J'ai un peu de verre sous les doigts. Un peu d'agressivité sur le bout de la langue. Un peu de solitude qui m'enroule. Je me retrouve là, avec mes mots et mes doutes et mes angoisses. Et vers qui se tourner, vers qui les donner ? Le silence prend toute la place parce que j'ai trop à dire. Paradoxe infini.
Comment dire? On ne peut pas dire. Y'a des trucs, comme çà où t'es tassé. çà te dépasse tellement que tu perds douze centimètres en te redressant le plus fièrement possible face à l'avalanche. Y'a des choses qu'on ne pourra pas changer. Des douches glaciales qu'on continuera de prendre au point de se noyer. Il y aura toujours des gestes qu'on ne pourra pas faire. Moi, les mots, çà m'encombre au bout d'un moment. Les mots ne sont pas mes amis. Je sais pas quoi en faire et en général, quand ils prennent sournoisement leur indépendance à l'instant même où je perds le contrôle sur eux, je m'en mords les doigts ensuite. Les mots prennent trop de place, bloquent la gorge et font mal quand ils refusent de sortir. Alors y'a des gestes. Où la bouche reste close et c'est tout le reste du corps qui parle. J'ai des solutions plein les poches. Mais pas une adaptée à cette situation. Pas une seule. Pas une seule qui me satisfait avec les moyens du bord. Et pourtant, c'est pas faute d'essayer. Mais je ne sais tellement pas comment faire. Le prendre. Que je m'embourbe dans ces mots Gaudillots.
Gaudillots. Gavroche. Je voulais mettre des mots Gavroche au début. Et je me suis souvenue que Gavroche est ce bonhomme agile qui tentait sa vie dans.. les Misérables? Je ne me souviens pu. Je vois seulement la scène de ce film. Le gamin rieur fauché en pleine rue. J'oublie pas. Sauf le nom du film. Le nom de l'oeuvre. Mais des mots Gavroche seraient insolents, impétueux, rieurs. Mordants de vie. Qui pourraient le secouer.
Mais non. Pas les miens. Moi, j'ai perdu le contact il y a très longtemps maintenant. J'ai perdu toutes mes certitudes et j'ai bâti un empire autour de ma tête, de mon coeur, de mes tripes. Pourtant, je prends encore des douches froides. De sacrées douches froides. Il y a quelques temps encore, je te l'aurais secoué sans aucune pitié. J'avais confiance. J'étais en confiance. Je savais qu'il savait que j'étais là pour lui, pas pour lui jeter la pierre mais pour lui faire bouger ses fesses. C'était Avant. Et maintenant, j'en veux horriblement à cette situation " Cul entre deux chaises ". J'hésite, je me casse la figure et j'essaie. Mais je me plante. Je me mets minable. J'arrive pas. Y'a pu le lien d'Avant. Il a été complètement déchiqueté. J'essaie de rassembler les morceaux. Mais j'y arrive pas. Il en manque trop.
Pourtant, j'ai vraiment envie d'être là. Je l'ai marqué, je veux tenir cette promesse jusqu'à ce qu'elle ne soit plus valable. Et encore une fois, je passe pour une fille que je ne suis pas. C'est fatiguant. Et c'est dans ces moments là que j'appelle mon corps à la rescousse. Il est peut être pas beau mais il est présent et réconfortant. C'est même pas de la prétention. J'ai trop servi de nounours pour ne pas reconnaitre cette qualité à mon corps.
Dehors, c'est la Tempête. Tornade, tu crois?
Et je me dis que çà se fera avec vagues, cris et rage mais que çà se fera quand même.
En attendant, je souris pas loin. En regardant toute cette vie qui déborde et s'épanouit. çà se fera quand même mais le Rien derrière ne sera peut être pas si terrible que çà.
Qui vivra verra. En attendant, si vous saviez combien j'ai mal au ventre. C'est hallucinant d'avoir autant mal. Et j'en suis pas à pleurer. Mais des fois, c'est comme si je me vidais de toutes mes forces et que mon ventre devenait coton. Ou plaque de béton. En attendant, je te dis que j'ai mal et j'ai carrément mal. Mais je le dis pas trop. Je le dis juste pour que maman oublie pas. Le reste du temps, çà pique, brule, dérange. Mais je dis pas. Sinon çà serait non stop. Et c'est chiant dit non stop. çà fait perdre de son importance.
Je ris de loin en te voyant pousser tranquillement. Je ris, te tends la main et te pousse vers l'avant. Parce qu'au final, .. c'est comme çà et pas autrement, hein. Viendra le jour où. En attendant, ce sont des fous rires en cascade. Juste parce que toi, tu ris pas et que t'as les yeux concentrés sur le chemin devant toi. Tant pis, je ris pour deux.
Mais même rire, çà me détruit un peu plus le ventre. C'est con pour réviser des partiels, cette merde. Je fais comment quand je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose que cette putain de douleur? Avec çà, j'ose pas avaler de médicament, de peur de me détruire un peu plus la paroi intestinale. J'en suis même à vouloir avaler du Smecta! C'est vous dire. Pour moi, le Smecta a toujours été le comble de l'horreur à avaler et je crois que c'est à cause de lui (entre autres) que j'ai développé une vraie phobie du vomissement. Au moins dix ans que j'ai pas vomi. Passionnant, hein? Attends, t'as pas lu la suite. En fait, à chaque fois que je devais avaler mon smecta, je visualisais les jambes d'une de mes Barbies.
Oui, étant une fille, j'ai eu beaucoup de barbies durant mon enfance (genre!) ( et bizarrement, aucun ken. Bizarre qu'on soit pas devenues lesbiennes, dis donc) (en fait non, on a developpé le concept de l'homme invisible et de la femme qui n'a pas besoin d'un homme pour vivre, conduire une voiture ou monter à cheval) (oui, on avait le cheval. La voiture. Mais pas l'avion!! C'est nul.) Bref! Tout çà pour dire que j'avais une Barbie mutante : la "peau" de ses jambes se détachait, comme une sorte de mue de serpent trop hideuse. Et à chaque fois que j'avalais la bouillie de plâtre infâme, je m'imaginais en train de boire ces morceaux de plastique absolument répugnants. Ce n'est que du plastique, somme toute. Mais associé au mollet de la dame, là, çà passe plus du tout. Pourquoi je faisais cette association? Aucune idée. Mon cerveau conserve encore de très nombreux mystères.
