Alors, ouais. On écrira en gros. Des lettres détachées et branlantes. Un peu comme le lit d'hôtel. Demain, je me casserai la gueule sur le verglas. C'est écrit dans les putains d'étoiles qui scintillent en haut. Faudrait que j'aille me coucher mais je ne résiste pas à venir dégueuler encore une fois ici toute l'inutilité de ma petite vie minable. Faudrait que je la vive pour moi, hein. Il m'a complètement saccagée, ce con. Il faudrait que je dératise. Ouais, voilà. Que je dératise. Que je dise à ceux que j'aime combien je les aime. Combien j'ai besoin d'eux. Et aux autres, que je leur dise à quel point, j'ai envie de les tuer. Me faire autant mal. Sans le savoir. Le froid, on le voit pas. Et pourtant, il m'a cassé les doigts, les coudes, le nez. Toute la journée. Les essuies-glaces, sur les lunettes, c'est vraiment un truc à penser. Alors j'écris à nouveau tout en bloc. Sur un design qui m'apaise. Un design à la con que d'autres trouveront le moyen de critiquer. Vous voyez, je ne suis rien. Rien, du tout. Que dalle. Faudrait que je vive pour moi. La solitude, elle est fausse. Je connais des gens. Mais la solitude, elle est là. Le silence radio. Les gens qu'on connait mais qui sont pas là. J'vous appellerai à l'aide, les genoux dans les neiges, mes mitaines au fond des poches. J'vous appellerai. Quand j'aurais moins mal. Tu as tout pourri. Tu t'en fous. On existe pas. Tu mets la pierre sur le dos des autres pour jouer les égoistes en puissance. J'aurais pu te le cracher à la gueule mon Je t'aime. çà oui, j'aurais pu. Mais la fierté a tenu. Et quand j'ai roulé boulé sur le sol, KO par ton insouciance et tes mensonges, j'ai même pas pensé à te le dire. J'avais pu de forces. Je m'étais vidée. La semaine va être longue. Dure. Nulle. J'étais sur le dos, je mangeais de la neige. Et tout tourbillonnait. J'ai trop pleuré pour toi. J'ai trop rêvé pour toi. J'ai trop cru pour toi. J'ai trop espéré pour toi. J'ai trop.. dépensé pour toi. Pas d'l'argent que j'parle ici. çà non. J'parle de temps, d'émotions, de forces, de vaillance. Fallait être vaillant. J'ai appris chaque jour. Et puis j'ai laissé tombé. Te tenir à bout de bras alors que tu veux juste te trainer par terre. J'ai trop tiré sur tes vêtements pour te mettre droit sur tes jambes. Maintenant, elle sera là pour toi. T'auras compris tout seul, le déclic qu'il fallait et puis, tous les deux, vous construirez un nouveau truc. Moi, j'vais aller. J'vais faire aller. J'vais me fatiguer le coeur et les yeux un peu plus. A chercher qui aimer. A chercher tout court. M'fatiguer le corps à courir, nager. Arrêter de manger. Arrêter de pleurer. Retrouver une peau douce. Taillader mon visage. Ne pas toucher à mes veines. Nan, je mange de l'espoir à la petite cuillère. En intraveineuse. En surprises dans les métros. En coups d'éclats de rire sur les trottoirs. Je gogolise une situation qui me fait hurler à l'intérieur. Comme si t'étais pas assez loin déjà. Non, çà tombe bien. C'est ma semaine de merde qui commence. J'aurais pu la passer sous les couvertures. Je vais juste appeler à l'aide dans ma tête. L'écrire ici. Occuper les secondes et les minutes. Bétonner les brèches. Et c'est toujours le positif qui me saute aux yeux. C'est sur le skaï orange que je réfléchis le mieux. C'est dingue. L'envers positif d'une situation de merde. Pour moi, je le vois pas vraiment. Mais j'ai appris. Et depuis, çà s'arrête pas. Cherche, cherche, cherche. Il me faudrait un volant sous les doigts. Un chauffage et des dizaines de CD. La route ou les autoroutes. La nuit ou le jour. Me faudrait le bord de mer, comme le bord de montagnes. Me faudrait une fuite en avant à la con. Me faudrait une extraction. Il faudrait. Me. J'fatigue du coeur, du ventre et des membres. j'ai qu'envie de pleurer pour rien. " Qu'est ce qu'il t'arrive ? " " Rien. J'appelle à l'aide. je controle rien et je me casse la gueule. Mon humeur est en verglas. çà glisse. toujours plus bas. "

Et " je reste là " est une phrase pour toi. Une phrase de réconfort et de certitude. Mais aussi une phrase à chaines. Une phrase de merde qui montre à quel point, mais à quel point, tout ce que je vis, fais, pense ou dis, ne sert à. Rien.