Perspective.Univers

Ebauche

Sa voix qui se casse. Sa voix. Sa voix. Sa voix. Ce que je veux, en trépignant et en tendant mes petites mains, c'est toutes ces chansons d'amour que ces voix cassées, rauques. Chaudes, puissantes. Frêles et fragiles. Douces ou rêches. chantent. Accrochées. C'est ce que je veux. Et je veux aussi dire que ce bonhomme était magnifique. Superbe. Incroyable. Magnifique. Les mots sont toujours les mêmes. Presque croire que le vocabulaire est limité. J'écris des tonnes de mots. Je ressens des tonnes de sensations. Je ressens des tonnes en trop. Je ressens trop. Bien trop. Mon épiderme est affreusement sensible. Une caresse, un pull. Un effleurement. Il appelle. Encore et encore. Il appelle. Toi ou lui qu'il ne connait pas. Paulhin, c'est pas mon frère. C'est l'homme au casque. Paulhin. J'ai rêvé de Paulhin cette nuit. J'avais oublié jusqu'à maintenant. Il avait perdu son casque. Il avait dégotté un costard. L'était beau. J'ai rêvé de lui. J'étais pas loin. Mais pas dans la même sphère que lui. Pas le même toucher. Pas même le toucher. Mon épiderme qui appelle. Aime. Aime. Aime. J'aime trop fort. çà déborde de partout. J'éponge avec des mouchoirs, des larmes de trop. J'en ai trop en moi, tu comprends. J'explose. Je me répands. Ce petit bonhomme m'a fendu le coeur. Il était tellement beau. Tellement. Tellement. Tellement. Mais s'il n'y avait que lui. Y'a. P'tain, si vous saviez. Je me disloque. A vouloir aimer trop fort. Je me disloque, je me laisse un peu partout. Je souris. Je ris. Je m'arrête. Je tends les mains. J'attrape les sourires des bébés! Oh, si tu l'avais vu, lui! Il était dans sa poussette, il était tout content. Et puis il m'a vue. J'ai fondu. Trop fort, trop vite. J'ai eu envie de lui donner un peu de neige dans sa menotte. J'ai eu envie. Alors je lui ai souri, encore et encore. Tu vois comment je t'aime ? Il m'a souri à son tour et il a commencé à bredouiller un truc avec une petite moue trop mignonne. Tu sais, le bébé qui dit quelque chose, un peu gêné. Il lève les épaules, lève le nez et te regarde. Comme quand il veut te demander quelque chose. Papa.... Regarde les z'oiseaux. Regarde les anges. Ils portent le ciel. Bien sur qu'ils portent le ciel! Et y'avait cet homme. Ce couple, en fait. Et elle, elle était un cliché. Le cliché. Le cliché du carcan trop serré. Des .. j'ai perdu le mot. Des liens! Des liens plein partout autour d'elle! Partout, partout. Lui, il a attrapé la poudreuse sur le toit de la première voiture. il l'a lancé. J'ai commencé à rire. J'ai ri. Comme çà. Accrochée à mes couettes et à mon bonnet, je lui ai lancé un sourire hénaurme à ce Lui qui comprenait l'instant même du lâchez prise. J'ai ri encore plus grand quand elle a commencé à pester. Quand elle a commencé par " mais t'as quel âge ?! " qu'elle a continué par " c'est pas vrai! on a interdit aux enfants de le faire!! tu vas pas t'y mettre quand même ?! "  et qu'elle a achevé par " noooooooon! tu en as mis plein sur les sièges!! comment je fais maintenant ?! " Accoudée à mon abri bus, j'ai regardé la scène. Je l'ai regardé lui. Je l'ai dévoré. Beau comme pas possible. Avec cette étincelle, toute cette neige qui volait. On a échangé un grand sourire. Un truc trop con. Un truc de poudreuse sur le toit des voitures. Un truc comme un " t'as quel âge ?! ". Y'avait des liens partout autour d'elle. Et pourtant, elle l'aimait cet homme. Elle l'aimait. Parce que sa voix, elle était douce. Elle était encore jeune. Encore neutre. Encore amoureuse. Loin du mépris, de l'aigri et du gris dans le ton des couples qui s'aiment pu. Des couples qui se quittent pas parce qu'ils savent pas comment faire l'un sans l'autre. Parce qu'ils ont trop peur. Ils se mentent en disant que çà serait pire séparés. Non, non. Ils ont tort. Le divorce peut faire mal sur le coup. Mais peut aussi libérer les poitrines. Libérer les respirations. Permettre de croire que l'amour existe. Alors, cette dame Cliché, je l'ai aimée un peu plus fort encore. Parce qu'elle était qu'à la moitié du chemin. Qu'elle voyait mal la neige. Mais qu'elle l'aimait encore, cet homme superbe. Ce matin, le bonnet, c'était pour la tempête. Des flocons hénaurmes eux aussi. Du vent. Et une décision spontanée. Au réveil, la bouche pâteuse. Tu sais bien. J'ai enfilé chaussures roses, couettes, bonnet et écharpe turquoise et j'ai bravé les éléments en souriant hénaurme parce que. Pour aller chercher ma soeur et son équipage. Ouais, voilà. Je viens. Attends, j'arrive. Je vais t'aider. Je peux plus réfléchir mes décisions. J'ai arrêté mes raisonnements. Je m'arrête au choix. J'aime en trop gros. J'aime en trop fort. Je veux ressentir. Alors je ressens tout. Trop fort. Parce que çà n'a pas la bonne saveur. Le jour où je ressentirai à la bonne mesure, c'est là où il faudra que je reste toute ma vie. Je pleure trop, je souris trop. J'explose. J'explose. J'explose. Et un jour, çà sera pour de