Tout çà pour dire que y'a même plus de smecta à la maison. Et de toute manière, je veux avaler aucun médicament. Avec la chance que j'ai, je vais prendre le seul mauvais de la pile et me retrouver avec je sais pas quoi, je sais pas où et finir en enfer, là où les maux de ventre ne finissent jamais. Youpi, j'y suis déjà.
Non, je suis pas de bonne humeur. J'ai mal au point de pas réussir à trouver le sommeil. çà-me-fait-chier. Et le médecin qui est overbooké. J'aime!
Semaine de merde. Y'a des moments où çà va, où les sourires tiennent la route et des heures et des heures où "çà" prend toute la place. C'est pas de la douleur, c'est juste un vide monstrueux. Le Vide qui revient. C'est celui des partiels. Avec les doutes, les angoisses, les paniques, le stress. Les paranos et les envies de câlin. Tout çà, çà prend trop de place et en même temps, çà prend rien. La majorité est appuyée contre les parois. Tout le reste est occupé par ce vide, cette incompréhension, cette stupidité latente à vivre. Pourquoi tu vis, toi ? C'est quoi l'intérêt de souffrir tout le temps?
J'ai de la bile dans la bouche. Une solitude monumentale. Une solitude qui se voit pas parce que je suis censée être en famille. Mais une solitude quand même et toujours ces putains de larmes qui veulent pas s'arrêter tous les soirs. On en dira rien, hein. On cache ici et on serre les dents. çà serait stupide de se foutre en l'air et de donner à certains une année qu'ils n'ont pas mérité. Je perds. Mais faut pas le dire. Surtout pas. Ici, c'est bien, c'est caché. Je raconte ce que je veux, quand je veux.
Et on raconte des histoires. A toi, à moi. A Nous et à Il. On raconte des histoires à toutes les personnes. On fait les voix, les sourires, les points d'exclamation. Les points virgules et les points à trois. On fait les virgules toutes seules pour respirer un peu et entre deux, on bouscule la place pour entasser des mots. On se raconte des histoires. De rien, de tout mais surtout pas de Princesses. Les villes se rapprochent avec les mêmes gens. Les mêmes histoires, les mêmes héros en anti. Les mêmes soupirs au coin des rues. Les mêmes, avec un s, les mêmes, tu crois? C'est trop vide tout çà alors on remplit de bric à brac, de choses folles et de choses tristes. On pleure parfois mais surtout devant personne. Pleurer, c'est bien dangereux. Pleurer c'est trop dangereux. çà fait trop mal.
Elle attendait la mer, assise sur les rochers. Tous les matins d'hiver et tous les soirs d'été.
♫
Anonyme a dit. Quelque chose de bien troublant. Des sourires et des rires quand l'anonyme n'est plus. Les vies s'échaffaudent alentour. Assise à l'ombre avec un verre d'eau, je les vois qui s'échinent et qui vivent. Chaque perle de sueur est une perle de vie. Une preuve de vie. Un saut de vie. Un seau d'eau de vie.
Je ne raconte plus grand chose ici à part cette envie de fin qui prend trop place en moi. Même l'envie de bébé a filé comme le vent vers la mémoire effacée. L'envie de Rien subsiste. L'envie de dire qu'une fois parti, le rideau se baissera. Pour respirer, se reposer ou juste oublier. Monter en l'air, ne pas redescendre. J'aime le trampoline. Cette impression brève mais jouissive de ne plus être esclave de la pesanteur, de la gravité. Je me dis que pour une araignée, un monde est infini. Je me dis que pour un homme, le monde est grand. Et je me dis que pour les oiseaux, le monde même n'est rien. Finalement, je n'ai même plus envie d'être un oiseau. Ou alors, est ce pour çà qu'ils ne vivent pas longtemps ? Pour ne pas avoir le temps de vivre l'ennui d'avoir tout vu? Qui saura jamais ce que retient un oiseau?
Je ne raconte rien finalement. Mon silence s'éternise. Il n'y a que Eux, que je sais raconter.
Aujourd'hui, il pleut. çà faisait longtemps. Mais aujourd'hui, les roses éclosent. Des pétales multicolor viennent envahir l'angle de ma chambre. Pourquoi en un jour de pluie ? Envie de leur intimer d'attendre le retour du soleil. De ne pas se faner avant que le soleil revienne. Pour qu'elles soient encore plus belles que belles.
Les mots sont d'une lourdeur infinie. Mon corps aussi. Tout, tout, tout pèse infiniment lourd. Hier, à table, j'ai dit que je ne voulais plus continuer. Que c'en était trop, que je ne pourrais jamais vivre une vie aussi dure que celle qu'ils ont. Qu'est ce qui m'y oblige? La bonne morale. Non, ma fille, le suicide, c'est mal. Qu'est ce qui m'oblige à vivre toute ma vie dans la souffrance, la connerie et la solitude? La réponse est rien. Il n'y a rien que la lâcheté et les bras baissés pour me tenir ici. Le vide mémorable d'une vie essoufflée à la racine.
Hier, tout a explosé. Hier, y'avait rien qu'une vérité dans un corps. Des larmes, une heure de sommeil volé et au petit matin, cette lourdeur. Cet épuisement. Cette angoisse. Ce gâchis.
Elle est belle, la vie, hein. Elle est belle.
Les vérités se racontent. Les projets se dessinent. J'ai raccroché les deux mois d'été à des fuites possibles. Des rires fusant dans un couloir. Et dans ce soir qui venait progressivement, je t'ai raconté les vérités. Je crois n'avoir aucun espoir particulier concernant un Amoureux. J'aimerais, c'est sûr. Mais il y a tellement d'obstacles auxquels je ne peux rien, que je n'en peux plus. Alors je m'aime, parce qu'il n'y a pas le choix B, hein. On ne pourra pas le faire pour moi même. A défaut de m'adapter à quelqu'un, je fais mes gammes, mes tâches et mes ratures. Je vis pour moi et seulement pour moi. Pour les gens que j'aime. Ceux que j'apprécie. Et puis le reste de la vie découlera. Je ne suis pas tout à fait dans les normes. J'ai trop cherché à m'adapter aux courbes trop étroites. Il est temps que je prenne toute la place. J'ai pas d'espoir très loin. Je réponds à ma curiosité, à mes envies, à mes besoins. Je leur réponds à eux aussi. Mais pour le reste, je crois que le mode d'emploi n'était pas adapté. Et puis je suis fatiguée. De toujours m'adapter aux uns et aux autres. Tant pis.
