Raconter quoi. Raconter qui.
Quand je vois un Amoureux, je vois des gestes, des mots, des actes. Je me vois pas poser mes lèvres sur les siennes. C'est étrange. çà me fait peur. çà me dégoute un peu. Peut être parce que j'ai pas un bon souvenir. Même un souvenir assez horrible. Ecrire un poème. Prends un thème. Tiens l'amour. Prends ce thème, écoute la musique et laisse toi porter et écris. Ecrire sur l'amour. Des mois, des années que j'en ai plus écrit une ligne. Ou peut être que non, j'en parle tous les jours. Peut être. Où sont les limites de l'Amour, finalement ? Où se placent les phrases " tu parles d'Amour, Aurélie " dans les paragraphes et les mots ? Pas envie. Ecrire un poème, c'est le genre d'actes que je regarde être fait. Pas que je fais.
Les jugements, les cases, les avis tout cuits. Tout cet ensemble terrifiant de définitif et de déterminisme me fait froid dans le dos. Qui appartient à une case seulement ? Personne. Les gens lisses n'existent pas. Des aspérités, il y en a partout. Partout. Chaque centimètre de peau. Chaque grain de peau. Les cases les plus basses, je me suis mise. Selon ces mots, je suis une ratée. Je m'enchaine dans la défaite et la loose. Défaitiste et looseuse. Rajoute une pincée d'impression Minable et une cuillère de pathétisme et tu auras le portrait que je dresse au monde. Parce que je parle trop. Je parle bien trop. Je ne fais rien. Je n'agis pas. Je me contente de suivre en chouinant que j'arrive à rien et que tout va trop vite. Suffit de courir pour attraper son train. Son bus. Son métro. Suffit de courir. Pas de parler et de perdre ton souffle à essayer de l'appeler pour le retenir. Non. Il part. Toujours.
Ce genre de mots tranchants, je les ai agraphés sur moi, d'abord. Fièrement désespérée, j'ai posé mes défauts énormes en énormes qualités fantaisie. Foutaises. Maintenant, ils sont agraphés devant moi. Devant. Devant et chaque morceau me tisonne les tripes.
Ratée. Minable. Perdante.
Surlignés. Gribouillés. Entourés. Saccagés.
Mis au propre.
Apprenez moi à vivre, Mots Horribles.
Parce que je suis Ailleurs.
Parce que la Vérité n'est pas en eux.
Parce que.
Bordel de merde.
Il a joué du piano tout l'après midi.
J'avais mal à la tête.
Il m'a bercé.
Tout, tout doucement.
Stop. Arrête. Halte !
Quoique... Si tu le penses vraiment, écris-le. Mais abandonne-le sur écrit. Pas dans la tête. Comme une libération. Ça sert à ça, écrire.
Laisse-toi aller, prend un thème. Fais des phrases, des mots, des courbes. Pas besoin de rime. La rime c'est l'outil des amateurs et des dactylographes.
Hum... Vite, trouver une phrase pour conclure... Une citation, why not.
"Avec la douleur, on ne crée pas." "La réalité paraît terne parce qu’il n’y a pas de grand souffle." "Foncer tout le temps sans souffler, c’est ne pas prendre de recul, ne pas se nourrir des apports extérieurs et, quelque part, aller dans le mur."
Et puis... "..."