bon. Sortira de sa bulle de liens, une Aurélie toute neuve qui dira clairement, fière et droite, qu'elle vivra comme elle l'entend. parce qu'aucun schéma ne lui a plu. En attendant, elle ressent tout, trop fort. Bien trop fort. Bien trop vivante. Bien trop humaine. Bien trop. Décalée. L'univers entier pour hurler à tout jamais combien elle veut. Combien elle hait ces miss France. Combien elle souffre devant le Téléthon. Combien elle trouve sa place en les regardant. En le regardant, ce petit bonhomme. C'est pour toi qu'il faudrait que je travaille, tu sais. Pour lui et puis pour tous les autres qui méritent de tout ressentir trop fort. Tout ces petits qui te regardent bien en face et qui te demandent Pourquoi. Et lui, il était sur les genoux de son père. il avait des yeux bleus comme des billes. Des yeux bouleversants. D'une innocence terrifiante et injuste. Il jouait avec un micro qui faisait la moitié de sa taille. Il avait une tête toute ronde, sur laquelle quelques rares cheveux se trouvaient. La maladie du vieillissement. On l'a pris en chemin, ce bonhomme. Alors on ne savait pas trop. Il avait une toute petite bouche et il a murmuré quelques mots. Des claques. Un mot, une claque. L'espoir, partout. Alors, oui. C'est là bas que je suis poussée. Comprendre les mécanismes. Chercher les solutions. Chaque jour, un challenge. Un but final à atteindre. J'ai pris cette voie là. Médecine, infirmière, biologie humaine. La vie sous marine, c'était pour ma solitude. Pour ma vie de vraie de vraie. C'était ma fuite en avant. L'environnement me touche d'aussi près, presque. Mais moins que ce petit bonhomme. J'explose, vous comprenez. Sous ma peau, il y a un potentiel qui ne demande qu'à s'exprimer. Le vide, il est sous le pansement. Il est caché. Mis de côté. Reste la puissance, l'efficacité, l'envie. L'espoir. La nouvelle vision des choses qui tente désespérément de vaincre chaque journal télévisé. Le carburant mis si longtemps sous clé. Il a une voix si particulière. Une de celles qui accrochent l'intérieur. Qui raclent le fond du ventre. Remontent les tripes. J'veux voir les gens vivants. Regarde toi. Regarde, toi. Les gens que tu croises. Y'en a certains qui ne s'impriment pas. Parce qu'ils sont gris. Ils sont flous. Ils sont neutres. Fatigués, perdus, déprimés. Désespérés. Les vivants, ils rayonnent de l'intérieur. Ils illuminent. Y'en a. De temps à autre. y'a moins de copies grises. Moins de photocopies. J'voudrais tellement tout vous dire. Vous raconter les minutes. Les secondes presque. Qui se bousculent avec leurs histoires et leurs vies qui se croisent. J'voudrais te raconter tous les projets. Les histoires. Les verbes au futur. Une fois le conditionnel raturé avec force et sourires. J'voudrais chanter dans la rue. Retrouver ma voix et hurler toutes ces paroles qui rythment mes pas. J'voudrais m'excuser d'être aussi fade quand les couleurs s'éclatent contre les parois de mon intérieur. J'voudrais arrêter de tout ressentir trop fort. J'voudrais pouvoir balancer des mots sur tout et rien. J'voudrais que ma vie prenne un nouveau souffle. J'voudrais que les gens. J'voudrais pas, en fait. J'voudrais un putain de je t'aime, tu vois. J'voudrais que çà s'arrête pour elle. J'voudrais que tous ces gens puissent y arriver. J'voudrais que la connerie s'en aille. J'voudrais partir. Oh oui. Pas fuir, non. Mais aller chez toi, chez toi, chez toi. Je ressens tout trop fort mais putain, qu'est ce que j'voudrais être libre. J'voudrais. J'voudrais. J'voudrais. Je t'écoute, je te raconte. Je porte ta tête sur mon épaule de temps en temps. J'te prendrais bien tout le mal à l'intérieur. Ah çà, je te secouerai bien violemment pour que tu fasses un pas de plus. Que tu dégages du gris, que tu prennes le jaune et que tu traverses ta toile. J'voudrais que tu partes avec elle, tiens! Pars. Allez, putain. Pars, casse toi! Va-t-en. Elle, elle pourra prendre ta main. Elle pourra te montrer le chemin un peu. Et t'auras le droit de te laisser faire au début. Un peu, jusqu'à ce que çà se trémousse au fond de ton ventre et que tu prennes la tête. Elle, elle pourra faire çà pour toi. Alors, oui. J'voudrais que tu partes. Allez, va-t-en. J'écris des mots qui s'accumulent. Qui pourrait me lire, au juste. Aussi loin, sans espace ni grosse police. Un texte rectangulaire. Un texte net. Brut. De décoffrage. Si vous saviez comme j'explose. J'explose de ne pouvoir rien faire. De ne pas y arriver. De perdre contre l'autre. De pas arriver à lui clouer le bec. La distance temporelle me rassure. Me permet de projeter. De prévoir. çà y est, j'ai froid. On a tout terminé. C'est fini.

Humeur de la nuit, le Dimanche 5 décembre 2010 à 1:52.

Alors ?

Recueil

Par Running-Free le Dimanche 5 décembre 2010 à 21:33
15 km. Interessant ! Un jour où j' aurai pas mal de temps devant moi, je lirai ton blog de fond en comble !
 

Recueil









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