Il y a ce Plus Tard terrible aussi. Qui m'empêche de vivre réellement dans l'instant.
Et tout ce qui est dit glisse. Glisse terriblement et l'incompréhension me gagne quand on ne me laisse pas simplement être. Pourquoi venir chercher des misères à quelqu'un qui reste dans son monde. Des incompréhensions toujours plus grosses. Je te souris et je t'oublie. Mais toi, je te garderai toute ma vie avec moi. Dans la poche de poitrine. Tout, tout contre.
Ma bougie à la vanille. Ce moment entre Javel et le Pont du Garigliano où passe ce quai immense. Où le Thalassa est amarré. De l'autre côté, il y a le jardin avec la montgolfière de l'air de Paris. Avec des gens allongés sur les pelouses. Des gens qui déjeunent au bord de l'eau. Dinent. Y'a des instantanés toutes les minutes. Suffit de regarder en l'air. A droite. Suffit de regarder vraiment. De ne pas être grise. Pétille, pétille, pétille.
La forêt est d'un vert luxuriant absolument fabuleux. Et dans le soleil couchant, j'aime la silhouette infinie que je dessine. Même si elle n'est pas vraie. Un jour, elle le sera. Je serai fine, élancée, ferme. Volontaire. Un jour. Les jours s'arriment les uns aux autres et je commence à attraper des stylos et des couleurs pour définir ma vie pour les deux semaines à vivre. Je n'arrive pas à réaliser. J'ai la tête tellement Ailleurs.
Tellement Ailleurs. Au bord de la mer avec lui.
J'aimerais m'acheter un polaroid et recouvrir les murs d'un studio Hypothèse de toute cette vie.
Pour me dire qu'à côté, y'a des gens qui peuvent dire sans mentir qu'ils vivent.
Sont pas loin, ces gens.
Ils sont à côté.
Aujourd'hui, ce sont les grosses mouches noires qui font valser les langues et les ragots. Elle était dans le hall d'immeuble, hautaine, stupide et puante d'hypocrisie. Autant le reste de la famille, je la salue autant cette femme, je ne peux pas. Mon hypocrisie ne vogue pas jusque là. Hier, j'ai eu mal pour lui. Mal pour ce pauvre crétin qui s'est introduit là où il n'avait aucune place. Il se raccroche à rien et se permet tout. La dignité peut atteindre un si faible niveau ? Sur le coup, j'ai eu mal pour lui. Mais je n'ai rien dit. Ce ne sont pas mes affaires. Docteur Bubulu n'arrête pas de voltiger sur les courants d'air. Je le ramasse à chaque fois que je me lève. Je me souviens de quand il me l'avait présenté. Je me souviens de quand elle me l'avait dessiné. A main levée, en éclat de rire XXL, au bord de l'eau. J'avais eu le visage brûlé cet après midi là. Mais qu'importe, je suis rentrée avec Bubulu plié en deux dans mon carnet à fleurs multicolor. Les allergies me mènent un train terrible. J'ai passé ma nuit à éternuer, étouffer, geindre et pleurnicher. Un peu de pluie ne serait pas pour me déplaire. Juste le temps de plaquer tous ces pollens à terre. Pour respirer plus librement. Eternuer, c'est dangereux pour la santé. çà t'exorbite les yeux et çà te secoue violemment la boîte cranienne. J'ai une bosse sur le front. Je me suis cognée en mettant de la vaisselle à sécher. Je me cogne mes inadvertances et mes mains traitresses. Les choses tombent sans que je ne puisse rien y faire. D'un coup, mes mains s'ouvrent et tout glisse. Julie vient de m'annoncer qu'elle était au bord de la mer, là. Des relents de détresse bien connus se sont glissés au fond de ma gorge. Profite bien que je lui ai répondu. Profite bien. Et moi, j'avale des poussières, envahie par des travaux sous mes fenêtres. L'iode est loin, l'essence tout près. J'ai hâte de voir les gens s'arrimer à des vélos bientôt. Le prix de l'essence va devenir un autre sujet d'inquiétude pour mes vacances. Monde Adulte, me voilà. L'utopie des Bisounours me manque. Je sais pu faire comme avant. C'est nul.
Je t'ai écrit une lettre. Sur un coup de tête.
Elle a fini déchirée en huit, enveloppe et adresse comprise, dans la poubelle. Sur un coup de tête.
Raconter des inconnus, c'est facile. Raconter sa vie, çà l'est moins. Sauf en disant le plus important, ou le plus futile. Le milieu, il se raconte pas. Bien trop riche même quand il est pauvre. Il faut mettre des mots réducteurs sur des actes infiniment petits mais ô combien importants.
Quand les somnambules déambulent. Cette rime m'accroche. Elle tourne telle une litanie dans ma tête depuis qu'elle s'est installée dans l'article. Je joue sur la corde raide. Funambule du Dimanche, je me balance très haut dans le sol, pour arriver de l'autre côté. La rapidité a une telle intensité dans l'oeil. Vite, vite, se dépêcher avant qu'il ne soit trop tard.
Dans cette lettre, je te racontais tout ce que je ne te raconte plus. Tout ce que je ne te raconterai plus bientôt. Même avec un stylo et une belle feuille blanche. De ma plus belle écriture, j'ai tâché le papier. Retenant larmes et rires, amère déception et fanfaronnades. Je me suis appliquée à écrire avec folie tout ce qui tourne rond dans cette vie que je vis en spectatrice attentive.
La journée s'est très mal passée. La fatigue m'a tenue serrée contre elle. Nausée et épuisement de l'être. Restent trop fortement présentes des images qu'on préfèrerait oublier. Tu as dit une date. Mais finalement, çà sera plus tôt, hein. C'est ce que tes mots veulent dire. De toute manière, on s'aime tellement plus.
çà aussi, j'en parlais. En conclusion de ma lettre folle de sens, j'ai marqué combien j'avais été heureuse d'un tout petit évènement. Phénoménal pour tous les deux. Mais les regrets ne servent à rien, n'est ce pas?
