait des feuilles remplies de couleurs. Surlignées, stabilotés. Le soupir de soulagement quand un coup de jaune vient repasser le rose. J'ai pas encore fini. Oh non. J'ai peur de ne pas arriver à me réveiller demain. Comme aujourd'hui. Comme aujourd'hui, pleurer au réveil toute cette haine que j'accumule contre moi. A ne pas savoir faire les choses en temps et en heure. Je m'en veux mordicus. Mais l'autre Moi essaie de faire tampon. Diversion. Elle déverse donc sa colère sur les Autres. Une simple déviation. Une toute petite minute, Être assise dans le sable encore chaud du soleil de la journée, dans ma robe verte, les pieds profondément enfoncés dans cette couche granuleuse. A écouter toute la nature qui respirer. Me retirer une infime minute du monde pour penser à cet instant. Invécu. Invivable. On dit bien souvent que la destination n'est pas le plus important. Que c'est le voyage qui vaut la peine. Je suis bien d'accord. Voilà pourquoi je réfléchis avec attention à comment je vais voyager. Qu'est ce que je vais faire pendant ces longues heures qui me séparent d'Elle. Parce que ce voyage sera unique. Solitaire. Et l'odeur d'iode viendra tout arrêter.
Jamais plus le même. Jamais plus le premier.
Je compte les jours. Je compte la délivrance. Je compte l'espoir en petits galets.
Vite, vite. Va-t-en.