Perspective.Univers

Ebauche

Elle racontera des bougies au coin des histoires. Avec des souris à la chat du Cheshire. Elle te dira des mots de tous les jours sous le format d'Amour. Elle te racontera des secrets en chuchotant à voix haute. Elle te lira des histoires. Au coin des bougies. Te sourira par dessus la flammèche. Te dira des mots d'amour, tâchés par des mots de tous les jours. Elle racontera n'importe qui, ennivrée par le vin. Elle t'avouera des tas de secrets en criant à tue tête. Collants multicolor, elle montera échasses et justaucorps pour te danser une vie toute en associations. elle te racontera n'importe quoi du haut de sa hauteur toute basse. S'écroulera sur une pierre qui roule. Tu la rattraperas dans tes bras, dis ? Le silence s'alourdit. Les mots s'effacent. elle ne veut plus écrire. Elle veut passer des après midi à se rouler dans l'herbe, à vaincre ses peurs, à pleurnicher tellement le bonheur, çà fait mal. elle prendra la route avec ses rêves et son manque d'argent. Elle visitera toutes les villes que Jo lui a dit d'aller voir. Elle empaquettera fébrilement la fierté de ses parents. Petit ballot bien caché. Petit ballot qu'elle ne devra pas ouvrir avant d'avoir le sentiment de l'avoir mérité. Elle s'en ira loin sur les chemins, là où la vie prend toute la place, où les mots valent pu rien. Elle se tiendra nue devant l'inconnu. Devant le mal de ventre. Devant cet inconnu là. Elle te racontera tout çà, du bout des lèvres. Une fois revenue, hâlée, crispée et décadente. Décalée, désossée, remontée à l'envers, reconstruite en vrac. Elle a peur de devenir un puzzle sans fin et sans but. Un puzzle d'art abstrait, de sourires invisibles, de larmes et de coups de peinture. Raconter. Utiliser des mots. Elle voulait dire un truc très con. Mais ne te le racontera pas forcément. Elle le laissera sur une page de cahier. Abandonnée au milieu des autres restées vierges. Vierges de tout et de sa main. Elle te dira pas. Elle te dira que le futur, elle y a jamais cru et qu'elle l'a jamais utilisé. Elle te dira que le présent pèse mille tonnes de tonnes. Aussi lourd que ses membres le matin quand rien ne l'attend. Elle s'intitulera " Tu me manques ". Comme ces filles auxquelles elle appartient, qui crient sans parler combien tu manques. Combien elles manquent. De toi. D'un Lui. D'un sourire qui ne vient pas. Les vies de tous les jours, elles les dessinent. Dessinaient. Aujourd'hui, elle prend des photos où les gens sont absents. Et çà, c'est bien le plus important. La nature décadente, décroulante, éblouissante et vengeresse s'acclame dans ses pixels. Elle n'en revient pas d'une telle nature, d'une telle richesse. Elle meurt de l'ignorance crasse. Elle meurt de toute la mocheté qui l'empiètte. Elle te dira tout çà. Ou pas. Que peut elle faire, au juste ? Couper les liens. Faire une accolade. Un Au Revoir, surtout ne m'appelle pas! je t'aime, mais pas assez pour entendre ta voix et sourire de ton bonheur. Aujourd'hui, les sourires factices s'affichent mal sur son écran. çà brouille ses radars, çà effarouche sa faible confiance. Elle aime pas les sourires crampés des gens qui attendent deux heures que tous les réglages se fassent. Elle préfère les surprises de la nature aux brushing ré-arrangés, aux sourires qui font mal parce que tenus trop longtemps et factices. Elle préfère les angles des photos. Les gens inconnus qui s'arrêtent dans le cadre sans le voir. Elle préfère les inconnus. Leur invente des dialogues. Brièvement, s'imaginent leur vie. Mais elle part tellement vite d'un coup que le monde la retient. Elle les regarde, leur sourit avec tendresse et se doutent qu'ils sont heureux. L'ont été. Le seront. C'est con la vie. çà suit toujours le même schéma. Tu tombes, t'es heureux, tu tombes, t'es heureux. Tu tombes, tu comprends assez vite que c'est cyclique et tu t'attelles à trouver ton moment Bonheur. Elle te chantera peut être une chanson. La fille à la voix juste qu'elle était avant à larmoyer sur du Céline Dion. Elle essaiera un jour. Après que tu sois parti. Un soir, imbibée de soûl, elle te racontera en chanson, une partie de votre vie ensemble. Elle attendra que la fin soit venue. D'ici là, elle restera plate. Elle racontera n'importe quoi.

Aujourd'hui, elle prend des photos où les gens sont absents. Et çà, c'est bien le plus important.

Elle garde des souvenirs de vous vivants, vifs comme les argents et gais comme les pinsons. Elle retiendra les fous rires, les grimaces, les délires stupides, les discussions jusque pas d'heures à chouiner sur le monde, sur notre incompréhension, sur notre toute petite taille dans le cosmos. Elle garde les éclats de rire spontanés qui explosent et font vibrer l'air autour. Elle retient les crises de larmes. Elle retient tous les moments où la douleur l'a complètement dépassée. Où la colère a tout dévasté. Elle retient tout le vivant qu'une photo préparée ne tient pas. Parce que les plus belles photos sont dans les chutes. Quand le naturel reprend le dessus. Et c'est dur, les photos où le naturel reprend le dessus. Sans chichis ni fioritures. 

Extrait de la Vie, le Jeudi 21 avril 2011 à 23:30.

Alors ?

Recueil

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Recueil









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

<< < | 1 | 2 | > >>

Créer un podcast