Je m'accrocherai aux jolis souvenirs. Je n'en construis plus de nouveaux avec ce qu'on se propose maintenant. çà n'en vaut pas la peine. çà fissurerait l'édifice et moi, j'ai pas envie de fissurer le beau souvenir que j'ai de toi.
Et on se déchire, encore et encore. Avec des sourires et des jolis mots. Avec des claques et des ironies dévastatrices. C'est comme une tresse que j'applique à faire et que tu t'appliques à défaire à l'autre bout. Un lien ténu entre nous. Savamment et avec application tissé puis démis.
Je suis fatiguée. Epuisée d'une vie.
Le plus grand gâchis, je pense, a été, pour Dieu, de me donner ces jours sur Terre. Je suis sûre qu'une autre âme en aurait fait meilleur usage. Et moi, je trace progressivement ma révérence dans le sable. Tu ne les vois pas? Je creuse, gratte, époussette, épouse. Il est vrai que la mer m'avale mes mots d'adieu. Mes mots d'Ailleurs. Je suis appelée Ailleurs.
J'aimerais mourir dans mon sommeil. Bientôt.
çà aussi, je te l'ai marqué dans la lettre qui t'étais destiné. Parce qu'on était censé tout se dire. Je t'ai dit aussi que j'étais lâche pour tenter quoique ce soit sur mon corps. Que j'ai une horreur sainte de la douleur. çà serait seulement bien que Dieu me rappelle à lui. Tranquillement, sans vague, ni fausse note. Une mort de vieille personne. Dans le corps d'une grande et vaillante jeune femme. Pour donner une chance à l'âme suivante. Parce que là, vraiment.
Y'a des moments où j'aimerais que Dieu soit pas loin et entende de son fauteuil en cuir, des suppliques innocentes.
Le pouvoir du Wifi, c'est d'avoir internet sur son balcon.
Je navigue à un niveau de stress tellement grand que tout déraille progressivement.
La respiration, je n'arrive pas à la reprendre.
Les enfers s'enchainent.
Je vous le dis. Une vie passée à vivre comme çà, je pourrais jamais.
Mais si tu pourras.
Non, je ne pourrais pas.
Le corps humain s'adapte. Mais là, c'est pas mon corps qui s'adapte pas. C'est moi qui m'adapte pas aux douleurs engendrées. A l'angoisse permanente. A la barre dans le ventre. A cette colère monumentale.
Deux après midi que je passe en TP. Deux récréations et une binôme. Du soleil. Des sourires. Un manque de temps effarant mais des rencontres dans les couloirs et des appels téléphoniques par ci par là. Brefs mais là.
Y'a des moustiques et je suis allongée de tout mon long sur ma terrasse. C'est ma première respiration de la journée. il est.. 20 heures 57, bien sur. Douze heures à aller vite, tout le temps. Sans relâche, sans pause. Avec des cris aussi. Et des larmes. Moi qui donne volontiers mon épaule pour éponger des pleurs, j'en ai provoqué aujourd'hui. Sans forcément crier, je lui ai juste expliquer la situation. Il y a des torts des deux côtés mais je ne pouvais pas laisser passer çà. Enfer sur enfer, je vous dis. Avec sinon, des rencontres et des mains tendues.
Et encore, je prends trois minutes pour écrire ici et penser à autre chose avant d'enchainer avec un compte rendu de manipulation et un compte rendu d'expérience. Autant vous dire que j'en ai jusque là. Et que çà commence à bien faire. Mais.. non stop jusqu'au 15 mai, par là. Sauf si cas extrême genre hospitalisation pour surmenage. Why not?
Il faut toujours suivre son intuition.
Il existe dans mon entourage, des gens qui ont manqué de respect à ma mère. Il existe dans mon entourage, une petite conne qui n'attend qu'une chose. La paire de claques qu'une attitude comme la sienne mérite pleinement. Ce soir, ma mère est rentrée du travail à minuit quatre. Parce que le travail en équipe implique de sacrés compromis. Aujourd'hui, je lui avais dit que je voulais son dossier à 19h30 au plus tard. Aujourd'hui, c'est à 20 heures qu'elle a daigné me dire qu'elle n'avait pas eu le temps d'avancer. Aujourd'hui, c'est à 20 heures que la colère m'a complètement noyée. Aujourd'hui, c'est à 20 heures que tout a commencé à craquer. Aujourd'hui, c'est à 21h30 qu'elle m'a fourni son fichier. Aujourd'hui c'est à MINUIT que ma mère est rentrée, putain! MINUIT!
A quoi croyait-elle cette petite conne avec ses messages?! Avec son retard?!
Les mots manquent tellement je suis soufflée par un tel manque de respect. J'ai dormi quatre heures la nuit dernière. Aussi peu que les dernières depuis une semaine. Je n'avais presque rien avalé depuis 9 heures du matin. J'ai eu quatre heures de manipulations en laboratoire l'après midi. Et cette petite CONNASSE me sort qu'elle n'a pas eu le temps d'avancer? Elle qui n'a rien eu à faire de tout son après midi?
J'étais prête à l'heure. Ma mère aurait du rentrer à 22h dans le pire des cas. Le pire.
Minuit.
Je n'en peux plus. J'ai les limites atteintes.
J'ai envie de partir. De partir super loin. Où les saloperies de ce genre, où l'hypocrisie et la médiocrité ne seraient plus rien. Rien face à une nature dévorante. Perdre toute la mocheté de l'humain.
Je suis patiente. Très patiente. Je ne demande pas à être aimée de tous. MAis par contre, je demande à être évitée par les faux culs et les petits culs serrés. Et pourtant, non. Non, ces gens s'obligent à venir ne pas t'aimer sous ton nez en te faisant de grands sourires. Mais allez donc vous faire foutre.
Cet article est d'une mocheté sans nom, j'en suis consciente. Mais çà hurle tellement fort qu'il faut que j'évacue toute cette haine. Cette déception. Ce désespoir de ne rien voir arriver.
Cette envie toujours plus dévorante de fuir. Loin. A jamais.
Et j'avais des rimes. Je les ai oubliées.
Crise de nerf. Ventre détruit. Larmes. Gestes stupides. Angoisses.
Sortez moi de cet enfer creshendo.
T'écrire une bille de mots. Une ronde de rêves. Un tricot de peurs. Un plaid patchworké de tout ce qu'on pourrait m'apporter. Je viens t'écrire, ici, à toi qui a donné au mot silence sa définition la plus cruelle. Les allergies au Printemps sont à l'opposé de mes envies viscérales de fuite. Je dois écrire un article en rimes, poèsie et rythme. Il faudrait que j'ai le temps pour çà. J'ai fait un rêve d'une douceur incroyable. J'ai réalisé que j'avais tout çà sur un compte. Trois chiffres qui m'offrent de possibles fuites. Je les avais oubliés ces chiffres. Perdu leur sens, leur réalité. Les possibles qu'ils me donnent. J'aimerais apprendre à jouer de la guitare. Une comme celle de ma Jumelle. Une Princesse Hors de Prix qui ne le serait pas forcément. Mais à défaut de pouvoir en écouter, j'aimerais être capable de gratter quelques notes bohèmes sur cet instrument. Une envie parce que tous autour, vous en avez, en jouez et aimez çà. çà serait une idée comme çà. Une envie que je te chuchote à toi qui a donné cette définition si cruelle au Silence. Je l'écoute me glisser des mots d'amour dans l'oreille. Des mots inconsistants. Silencieux. Cruels. Des mots qui s'essoufflent devant mon tympan. Je te sens te glisser autour de moi. Toi qui. Silence et impassibilité définis si bien. Mon dos tordu me brûle. Un peu. Seulement un peu. Je vais bien. Pleure, ris. Silence depuis des jours maintenant. Je ne parle plus. J'agresse. Je meurs à petit feu. J'aimerais que mon corps meurt avec moi. çà serait bien qu'on parte ensemble. Que jamais je n'ai ce regarde mort au fond des yeux. Ce regard mort qui a tend brisé cette Elle. Je suis à côté. Une vitre qui me sépare du reste. Les mots qui dévalent ma langue ne sont pas moi. Ils sont cette Autre rageuse que je n'arrive pas à contrôler. On est deux en moi. Le regret tenace et celle qui tient les rênes d'un corps et d'une voix agressive. On est deux. Alors je t'écoute dans le silence. Ton coeur qui bat, pas loin. Juste là. à côté, dans les draps. Le silence est d'or, qu'on dit. Moi, les mots explosent à l'intérieur. Je suis une oeuvre d'art intérieure. Je devrais acheter une toile immense. Un pot de peinture noire. Je devrais marquer un à un tous ces mots que j'écris. Creusant la chair tendre de mon abdomen. La douceur potelée de courbes en cascade. Je suis avec ce corps. Moi qui me rêve devant un photographe. Moi qui rêve devant ces femmes au corps banal et si familier. Si inconnu. Je sais que je pourrais être une de ces femmes. Qu'à force de travail, de douleur, de douceur, de soins, je pourrais être l'une de ces femmes sous l'oeil du photographe. Mais le temps. Où se trouve le temps. Je sais tout çà. Musique, peinture, photographie. L'Art entre dans ma vie. Par un peu partout. Mais je prendrais le temps. De trompetter. De crever en grande pompe tout cet œdème mortuaire. Je prends le temps d'arpenter les quais de ce fleuve rêveur. En pensées. En volonté. Les mots s'effilochent. Pour changer.
Je n'écoute que sa voix.
S'engager à prendre un sujet comme la maladie d'Alzheimer était une bonne idée au départ. Retracer toute la vie de ma grand mère, je n'y avais pas pensé. Et pourtant, ces chercheurs, une fois quittés leurs molécules, annoncent des comportements, des désagréments, des changements qu'elle a vécu. Il y a 13 ans de cela. Cela fait 13 ans que ma grand mère porte Alzheimer en elle. C'est pour elle, et pour tout ce qui a été détruit, que j'ai choisi de me pencher sur cette maladie. Pour essayer de comprendre. Les molécules sont neutres. La dimension humaine n'intervient pas. Seulement, le passage des molécules est terminé. J'entame le comportement. Et avec une précision redoutable, souvenirs et faits scientifiques viennent se superposer. Alzheimer, à n'en pas douter, est l'une des plus pénibles maladies qui puissent ramper sur cette Terre.
Ils annoncent que l'espérance de vie une fois la maladie déclarée est d'environ sept ans. Et que seulement 3% des malades dépassent 13 ans. Les années sont passées à toute vitesse. Cette putain de vie est sur le déclin. La Mort, belle salope, attend son heure. Elle attend le corps. Puisque, finalement, la mémoire, l'être et l'âme de cette femme époustouflante sont maintenus à l'état de fibrilles amassés dans son cerveau.
Elle a fêté son onzième anniversaire de vie arrêtée. Peut être que la mort sera un soulagement pour elle. Peut être. Elle pleure encore, vous savez. Mon grand père mange avec elle, matin, midi et soir. De temps en temps, il remonte de la cave où il travaille pour aller passer quelques minutes avec elle. Lui prendre la main, l'embrasser. Lui dire qu'elle est belle. Ils ont fêté leurs noces d'or il y a des années. Vont-ils passer les noces de diamant?
Elle, elle est loin. Perdue ailleurs. Peut être que tout est noir. Qu'elle est seulement absente, arrêtée. Elle parle encore, un petit peu. Elle sourit. Elle tient des mains. Y'a que pour Jo' que çà tient encore. Son dernier rempart de mémoire. Nous tous, elle nous a oublié. On est gentil alors elle ne nous saute plus à la gorge. Il l'a gardée à la maiison. Mordicus, il a tenu bon face à tout le monde. Et tout le monde a fini par tenir avec lui. Le temps s'effiloche mais les gens s'accumulent dans les chambres, la cuisine et le salon. Il ne la lache que très peu. S'inquiète de tout. Quand elle n'est pas là, il est mort d'inquiétude. Mille ans à chaque année qu'il a pris à ses côtés une fois le diagnostic posé. A vivre la détérioration inéluctable. Il est vieux mon grand père. Lui qui était colosse, a perdu centimètres, force de voix et précision des yeux. Il regarde les gens de loin. Avec une innocence bien trop dure à regarder. On s'inquiète autour de lui. De s'il part avant elle. De s'il lui survivra. De comment on fera. On parle testament autour du rôti. On parle de tout çà parce que c'est pas encore une réalité. Mais que cette réalité vient de forcer ma porte avec ces statistiques de malheur.
J'ai encore du travail.
Mais vous savez, Alzheimer. C'est aussi héréditaire, dans certains cas. Mutations génétiques.
Le temps s'arrêterait que je ne dirais pas non. Je relis ses mots d'il y a un an. A voir la vérité qui n'était nulle part, je me suis tellement fourvoyée. Je suis tellement tombée amoureuse que maintenant, seuls des lambeaux de chairs pendent sur mes os. Ma tête réduite en bouillie, mes mensonges et ma vérité fausse m'ont réduite à néant. Je me surprend à sourire maintenant que j'ai ouvert les yeux. Son homme est superbe. Son homme, çà va faire un an qu'elle a commencé avec Lui. Un an, t'imagines? Elle a tout pour être heureuse. Ma colère s'est émoussée comme un couteau sous le mauvais temps trop longtemps. La colère s'est enfuie. Reste le regret, l'amertume doucereuse d'un amour consummé et toujours droit. J'espère qu'il te fait rêver, ma. On ne peut rien dire de plus sinon de te souhaiter d'être heureuse. Pardonner les écarts d'une âme trop emportée, tempêtueuse et torturée. A me décrire, je me dirai orage. Déchainé, démoniaque. Tordu. Foudre, tempête, pluie, grêlons. Je serai çà. Un éclair de rage, de colère et de haine. Une foudre qui ferait trembler tous les fondements. Feraient pleurer les tout petits. Fascineraient les fins connaisseurs. J'aimerais être orage. orage qui lave le ciel, les trottoirs, les routes et les campagnes. Orage qui remet tout à zéro. la chaleur, le frais, l'humidité, la vie. Un orage. Juste l'espace d'un instant, devenir orage. Faire trembler les vitres, les coeurs et les corps. En laisser s'aimer dessous. En laisser rire et se libérer dessous. Taper là où c'est trop haut. Taper parce qu'il le faut bien. Et gronder, gronder, gronder. Déchirer le ciel en deux. Déverser toute la haine. Devenir gris plomb. Devenir noire. D'abord un éclat plus grand du soleil. D'abord cette odeur de béton armé. D'abord, ces nuages d'une beauté époustouflante. Gris violet, gris Majestueux. Gris qui tourne en noir. Ensuite, une goutte ou deux. Pluie qui ruisselle dans le cou, sur le nez, dans les yeux. Pluie en plein soleil. Avancée tranquillement. Et brutalement, tout déchainer. Tonnerre, foudre, éclair, grêlons. Continuer encore et encore. Reprendre son souffle de temps en temps et repartir à l'assaut encore plus longtemps. Tout laver. Vider la poussière, la fatigue, la chaleur abrutissante, la monotonie d'un soleil qui brûle. Tout laver et laisser sur la fin, une odeur de bitume mouillé, une nature luxuriante. Un nouveau vert, un nouveau sourire. Un nouvel intérêt au soleil. Un orage humain détruit pour ne rien reconstruire. Mais moi, j'aimerais. Je pense aux routes barrées. Aux écarts de conduite. Aux chemins de terre détournés. A ce silence qui m'enveloppera petit à petit jusqu'à n'être que ma réalité. J'écris pour ne rien dire. Surtout raconter n'importe quoi. Aujourd'hui, le temps est gris. La pluie rigole dans les rigoles. Lave les sols, accumule les pétales des fleurs. Je suis amoureuse d'un arbre. Un arbre immense et recouvert de pétales blancs. Suis restée en admiration plus de vingt minutes, assise à côté, à le regarder évoluer dans le vent et les éclats de soleil. Je raconte plus rien de constructif, contrairement à avant où ma vie était nette et claire. Réelle et bien vivante. Ma vie repart dans une phase de mort cellulaire, de mort mentale et de mort sociale. J'ai tellement envie de choses que je me casse les dents. J'ai envie. JE meurs d'envie de le rejoindre. Vivre ce qu'il vit. Je respire. Compte les jours. Je veux me donner de l'air et puis je finis par réaliser que je me coupe toutes les vivres petit à petit parce que j'accumule des choses pour un possible argent. Une possible occupation. Pour combler des mois de vide qui finiront par devenir si ennuyeux. De mi mai à Fin Aôut. Voilà mes battements. J'te raconte pas. J'essaie de trouver où çà me plait. Je me fatigue la tête sur des lettres qui doivent me ressembler. Je me ressemble dans la toute dernière. On verra bien. les choses se bousculent mais finalement, l'organisation pointe le bout de son nez. Pour certaines choses. Là, je lis de l'anglais depuis plus de quatre heures. Mon rendement est nul, je vais tellement lentement que je m'auto-frustre. Mais non, relativisons. J'écoute de la musique qui n'en est pas et des fois, je viens t'écrire. D'autres, je bondis de ma chaise et je m'entame la macarena pendant quelques minutes. D'autres encore où je fais le tour de l'appartement. Tout le monde travaille. C'est d'un studieux carrément déroutant. Pas grave. La maison est rarement calme. Les voisins doivent croire qu'on s'est entretué. Oui, hier, on se haïssait tellement fort que la porte d'entrée a claqué au point de fissurer le mur. Pas vrai. Seul le mur a tremblé au point de faire tomber un vase en cristal. Pas vrai. Le mur a tremblé, la porte a grondé sèchement et moi, j'ai pleuré lamentablement en attendant l'ascenseur. C'pas grave. La haine est vivifiante. Elle rappelle l'intérêt d'une vie Ailleurs. J't'écris en langue automatique. Je ne pense qu'à mes mots. Les actes sont dans ma tête, les mots sont là pour les changer. C'est une recherche qui m'apaise. Poser un mot le plus vite possible, le plus étrange possible. Surement le plus juste possible, d'après ce qu'ils ont pu me dire. C'est toujours très étrange les compliments. Mes articles sont mon jardin secret ultime. Mon secret, mon écriture. Révélée à tout le monde mais cachée aux plus importants quand ils ne fouillent pas. Que sais-je? Des secrets, qu'est ce ?
Je raconte n'importe quoi. Arrête moi, bon sang. Agrippe moi les poignets. Dis moi tout ce que tu dois me dire. Dis les moi, tes phalanges profondément enfoncés dans la tendresse de mes poignets. Dis les! Assume tout ce que tu ne dis pas. Pose des mots à quelques millimètres de ma bouche, à défaut d'y poser tes lèvres. Dis les! Prends ton courage par la main et lance toi. çà ne tombera pas dans l'orage. çà tombera dans la femme que je ne suis que trop rarement. çà tombera dans le creux chaleureux qui peut accueillir tous les secrets.
Il est 18h. Le sourire me manque. La parole me manque. J'écris ici ce qui ne se bouscule pas en moi. Je raconte des tas d'histoires. J'écris des tas d'histoires. J'en ai plein. Tellement à écrire. Tellement à raconter. Si tu savais. Peut être que je les mettrais ici.
Je ne sais comment finir cet article. Un an maintenant. Le mot Gâchis ne lâche que très peu mon coeur, tu sais.
Il est 17h46. Je suis en pyjama, démaquillée, coiffée et prête à aller dormir. Sauf qu'en fait, non pas du tout. Par cette attitude, je marque mon envie quasi viscérale qu'on me fiche la paix jusqu'à ce soir 23h30 afin que je puisse bosser. Parce que oui, j'ai mille tonnes de boulot à abattre d'ici la semaine prochaine et que je ne sais pas comment je vais faire si je dois jongler entre les rendez vous pour CV et LM, les courses, les compte rendus et les dossiers. Nan, je ne sais pas comment faire. Sinon, me mettre en pyjama, me démaquiller, me faire deux tresses, enclencher ma musique et écrire un énorme "Ne pas déranger" sur ma porte. Comme quand j'étais en pleine rébellion et que je voulais gouverner le monde. A défaut du monde, je voulais au moins contrôler mon espace privé-mais-pas-à-moi-,-à-mes-parents. Et à venir perdre de précieuses minutes ici. Juste pour pouvoir abattre un maximum de boulot. Mais non. Je viens ici. Ma logique me perdra toujours.
Sinon, sinon. J'ai trop envie d'aider mon prochain. C'est quasi incontrôlable. Limite çà me rendrait dangereuse et inquiétante. Il faut que je me contrôle. J'ai subi la première tempête de grêle de la saison. Foudre, tonnerre, dix centimètres d'eau sur la chaussée, averse de grêlons. Et vous savez quoi? çà-fait-du-bien. Surtout, surtout, quand on visualise bien son parapluie. Non, pas au dessus de sa tête, voyons. çà ne serait pas drôle. Mais plutôt ouvert dans l'entrée de son appartement, prêt à être emmené. Presqu'il me disait "Emmène moi! Emmène moi!" ouvert en grand dans l'entrée, se prenant dans mes jambes à chaque passage. çà m'apprendra. Mais çà a fait du bien quand même. J'ai couru sous un arrêt de bus et j'ai essoré mon pull. En laine. Ben non, pas mon K-way made in China. Oh! J'ai une réputation de Galérienne à tenir, moi.
Sinon, sérieusement, j'ai trop de raisons d'aller mal. C'est çà qui est hallucinant. Les emmerdes et les déceptions s'accumulent. Ce midi, j'ai réalisé que j'avais perdu une amie. Une amie inestimable et irremplaçable qui m'a supporté un an puis deux. Et puis l'emploi du temps et l'oubli ont fait que. Je l'ennuie. çà m'a fait mal. Une petite gifle. On essaiera de se revoir. Mais j'ai perdu l'envie. Complètement. Donc.. des regrets. Encore.
Et puis le travail. Je ne réalise pas encore tout à fait dans la merde où je nage actuellement. Même pas du tout. Le soleil brille et fait un effet miroir sur toute cette angoisse là, ce qui fait que je ne la vois pas. Aveuglée que je suis par le beau temps.
Non, j'ai toutes les raisons pour aller mal. Toutes. Pas une seule note positive en ce moment. Aucune.
Merci Soleil.
Fallait que je t'écrive. Que je reprenne la plume pour toi et tes mains sur le papier. Toi, toi qui est tellement loin. Que j'ai perdu, oublié. Toi qui m'a complètement oublié. Gaspillé. Je me suis saccagée pour toi. Grossière erreur. J'aimerais me dire intéressante mais je n'ai rien à raconter. J'aime les gens et leur contact. J'aimerais n'être qu'au bord de l'eau. Il va falloir que j'apprenne à me vendre. Mais par dessus tout, j'aimerais passer une après midi avec toi. Ton corps à côté du mien. Ni trop loin, ni trop près. Comme le fromage. Ni trop fin, ni trop épais. Mais on ne parlera pas du silence. Je voudrais seulement pouvoir être là avec toutes. Leur dire, sans parler. Parce que je n'ai rien à leur dire. Sinon combien je tiens à elles, combien elles me sont précieuses. Mais loin. Je commence les tranchées. Les silences Longue Distance. Mais je vous aime tellement fort. Y'a pas de mots pour les sentiments. J'ai senti combien je t'ennuyais. Brièvement, je me suis vraiment sentie pathétique. Un infime instant. Une milliseconde qui s'est évaporée dans le cosmos. Tant pis, parfois, j'ai tout faux. On a tous tout faux un jour, non? Ma peau est si sèche. Il fallait que je m'enrobe de crème. Et je n'ai pas eu le temps. Je n'ai eu le temps pour rien. Pour rien sinon pour ces deux bébés et leurs menottes tendues vers moi. Un sourire en langage morse entre les lèvres. Dent, trou, dent. Trou Trou. Dent. La lueur de malice dans leurs pupilles. Incroyable. J'avais peur d'eux parce que je croyais leur faire peur. Mais eux n'ont pas eu peur. Eux ils ont tendu leurs petites mains vers moi. Comme çà, parce que je leur souriais. Je veux un bébé. Les ventres Montgolfière batifolent dans les rues. Couples amoureux, femmes pressées. L'élégance folle d'un corps qui conçoit la vie. Y'a des douleurs aussi. Des brutales barres au niveau du ventre, du coeur, de la tête. Mais qu'importe. J'ai envie de prendre Paulhin dans mes bras. L'est tellement grand. L'est tellement vide. Et j'ai tellement à donner. Juste un câlin. Un enroulement de mes bras autour de ses hanches, de son cou, de son torse. Un infime câlin. Une parenthèse où on serait deux à former qu'un. Mais çà ne marche pas comme çà dans la vie. Il ne sait même pas que j'existe. Ou alors, je suis la Grande Gueule du 8e. Quelle connaissance sexy. Ou alors, je me fais plein d'idées et il est pleinement heureux. Amoureux, groupe d'amis et sorties en tout genre. Peut être. Mais parfois, coeur et corps s'accordent pour une même envie. Un même impératif. Ce bonhomme, quand je le vois, j'ai juste envie de lui dire que je serai là. Que je suis là. Mais non, on dit rien. On se voit pas. Il est 48. J'abuse sur tout, là. Même sur la dureté du réveil demain matin. Pauvre de moi. la semaine qui s'entame déjà sur les rotules. Infini problème avec ma conceptualisation de l'espace Temps qui m'entoure. Etrange phénomène que la distorsion. Démaquillant, hydratant, et hop là, tire les rideaux et dort.
Nouveau parfum. Nouveau parfum!! Nouveau sourire. Et des petites mains et des sourires qui se sont agités jusqu'à moi. C'était surréaliste.. Nouvelles démarches. çà va pas assez vite pour certains mais moi, c'est mon rythme. Ma vitesse. Ma détermination. Ma motivation. Mon avenir.
J'ai des phrases qui tournent de temps en temps dans ma tête. Les souvenirs m'agressent. Les regrets s'accumulent dans ma cage thoracique. Bloquent l'arrivée d'air. J'ai la bouche sèche. Manque d'eau. Début de chaleur. Pourquoi est ce que je ne vois pas ce que je vois dans le miroir, dans une photo ? Je veux dire que la fille sur les miroirs, que je vois évoluer, n'est pas la fille qui s'accule sur la pellicule. C'est ennuyeux. Je suis une Autre. Et dans tout çà, où se trouve la vérité, hein ? Qui suis-je ? La fille à la Voix, çà oui. On ne peut pas tricher en parlant au vide. Mais suis-je la fille des photos ou la fille que je vois? Veux voir? Je me cherche des points féminins. Des points de vérité. Je me tais. Je me dis que je mens. Je suis une menteuse. La solitude n'est qu'amoureuse. Pour le reste, je suis entourée, encadrée. Je les perds toutes de vue, mais ce sont comme les boomerang. Sauf pour lui. Lui, je sais pas encore ce que c'est. Un boomerang ou un boomerang cassé qui ne reviendra pas? Je suis donc une menteuse. La solitude n'est qu'éphémère et volontaire. Comme les sourires, les fous rires et les secrets échangés. Elle sera peut être subie et douloureuse dès l'année prochaine. Yiruma. Tu sais que je n'ai aucun garçon dans mon entourage? Aucun. Pas un. Des sourires, quelques phrases, et quelques blagues par ci par là en passant mais rien. Rien de solide, rien de concret. Rien de vivant, de tactile et de mesurable. Rien. J'aimerais, un jour, pouvoir aller dans un gala. Enfiler une immense robe du soir. Être sublime. Magnifique. Enroulée dans une robe qui tombera à mes pieds. L'espace d'un soir. Pouvoir être l'une de ses femmes que je trouve fantastiquement belles. Peut être. Mon épaule. C'est mon épaule que je regarde tout le temps. Parce que c'est le signe. La première découverte que j'ai faite, sur mon corps de femme. Mon épaule. Celle que je trouvais trop carrée, trop dure. J'essaie. J'essaie tellement fort. Si tu savais. Des fois, je trouve. Comme mon épaule. Et la ligne des hanches. J'ai encore beaucoup à perdre.
Dans tous les sens du terme.
T'as vu, c'est nous là
Envie de pleurer.
Gâchis, Gâchis, Gâchis.
On aurait jamais du.
Un Doutant.
(et un gâchis)
Et je m'en fous. Je t'écris des voix, des chansons et des histoires. Je me rappelais de toi à travers les mots de je sais pu qui. Lus, entendus ou écrits. Je ne sais plus. Mais tu es partout. Dans une pensée, un regard, une silhouette, un rire, une voix. Tu es partout. Alors je m'en fous. Je me suis cassé les pieds en petits morceaux pour renfiler mes pointes. Je les ai retrouvées. D'un coup. Et çà m'a fait un énorme coup. Coup au coeur, coup au corps. Coup au corps. Mes petits pieds grandis ont retrouvé finesse et élégance dans des chaussons créés juste pour çà. Juste pour la beauté du pied. J'ai marché sur pointes. Un petit peu, en m'accrochant aux éléments. Armoire, lit, porte manteau, bureau. Chaise de bureau. Y'a des vérités qui flottent tout près de ma conscience. J'en ai que brièvement conscience. Brièvement. Et le reste du temps, je les sais là. Ce matin, je me suis levée, je me suis directement allongée sur le balcon. Nue. Nue parce que çà va être comme çà maintenant. Parce que je suis comme çà, finalement. Même si je me renseigne pas, même si je n'en parle pas, même si je reste loin dans mes idées. J'ai mes rêves, mes pensées et mes idées. J'aime pas me frotter au reste du monde. Je préfère avancer avec mes pieds montés sur pointes. Mon chemin, ma façon de voir. çà se construira au fur et à mesure. Et cette longue journée où je me suis transfigurée en mannequin s'est terminée de la même manière. Il faisait tellement bon, tellement doux. Sans soleil. Je suis rentrée, je suis descendue de mes échasses, ait tout retiré et me suis placée là. Sur les vraies dalles de fausse pierraille du sud. Faut pas raconter des éléments sur soi. C'est dangereux qu'ils disent. Je suis bien d'accord. Mais tu vois, allongée là, cassée par trop de contacts, de stress et de pression, allongée là et enfin paisible, j'ai pensé à l'été. J'ai réellement pensé à l'été. Combien de jours, quand, comment, avec qui. Et je me dis que partir seule, pour être seule, ne vaut pas le coup. Je vais donc essayer d'être seule sans l'être. Je vais essayer de vivre brièvement une vie comme je voudrais pouvoir vivre la mienne. Je l'emprunterai juste. Voir si çà me plait. Et ensuite, je la rendrai. En sachant. Et ensuite, je verrai pour faire un achat définitif. J'ai relu son article sur son Plus Tard. On a la même vision. On veut la même chose pour plus tard.
La même chose.
Mais on sera Loin.
L'un de l'autre, je veux dire.
Plus tard.
Tout de suite.